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Numéro
27 6 paires de chaussures incroyables exposées au MAD

6 paires de chaussures incroyables exposées au MAD

Accessoires

Retracer l'évolution de la chaussure dans le monde, du Moyen-Âge à nos jours  : tel est le pari ambitieux du MAD pour sa nouvelle exposition, “Marche et démarche. Une histoire de la chaussure”, présentée jusqu'au 23 février 2020. À travers près de 500 pièces, incluant de nombreux modèles mais aussi des illustrations et photographies, celle-ci interroge les mutations du corps humain et de la démarche dont témoignent les changements de forme des souliers. Focus sur 6 paires de chaussures récentes et surprenantes, qui tendent vers l'incroyable, le fantastique voire l'extrême.

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1. Les “Ballerina Ultima” de Christian Louboutin et David Lynch, 2007

 

Il est rare qu’un créateur de chaussures soit aussi vite identifiable que Christian Louboutin. C'est pourtant la performance réussie par le chausseur français, dont les fameux escarpins noirs caractérisés par leur semelle rouge sont passés à la postérité. L’anecdote qui lui a inspiré cette idée remonte à 1992, un an après l’ouverture de sa maison : à l’époque, Louboutin travaille sur un modèle de chaussures inspiré par les “Flowers” d’Andy Warhol. Cherchant à y ajouter la touche finale, il emprunte le vernis à ongles rouge posé sur le bureau de son assistante et peint la semelle avec : la signature Louboutin est née et sera déclinée sur tous les modèles. Bien plus tard, cette marque de fabrique habille une paire de chaussures impraticables, imaginés par le créateur à la demande du cinéaste américain David Lynch pour un shooting autour du fétichisme : les mannequins apparaissent alors chaussées de souliers aux talons de 26 cm ou encore des chaussures siamoises assemblées par le talon. Reprenant la forme de la ballerine de danseuse, la “Ballerina Ultima” se voit quant à elle dotée d’un talon aiguille qui la fige dans la posture de la pointe. Le fonctionnel se dissout alors derrière le sombre érotisme de l’esthétique.

<p>Zaha Hadid et Rem Koolhaas pour United Nude, “NOVA Shoe” (2013), Los Angeles. Courtesy of United Nude</p>

Zaha Hadid et Rem Koolhaas pour United Nude, “NOVA Shoe” (2013), Los Angeles. Courtesy of United Nude

<p>Zaha Hadid et Rem Koolhaas pour United Nude, “NOVA Shoe” (2013), Los Angeles. Courtesy of United Nude</p>

Zaha Hadid et Rem Koolhaas pour United Nude, “NOVA Shoe” (2013), Los Angeles. Courtesy of United Nude

2. Les “NOVA shoes” de Zaha Hadid et Rem D. Koolhaas pour United Nude, 2013

 

Si la création de chaussures est souvent l’apanage de la mode, l’architecture s’y frotte également. Preuve en est lorsque Zaha Hadid, connue pour avoir imaginé de nombreux musées, tours et opéras dans le monde entier, s’associe en 2013 au label de chaussures United Nude fondé par l’architecte Rem D. Koolhaas pour créer les “NOVA Shoes”. Sculpturales, ces plates-formes aux lignes fluides ne sont pas sans rappeler les constructions de l’architecte irakienne : obtenues par la technique du moulage par injection plastique et du moulage sous vide, les NOVA Shoes sont faites en vinyle à revêtement chromé qui leur donne un aspect brillant (argenté, noir ou dorées), en caoutchouc doublé de cuir italien et leur plateforme est en fibre de verre. Suite à leur conception, Zaha Hadid réalisera d’ailleurs un modèle d’escarpin et une minaudière pour la créatrice de mode Charlotte Olympia – deux pas de côté réussis dans la brillante carrière de l’architecte, tristement interrompue par sa disparition en 2016.

Vivienne Westwood, Paire de chaussures pour femme modèle “ghillies”, collection automne-hiver 1995, Londres. Vivienne Westwood, Paire de chaussures pour femme modèle “ghillies”, collection automne-hiver 1995, Londres.
Vivienne Westwood, Paire de chaussures pour femme modèle “ghillies”, collection automne-hiver 1995, Londres.

3. Les plateformes “Ghillies” de Vivienne Westwood, collection automne-hiver 1993-1994

 

Nous sommes en 1993 à Paris. Vivienne Westwood, reine mère de la mode punk et baroque à l’anglaise, présente un défilé qui mêle le classicisme bourgeois à l’extravagance : manteaux et capes XXL, grands chapeaux pourvus de plumes ou encore fourrures imposantes composent cette opulente collection automne-hiver 1993-1994. Vêtue d’une simple robe courte en tartan et d’un long boa rose, le mannequin Naomi Campbell arpente le podium, et patatras : au bout de quelques pas, la supermodel britannique trébuche, se retrouve au sol puis se relève, tout sourire. Si les “ghillies”, chaussures lacées aux talons vertigineux – 30 cm de haut –, sont à l’origine de cette chute mémorable, elles sont aussi le signal d’un retour de la plate-forme, alors très en vogue dans les années 70 à l’époque où la créatrice anglaise fonde son propre label. Deux décennies plus tard, les “Ghillies” sont devenue iconiques, et pour preuve : Vivienne Westwood les réédite en cuir de veau à imprimé crocodile bleuté. Désormais, elles se nomment les “Naomi”.

Iris van Herpen et Jólan van der Wiel, Chaussure “Magnetic Motion”, collection prêt-à-porter printemps-été 2015, Amsterdam, Iris Van Herpen © MAD Paris. Photo : Hugues Dubois Iris van Herpen et Jólan van der Wiel, Chaussure “Magnetic Motion”, collection prêt-à-porter printemps-été 2015, Amsterdam, Iris Van Herpen © MAD Paris. Photo : Hugues Dubois
Iris van Herpen et Jólan van der Wiel, Chaussure “Magnetic Motion”, collection prêt-à-porter printemps-été 2015, Amsterdam, Iris Van Herpen © MAD Paris. Photo : Hugues Dubois

4. Les “Magnetic Motion” d’Iris Van Herpen et Jólan van der Wiel, collection printemps-été 2015

 

Depuis la création de son propre label en 2007, Iris van Herpen a toujours su toujours s’entourer des meilleurs talents pour acheminer sa vision. Avant de se consacrer exclusivement à la haute couture, la créatrice néerlandaise fait appel au jeune designer Jólan van der Wiel pour réaliser certaines des pièces de sa collection de prêt-à-porter printemps-été 2015. Si ce dernier l’aidera à concevoir plusieurs robes, il sera également à l’origine des fascinantes chaussures de cette collection, intitulée “Magnetic Motion”. Car c’est bien le magnétisme qui offrira à ces modèles leurs formes surprenantes : sur une base d’escarpins à talons en cuir, Jólan van der Wiel ajoute une pâte mêlant du plastique liquide à de la limaille de fer. Ce mélange est ensuite soumis à la puissance d’aimants qui les forment et les modèlent de façon aléatoire, érigeant des volumes pointus ensuite durcis lors du séchage. Ainsi la chaussure devient sculpture – une pièce unique créée par la magie de la physique.

<p>Studio Swine, “Meteorite Shoes” (2014), Angleterre/Japon. Petr Krejci Photography</p>

Studio Swine, “Meteorite Shoes” (2014), Angleterre/Japon. Petr Krejci Photography

<p>Studio Swine, “Meteorite Shoes” (2014), Angleterre/Japon. Petr Krejci Photography</p>

Studio Swine, “Meteorite Shoes” (2014), Angleterre/Japon. Petr Krejci Photography

5. Les “Meteorite Shoes” de Studio Swine, 2014

 

Comment retranscrire à taille humaine l’aspect si particulier des planètes ? Avec ses “Meteorite Shoes”, le Studio Swine – connu pour ses installations et sculptures expérimentales à la frontière de la sculpture, de l’audiovisuel et du design – tente en 2014 de répondre à ce défi. Inspiré par la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, atteinte et photographiée par une sonde lors de cette même année, le duo formé par Azusa Murakami et Alexander Groves a cherché à rappeler sa texture sur une chaussure. Pour ce faire, les deux Londoniens ont recréé à l’aide d’un scanner 3D les cratères formés par les météorites entrées en collision avec la Terre, qu’ils ont ensuite reproduits dans une mousse d’aluminium montée sur des escarpins doublés en cuir italien. Composée à 90% d’air, cette matière argentée procure aux chaussures une grande légèreté tandis que leur apparence transporte dans les méandres intergalactiques.

Iris Schieferstein, “Horseshoes” (2006). Berlin, Iris Schieferstein © MAD Paris. Photo : Hugues Dubois Iris Schieferstein, “Horseshoes” (2006). Berlin, Iris Schieferstein © MAD Paris. Photo : Hugues Dubois
Iris Schieferstein, “Horseshoes” (2006). Berlin, Iris Schieferstein © MAD Paris. Photo : Hugues Dubois

6. Les “Horseshoes” d’Iris Schieferstein, 2006

 

Chausser des pattes de cheval, de vache ou de chèvre : telle est l’idée saugrenue d’Iris Schieferstein. À l’aide de peaux extraites d’animaux morts, récupérés sur la route ou dans les abattoirs, cette artiste allemande compose des sculptures et installations hybrides, mêlant des poils, des plumes ou encore des os. Mais l’un de ses supports préférés reste tout de même celui de la chaussure, sur laquelle elle réalise un véritable travail de taxidermiste. Ainsi, sur une base de semelle en bois pourvue de talons en forme de revolver ou de branches, la plasticienne ajoute à la fois le pelage et la corne des sabots pour un résultat plus vrai que nature. Loufoques et surréalistes, voire légèrement morbides, ces créations transforment ainsi en faunes étranges quiconque viendra les porter.

 

Marche et démarche : une histoire de la chaussure, jusqu’au 23 février 2020 au MAD, Paris 1er.