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Numéro
19 Rencontre avec Rod Paradot et Alban Lenoir, tandem explosif de “Balle Perdue”

Rencontre avec Rod Paradot et Alban Lenoir, tandem explosif de “Balle Perdue”

Cinéma

Le 19 juin, les deux acteurs français seront à l'affiche de “Balle Perdue”, un film d'action sur l'univers du go fast signé Guillaume Pierret et produit par Netflix.

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Rod Paradot : Blouson et pull, Louis Vuitton. Alban Lenoir : Veste et pantalon, Louis Vuitton. Rod Paradot : Blouson et pull, Louis Vuitton. Alban Lenoir : Veste et pantalon, Louis Vuitton.
Rod Paradot : Blouson et pull, Louis Vuitton. Alban Lenoir : Veste et pantalon, Louis Vuitton.

Se souvenir d’un bon film d’action français, c’est comme citer une femme récompensée d’une Palme d’or : on sait qu’il en existe, mais on peine pourtant à les nommer. Avec Balle Perdue, Guillaume Pierret réussit un pari osé : il développe une intrigue efficace – basée sur l’univers des go fast et d’une brigade de police en crise –, il tient le spectateur en haleine du début à la fin, tout en proposant une expérience visuelle trépidante – faite de cascades plus vraies que nature, de courses poursuites et de scènes de tirs boostées à la testostérone – et en réunissant un casting d’acteurs français surdoués. Parmi eux, on retrouve Alban Lenoir et Rod Paradot, les deux têtes d’affiche du film, formant un duo fraternel à la fois touchant et ultra musclé. Numéro a rencontré les deux comédiens français aux carrières que tout oppose, mais qui semblent pourtant partager la même vision du 7e art.

 

Numéro : Vous vous êtes rencontrés en 2016, alors que vous faisiez tous les deux partie des Révélations des César – une pré-sélection avant les nominations au César du meilleur espoir, que Rod a remporté cette année-là.

Alban Lenoir : Exactement. Ensuite, on a enchaîné avec un petit court-métrage qui s’appelle Artborg, réalisé par Antoine Delelis. On ne s’est jamais vraiment quittés depuis. Quand on a écrit Balle Perdue avec Guillaume Pierret, Rod est apparu comme une évidence pour interpréter le rôle de Quentin.

 

Rod Paradot : J’ai surtout eu de la chance de vous avoir !

 

Dans Balle Perdue, vos personnages ont une relation très fraternelle. C’est aussi le cas pour vous dans la vie?

A.L : T’es beaucoup moins con dans la vie ! [Rires]

 

R.P : Mon personnage, Quentin, est très naïf. Il se met dans la merde par instinct. Quant à notre relation dans la vie, il y a beaucoup de fraternité, oui, mais c’est différent. Vous savez, on n’est jamais vraiment le personnage qu’on incarne à l’écran. 

 

A.L : Il peut quand même y avoir des ressemblances avec les personnages qu’on incarne. Pour certains rôles, ça arrive de se dire “bon, je ne vais pas bosser”. Mais il n’y a rien de plus dur que d’être soi même à l’écran. Pour revenir à votre question, Rod et moi sommes très amis et on est toujours contents de se voir.

 

Alban, vous êtes mentionné dans le générique de Balle Perdue comme collaborateur aux dialogues et à la “collaboration artistique”. Qu’est ce que cela signifie ?

A.L : Aux États-Unis, dans les génériques de film, on voit souvent la mention “executive producer” associée au nom d’un comédien. Cela signifie que le mec était là dès l’écriture du scénario, qu’il a pu suggérer de travailler avec certains comédiens et que sur le tournage, les réalisateurs et les producteurs sont à son écoute. Le problème en France, c’est ce que ce terme “producteur exécutif” n’a pas du tout le même sens : la personne en question doit donner de l’argent ou être payé. Donc nous avons décidé de me créditer en tant que “collaborateur artistique” parce que j’étais là depuis le début et que j’ai passé presque 3 ans à l’écriture du scénario. Evidemment, c’est le réalisateur qui a le dernier mot, c’est son film.

 

Rod, en quoi est-ce différent de tourner dans le premier film d’un réalisateur – en l’occurence Guillaume Pierret – que d’être dirigé par Emmanuelle Bercot pour La Tête haute, une cinéaste qui avait déjà plus de dix films à son actif ? 

R.P : C’est très différent. La Tête haute était mon premier film, je ne connaissais rien au jeu et j’ai appris sur le tas avec Emmanuelle Bercot. Il y avait aussi Catherine Deneuve, j’étais intimidé au début mais je l’ai tout de suite tutoyé et je la voyais comme quelqu’un de ma famille. Elle était tellement gentille, bienveillante et douce que je n’avais pas l’impression d’être en face d’elle. Finalement, on s’est un peu impressionnés mutuellement. Pour Balle Perdue, j’étais un peu plus à l’aise mais pas tellement non plus parce que je suis arrivé deux semaines après le début du tournage. Mais c’était super et on était une bonne équipe : j’étais quand même en face d’Alban Lenoir, Ramzy Bedia, Nicolas Duvauchelle… J’étais super bien entouré.

Direction artistique : Rocca Dell. Photographie : Rayan Nohra. Graphisme 3D : Julie Molinié. Stylisme : Rebecca Bleynie.

Sur certains aspects, Balle Perdue fait un peu penser à Taxi : le film a été tourné dans le sud, il y a beaucoup de rap dans la bande originale (signée par IAM dans Taxi)… C’était une volonté ?

A.L : Certes, mais la grosse différence c’est qu’il y a très très peu d’humour dans Balle Perdue. On l’a enlevé petit à petit pendant l’écriture. Ça n’avait pas sa place.

 

Alban a tourné dans quelques comédies au début de sa carrière, et notamment dans Kaamelott. C’est un genre vers lequel vous aimeriez vous tourner, Rod ?

R.P : Oui. J’ai passé des essais pour un film dernièrement. J’aimerais bien faire des films plus légers comme Intouchables par exemple, dont je suis fan de l’humour. C’est très fin.

 

A.L : On dit tous “oui” pour un film d’Éric Toledano et Olivier Nakache. 

 

Pourquoi ? 

R.P : Personnellement, tous les sujets évoqués dans le film me touchent. Le rire et le drame sont super bien calibrés. Même dans Hors Normes, ils s’attaquent à l’autisme, un sujet très délicat et difficile à aborder au cinéma… Je trouve ça génial. Ma cousine travaille dans ce milieu et m’en a beaucoup parlé et en voyant le film, j’ai pris une claque. Il y aussi le fait qu’ils ont tourné avec des “vrais autistes” et pas des comédiens, ils les ont emmenés aux César… C’est très audacieux et je serais ravi de travailler avec eux. 

“Balle Perdue” – Netflix

Quand on regarde vos parcours à tous les deux, il y a une grosse différence : Alban, vous avez commencé par des petits rôles voire des figurations et vous, Rod, avez été directement propulsé en tête d’affiche d’un film sélectionné à Cannes, alors que vous n’aviez que 19 ans. Pensez-vous qu’une de ces trajectoires soit meilleure que l’autre pour faire du chemin au cinéma ?

A.L : Rod n’a pas le recul nécessaire vis à vis de La Tête haute pour en parler. Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il ne change pas. J’en ai vu beaucoup se perdre dans les limbes du star system et de la bêtise : on est dans un monde où tout devient tellement éphémère avec les réseaux sociaux et où tout est sujet à débat. Moi, je refuse tous les plateaux télé parce mon métier c’est d’être acteur, pas d’être populaire. Oui, à 18 ans, on rêve d’être connu. Plus tard, on veut faire des bons films. Évidemment, c’est plus compliqué de se faire connaitre seulement par son travail et non pas parce qu’on est populaire ou parce qu’on a 1 million de followers sur Instagram. Moi, à mes débuts dans le cinéma, j’en ai bavé : j’ai commencé à 17 ans et j’ai fait 300 figurations. J’avais un rôle par ci, un rôle par là, j’ai joué dans deux ou trois épisodes de Kaamelott puis j’ai décroché mon premier vrai rôle à 33 ans.

 

R.P : C’est là qu’est la grosse différence. Toi Alban, tu as voulu être comédien. Moi non. Alors oui, même s’il est un peu tôt pour répondre à cette question, je sais qu’il y a une différence entre se démener pour devenir comédien et le devenir sans l’avoir choisi. C’est un peu “batard” pour des gars qui ont bossé pendant des années pour avoir un rôle fort. Moi, je suis arrivé, j’ai décroché un César et il faut que je rebondisse derrière.

 

Rod, après La tête haute, vous avez reçu beaucoup de lettres d’amour ? 

R.P : Pas tellement, non.

 

A.L : J’ai halluciné ! Tout à l’heure on était dans la voiture et on regardait nos comptes Instagram. On est allés voir les statistiques et on a vu que j’étais suivi par 43% de femmes et Rod par 64%. C’est tout con mais on se rend compte qu’en tant qu’acteur, les femmes nous suivent beaucoup sur les réseaux sociaux.

 

R.P : De toute façon, j’ai une chérie.

 

En parlant de femmes, il y en a peu dans Balle Perdue. C’est dommage…

A.L : On tenait à écrire un rôle féminin fort, notamment celui de Stéfi Celma. Avec Guillaume Pierret, on en parlait beaucoup à l’écriture du scénario et on se disait parfois qu’il faudrait changer certains rôles d’homme en femme. Ça a été un casse-tête mais on est dans l’optique de voir de plus en plus de rôles de femmes dans les films d’action.

 

Qu’est ce qui a été le plus amusant pour vous : jouer ou faire des drifts ?

R.P et A.L : Les deux ! [rires]

 

A.L : C’est pas comparable mais c’était fou de tourner ce film. Ça a été une guerre de me mettre au volant, j’ai fait quasiment toutes les cascades sauf deux – soient celles qu’on ne m’a pas laissé réaliser moi-même. Je m’enfermais dans la voiture et je voulais tout faire : il n’était pas question d’utiliser des doublures et des effets numériques sinon le spectateur n’est pas assez immergé dans l’histoire. Je crois qu’on a réussi.

 

 

Balle Perdue (2020) de Guillaume Pierret, disponible sur Netflix.