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Numéro
31 Paul McCartney en 5 pochettes d'albums mythiques

Paul McCartney en 5 pochettes d'albums mythiques

MUSIQUE

À l’occasion de la réédition de “Flaming Pie”, le dixième album studio de Paul McCartney sorti en 1997, Numéro se replonge dans la carrière de cette icône de la musique. De la Beatlemania aux photos de famille, en passant par les rumeurs de mort et l’amour vache de John Lennon, retour sur cinq pochettes d'albums mythiques du chanteur britannique.

<p>La première pochette de "Yesterday and Today" par Robert Whitaker, surnommée la "butcher cover".</p>

La première pochette de "Yesterday and Today" par Robert Whitaker, surnommée la "butcher cover".

<p>La deuxième version, beaucoup plus sage.</p>

La deuxième version, beaucoup plus sage.

1. The Beatles, Yesterday and Today (1966) : la plus gore

 

“Mon idée originale était meilleure – décapiter Paul”, dira John Lennon à propos de cette pochette. Appelée la "butcher cover" et destinée au marché américain, la pochette de Yesterday and Today est interdite à sa sortie et les Beatles doivent refaire un séance beaucoup plus sage pour réparer les dégâts. Sur une idée du photographe Robert Whitaker, le cliché original tire ses inspirations du surréalisme, entre les films de Luis Buñuel et les poupées de Hans Bellmer. Les Beatles sont vêtus de vestes de bouchers et recouverts de morceaux de viandes, tandis que Paul McCartney tient sur son épaule une poupée décapitée. De quoi effrayer une Amérique encore puritaine qui avait craqué sur quatre garçons charmants, bien loin de cette nouvelle image de serial killers.  Le cliché qui sera finalement accepté est pris par le même photographe au bureau du manager des Beatles, Brian Epstein, et sera décrit par John Lennon comme "une horrible photo de nous ayant l’air tout aussi horribles et crevés, mais devant avoir l’air d’un quatuor insouciant." Mais si la première direction artistique paraissait à l’époque trop en avance sur son temps, la pochette originale, extrêmement rare, frise aujourd’hui les 40 000 $.

La pochette de "Abbey Road" par Iain McMillan. La pochette de "Abbey Road" par Iain McMillan.
La pochette de "Abbey Road" par Iain McMillan.

2. The Beatles, Abbey Road (1969) : la plus iconique

 

Photographiée en dix minutes par Iain McMillan dans la rue londonienne qui donna son nom à l’album, la pochette d’Abbey Road est certainement la plus célèbre et la plus imitée des Beatles. Mais c’est aussi celle qui, à sa sortie, provoque une rumeur selon laquelle Paul McCartney serait mort en 1966 – soit trois ans auparavant – et remplacé par un sosie. Plusieurs indices appuyent cette théorie saugrenue qui convaincra bon nombre d'individus pendant plusieurs années : sur la pochette, le célèbre gaucher qui joue de la guitare à l’envers tient sa cigarette de la main droite. De plus, il traverse le passage piéton pieds nus, contrairement aux autres Beatles. Mais ce serait la plaque d’immatriculation de la Volkswagen blanche, visible à gauche, qui serait la preuve irréfutable de sa mort : LMW 28 IF voudrait dire “Living McCartney Would be 28 If” – “McCartney vivant aurait eu 28 ans si {il n’était pas mort}” –, bien que Paul McCartney ait 27 ans à la sortie d’Abbey Road. La rumeur amuse le chanteur et son seul commentaire sera : “Qu'est-ce que j'apprends ? Je suis mort ? Pourquoi suis-je toujours le dernier à être mis au courant de tout ?”

<p>La pochette de "Ram" par Paul et Linda McCartney.</p>

La pochette de "Ram" par Paul et Linda McCartney.

Paul McCartney en 5 pochettes d'albums mythiques

3. Paul & Linda McCartney, Ram (1971) : la plus romantique

 

Deuxième album solo de Paul McCartney après la séparation douloureuse des Beatles, Ram fait couler beaucoup d’encre à sa sortie. Certaines chansons, notamment Too Many People et 3 Legs, seraient remplies d’attaques envers John Lennon. De plus, un cliché de deux scarabées s’accouplant sur la pochette intérieure  – le nom Beatles est homonyme de "beetle", scarabée en anglais – ne réjouit ni les anciens membres du groupe, ni leurs fans. Mais si Paul McCartney avoue avoir glissé quelques références à son ex-partenaire d’écriture en composant Ram, ses chansons parlent surtout de sa femme Linda, qui co-signe l’album en plus d’être l’auteure de tous les clichés. Une inscription glissée entre les zigzags peints par Paul McCartney lui-même sur la pochette, “L.I.L.Y.”, serait le sigle de “Linda I Love You”. 

La pochette de "Band on the Run" par Clive Arrowsmith. La pochette de "Band on the Run" par Clive Arrowsmith.
La pochette de "Band on the Run" par Clive Arrowsmith.

4. Wings, Band on the Run (1973) : la plus déjantée

 

C’est Linda McCartney qui, après avoir repéré ses clichés dans Vogue, propose au photographe Clive Arrowsmith de réaliser la pochette du troisième album des Wings, Band on the Run. Si ce dernier connait personnellement Paul McCartney depuis ses débuts avec les Beatles à Liverpool, il est dépassé par l’ampleur du projet, qui consiste à photographier les membres des Wings en compagnie de plusieurs autres célébrités. Le présentateur de talk show Michael Parkinson, le chanteur Kenny Lynch, les acteurs James Coburn et Christopher Lee, le boxeur John Conteh, et même un membre du Parlement, Clement Freud, jouent le rôle de condamnés pris sur le fait alors qu’ils sont en train de fuir. Mais la séance photo a lieu en pleine nuit après une petite fête dans l’Est de Londres, et Clive Arrowsmith se trompe de pellicule, tandis que les invités alcoolisés ne tiennent pas en place. Finalement, seuls trois clichés sortent nets, mais jaunâtres. Heureusement, le photographe réussira à faire croire à Paul McCartney que cette couleur était intentionnelle et la photo sera utilisée pour cette pochette devenue depuis iconique.

La pochette de "Flaming Pie" par Linda McCartney. La pochette de "Flaming Pie" par Linda McCartney.
La pochette de "Flaming Pie" par Linda McCartney.

5. Paul McCartney, Flaming Pie (1997) : la plus nostalgique

 

"C’est venu dans une vision – un homme apparut sur une tarte flamboyante {Flaming Pie} et leur dit, “à partir de ce jour vous serez les Beatles avec un A”.” John Lennon avait l’habitude de raconter cette histoire aux journalistes lorsqu’on lui demandait d’où venait l’orthographe du nom "Beatles". C’est de cette anecdote que vient le nom de Flaming Pie, l’album solo de Paul McCartney sorti en 1997 après une pause de quatre ans. Deux des titres avaient déjà été enregistrés au début des années 90, mais un projet dantesque initié par les anciens Beatles et leur producteur George Martin, The Beatles Anthology — trois double-albums, une série télévisée et un livre —, met l’album en pause. En 1996, Paul McCartney sent que le moment est venu d’enregistrer, nourri par sa réunion avec George Harrison et Ringo Starr, respectivement ex-guitariste et ex-batteur du groupe mythique. Il invite ce dernier à jouer quelques pistes de batterie, et le morceau Really Love You sera même co-signé, de son vrai nom Richard Starkey. 

 

"Je pense que j’ai laissé un intervalle suffisant après l’Anthologie, commente Paul McCartney à la sortie de l’album. Tout à coup, mes trucs étaient prêts, et j’ai demandé à Linda {McCartney} si elle avait des photos. Elle avait une superbe petite sélection, a tout assemblé et soudainement ça avait l’air de marcher et c’était “Oh ok, voilà, c’est bon…”.” Trouvé dans les photos de famille, ce portrait flou et déteint du chanteur lui donne des airs d’apparition mystique ; Paul McCartney serait-il donc l’homme qui était apparu à John Lennon sur la tarte flamboyante ? Mais le cliché pris par Linda McCartney renferme en réalité une histoire bien plus triste que cette anecdote : la photographe signera ici la dernière pochette pour son mari, avant de s’éteindre des suites d’un cancer du sein en 1998. 

La réédition collector de Flaming Pie.