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Numéro
09 “J’aimerais laisser une trace, qu’on se souvienne de moi.” Rencontre avec Amandine Albisson, étoile de l’Opéra de Paris

“J’aimerais laisser une trace, qu’on se souvienne de moi.” Rencontre avec Amandine Albisson, étoile de l’Opéra de Paris

ART & DESIGN

Ils donnent corps aux visions des chorégraphes et incarnent aux yeux du public la grâce, la puissance et l’émotion de la danse. Artistes accomplis, les danseurs du ballet de l’Opéra de Paris fascinent, de génération en génération. Numéro a rencontré une de ces étoiles : Amandine Albisson.

Amandine Albisson Amandine Albisson
Amandine Albisson

Numéro : Si vous deviez évoquer en quelques phrases votre carrière à l’Opéra de Paris…

Amandine Albisson : Je dirais que j’ai eu beaucoup d’opportunités, de belles rencontres avec des chorégraphes fabuleux… A l'Opéra de Paris, nous avons cette chance de conjuguer les ballets classiques et les pièces contemporaines. Je me sens de plus en plus épanouie sur scène. Et en tant qu’artiste, je cherche à m’enrichir encore à travers les rôles que j’interprète.

 

De tous les rôles que vous avez interprétés, justement, lesquels ont vraiment contribué à vous construire en tant qu’artiste ?

Ce n’est pas très original, mais je dirais, Onéguine, dans lequel j’ai été nommée étoile il y a quatre ans. Et récemment, le Boléro. Le rôle d’Onéguine était très fort, émotionnellement, de par cette histoire qui se termine mal, comme toutes les histoires d’amour…  en ballet, pas dans la vraie vie, bien sûr (rires). Dernièrement, c’est le Boléro qui m'a vraiment marquée. Je m’y attendais car tout le monde dit que c’est 

une expérience unique. Nous étions peu d’élus à pouvoir monter sur la table où se produit le soliste, dans cette pièce. Et quand on s’y retrouve… wow. Tout le monde me demande ce que j’ai ressenti, et j’ai du mal à mettre des mots sur ces émotions. C’est très fort d’être seule sur une table, avec tous ces hommes autour. On se retrouve dans un état d’épuisement, mais on est poussé par cette musique qui n’en finit plus. On entre en transe. C’était un choc. Mais c’est bien !

 

En entrant à l'Opéra de Paris, vous êtes-vous sentie située dans une lignée prestigieuse de grands danseurs ? 

Depuis toute petite, j’admire certains danseurs… et c’est vrai que j’aimerais laisser une trace à l’Opéra et qu’on se souvienne de moi pour ce que j’étais. Mais je ne m’identifie à personne, car c'est justement parce que nous avons chacun notre propre personnalité, que nous avons été nommés étoiles. C’est ce qui fait la richesse du ballet de l’Opéra de Paris.

 

Rêviez-vous d'interpréter certains rôles mythiques, à vos débuts?

C’est intéressant, car notre façon de nous projeter dans des rôles change au fur et à mesure de notre carrière. Selon notre maturité, selon notre évolution. Quand j’étais plus jeune, je rêvais des rôles phares du Lac des cygnes et de La Bayadère… J'ai eu la chance de les danser ! Mais au fil du temps, j’ai un penchant pour les rôles à histoire, qui demandent un vrai talent d'interprétation. Je rêve de danser dans La Dame aux camélias. Je ne suis pas la seule, d'ailleurs (rires). Je l’ai vu la première fois quand j’étais à l’école de danse, en première division, et j’étais émerveillée, hyper émue, par l’histoire et par la musique. Il faut dire que je suis très sensible aux musiques de Chopin. Nous dansons La Dame aux camélias l’année prochaine, je ne sais pas encore si je serai programmée, mais c’est mon rêve ultime. Aurélie Dupont le sait, je le lui ai déjà dit (rires).

 

Prenez-vous plus de plaisir à danser les ballets classiques, ou les pièces contemporaines?

Le plaisir n’est pas du tout le même. Personnellement, j’ai plus d’appréhension quand je danse du classique : quand on est sur pointes et qu’on rate une pirouette, le public le voit. Alors que sur les pièces contemporaines, on peut souvent se rattraper, d'une façon ou d'une autre.