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Numéro
19 Karl Lagerfeld vu par Sebastien Jondeau son ancien garde du corps

Karl Lagerfeld vu par Sebastien Jondeau son ancien garde du corps

MODE

À travers son autobiographie écrite avec l’autrice Virginie Mouzat, Sébastien Jondeau, l’homme de confiance, l’assistant et le garde du corps de Karl Lagerfeld, dévoile vingt ans de complicité avec l’immense couturier, directeur artistique des maisons Chanel et Fendi. Un témoignage émouvant et sincère qui révèle une facette plus intime de ce grand homme hors du commun raconté par celui qui est, aujourd’hui, l’ambassadeur du label Karl Lagerfeld.

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Tous les jours, pendant plus de vingt ans, il a accompagné Karl Lagerfeld dans ses moindres déplacements. De l’appartement du quai Voltaire aux studios de création des maisons Chanel, à Paris, ou Fendi, à Rome, mais aussi dans la maison de Biarritz où le célèbre couturier aimait à séjourner, comme dans la villa qu’il occupait à l’hôtel La Réserve à Ramatuelle. Bien plus qu’un garde du corps ou qu’un assistant personnel, Sébastien Jondeau a été un ami, un confident, une égérie du grand Karl Lagerfeld, et c’est le récit touchant de cette relation hors du commun qu’il raconte dans son livre Ça va, cher Karl ? – titre qui reprend le texto qu’il envoyait tous les matins à Karl Lagerfeld. “Dans ma vie, j’ai passé autant de temps avec Karl qu’avec tous les membres de ma famille. Les liens qui se sont tissés entre nous allaient bien au-delà du travail. Il était plus qu’un père”, confie Sébastien Jondeau. En témoignent les Noël successifs – moments familiaux par excellence – qu’ils passaient en tête à tête chaque année autour d’un dîner concocté par un le chef étoilé du créateur.

 

Le jour de la disparition du couturier, le 19 février 2019, Sébastien Jondeau est à son chevet, et c’est sur cet événement tragique que débute son récit autobiographique écrit avec l’autrice et journaliste Virginie Mouzat. “Lorsqu’il nous a quittés, comme beaucoup de choses étaient publiées sur lui, je me suis dit pourquoi ne pas raconter aussi mon histoire et montrer ce que j’ai vécu ? Je suis une des seules personnes à avoir été aussi proche aussi longtemps de lui”, explique-t-il. Tandis qu’il couche sur le papier ses Mémoires, fragments désordonnés d’un destin exceptionnel, on devine le quotidien effréné, la créativité et l’énergie sans limites de Karl Lagerfeld, qui dessinait plus de quinze collections par an pour les maisons Chanel et Fendi ainsi que pour son label, et enchaînait collaborations et projets culturels et artistiques. Transparaissent également, derrière le personnage qu’il s’est créé, son immense générosité, son humanisme profond et un humour devenu légendaire. “Notre rencontre, c’était deux mondes différents qui allaient fusionner et apprendre l’un de l’autre”, poursuit-il. 

© Olivier Saillant © Olivier Saillant
© Olivier Saillant

Rien ne prédestinait ce gosse de la banlieue nord de Paris, à la personnalité brute de décoffrage, à croiser la route de l’iconique couturier. Mais un jour de 1990, tandis que, pour le compte de l’entreprise de manutention de son père, il doit livrer des oeuvres d’art chez le créateur, ce dernier repère le jeune homme. Il faudra cependant attendre 1999 pour que se forme ce duo improbable à la complicité extraordinaire, digne d’un scénario de film. “Il a fallu du temps et un long apprentissage pour m’adapter à ce nouveau monde, mais aussi pour que les gens qui évoluaient autour de Karl s’adaptent à moi”, raconte-t-il avec humilité. Propulsé rapidement dans un univers sophistiqué dont il ne maîtrise pas les codes, Sébastien Jondeau apprend finalement à s’intégrer sans rien perdre de sa sincérité. 

 

Aujourd’hui, le quotidien de Sébastien Jondeau est beaucoup plus calme qu’à l’époque où il accompagnait jour et nuit le couturier mythique. “Quand il a disparu, un manque intense s’est installé, dont je me remets petit à petit”, confie-t-il. Il officie désormais comme ambassadeur pour le label Karl Lagerfeld, mais aussi comme consultant pour les collections sport de la maison italienne Fendi, aux côtés de Silvia Venturini Fendi, des occupations qui lui permettent, entre autres, de voyager. “J’ai passé tellement de temps et entretenu une telle proximité avec toutes ces personnes, qu’au fil des années un lien quasi familial s’est développé entre nous”, conclut-il. S’il n’a rien perdu de son authenticité et de son franc-parler, l’ancien complice de Karl Lagerfeld prend en main son destin et fait perdurer la mémoire de ce grand homme hors du commun. 

 

Ça va, cher Karl ? de Sébastien Jondeau, en collaboration avec Virginie Mouzat. Éd. Flammarion, www.editions.flammarion.com