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Numéro
20 Gilbert & Georges à Arles : retour sur 50 ans d’impertinence british

Gilbert & Georges à Arles : retour sur 50 ans d’impertinence british

ART & DESIGN

À Arles, l’ancien atelier de mécanique générale de la SNCF accueille “The Great Exhibition” de Gilbert & George jusqu’au 6 janvier. Une rétrospective qui mise sur la démesure, notion chère au duo le plus turbulent de la Perfide Albion.

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Le monde de l’art n’a jamais été aussi violent et personne ne sait quoi faire. Tout ce que fait le milieu de l’art, c’est produire des tableaux pour les vendre à des riches qui ne savent même pas ce que ça veut dire” confiaient Gilbert & George lors de leur dernière interview à Numéro. La remarque est rude mais, finalement, à l’image du couple turbulent et provocateur. Des riches, il y en aura sans doute à Arles. D’abord parce que les “sculptures vivantes” de Gilbert & George pèsent lourd sur le marché de l’art – leur photographie Red Morning (Hate) est estimée à plus de 2,5 millions de dollars par Christie’s – ensuite, parce que la Fondation Luma propose The Great Exhibition, retrospective dantesque qui célèbre le duo jusqu’au 6 janvier prochain à travers plus de 80 œuvres. Ainsi, c’est dans l’ancien atelier de mécanique générale de la SNCF que ces emblèmes de la scène artistique britannique déversent leur bile acide sous le regard acéré des commissaires d’exposition Hans Ulrich Obrist et Daniel Birnbaum.

 

 

Si leur imagerie paraît si folle, c’est parce qu’ils idolâtrent Joseph Priestley, grand libre-penseur des Lumières auquel on attribue l’identification du gaz hilarant...

 

 

Chaque matin, M. Proesch (Gilbert) et M. Passmore (George) descendent dans leur atelier et contemplent ce qu’ils ont produit la veille sans comprendre comment ils ont pu parvenir à ce résultat. Presque automatique, leur écriture est semblable à des “messages venus de l’au-delà” qu’ils injectent dans leurs photomontages rigides divisés par une grille. Leurs fresques criardes et anarchiques produites d’après les négatifs s’inspirent des désordres du monde. On y trouve du rouge, du jaune, la chair, le noir et le blanc. Pas de vert ni de bleu car “la nature est sans interêt et le bleu c’est le merveilleux ciel et le paradis, ce qui est parfaitement inintéressant.” Gilbert & George produisent des vitraux de propagande aspergés de démence et façonnés à partir d’un vocabulaire qui leur est propre. Et si leur imagerie paraît si folle, c’est parce qu’ils idolâtrent Joseph Priestley, grand libre-penseur des Lumières auquel on attribue l’identification du gaz hilarant dont il faisait usage avec ses amis lors de fêtes incroyables. 

 

Dans leurs costumes impeccables, ni vraiment années 90 ni vraiment années 50, et armés de leur humour anglais, Gilbert & George dépeignent des paysages post-apocalyptiques blasphématoires : “Ces gens ont commis des horreurs, et ils continuent, au nom d’un dieu artificiel. Je suis sûr que malgré nos positions, nous sommes plus religieux que la plupart de ceux qui s’en prévalent.” Avec leurs “Scapegoating Pictures” (scapegoat” signifie bouc émissaire), des affiches exposées à l’origine dans leur studio, Gilbert & George détournent le monde, parodient la révolution culturelle et religieuse et s’attardent avant tout sur le “présent” : “Les hommes politiques tentent de prendre en charge le monde moderne, de s’occuper de la sécurité aérienne, des menaces contemporaines, de s’occuper des hôpitaux, de l’armée, des églises, des mosquées…” explique George, “Tous s’efforcent d’organiser une vie juste. En tant qu’artistes, nous pensons pouvoir apporter notre contribution.

 

 

Censurés par la presse britannique en 2006, il est bien difficile de saisir l’ensemble des délires de ce duo provocateur et turbulent pour lequel Dieu n’est qu’une superstition populaire.

 

 

Depuis une quarantaine d’années déjà, Gilbert & George portent haut l’étendard de “l’art for all et cherchent à faire surgir la part réactionnaire des individus les plus progressistes, et inversement. La rétrospective d’Arles ne fait pas exception. Leurs photomontages gigantesques ont succédé à leurs performances des années 70 qui consistaient principalement à ingurgiter une importante quantité de Gin, se recouvrir de peinture métallique ou se mouvoir tels des automates. Gilbert & George ne collaborent pas, ils sont une seule et même personne. Et cet individu a laissé s’échapper l’art, le sexe, la guerre, la violence et la religion de sa boîte de Pandore. Censurés par la presse britannique pour leur exposition Sonofagod Pictures : Was Jesus Heterosexual ? en 2006, salués à la Tate dans une rétrospective retentissante l’année suivante, il est bien difficile de saisir l’ensemble des délires de ce duo provocateur et turbulent pour lequel Dieu n’est qu’une superstition populaire.

 

The Great Exhibition, jusqu’au 6 janvier, Gilbert & George, ancien atelier de mécanique générale de la SNCF, Arles.