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03 Turner Prize 2021  : un collectif d’artistes irlandais remporte le prestigieux prix britannique

Turner Prize 2021 : un collectif d’artistes irlandais remporte le prestigieux prix britannique

Art

Après avoir remis un prix commun aux quatre finalistes en 2019 et dispensé des bourses de soutien à dix artistes en 2020, le plus prestigieux prix artistique britannique récompense, pour la première fois, un collectif. Array Collective, composé de onze artistes irlandais, propose des performances et manifestations engagées en faveur des problèmes sociaux affectant l’Irlande du Nord. 

Array Collective Pride 2019. Photo by Laura O_Connor. Array Collective Pride 2019. Photo by Laura O_Connor.
Array Collective Pride 2019. Photo by Laura O_Connor.

La nouvelle est tombée ce mercredi 1 décembre : le 37e Turner Prize a été attribué au Array Collective, fondé en 2016 par onze artistes originaires de Belfast. Se réclamant d’une histoire radicale queer, ses membres prônent une relecture des rituels et du folklore  à travers leurs performances. Qu’il s’agisse des problématiques nord-irlandaises accentuées par le Brexit, du droit à l’avortement et des problématiques LGBTQ+, ils considèrent l’art comme un type d’activisme. Pour la traditionnelle exposition des cinq finalistes de l'édition 2021 du célèbre prix britannique, inaugurée fin septembre à la cathédrale de Coverty, le collectif a reconstitué un bar clandestin rempli de banderoles et de pancartes issues de manifestations. Ils utiliseront la dotation de 25 000 livres pour créer un safe space permanent à Belfast. Premier lauréat issu de cette province britannique, Array Collective est ainsi récompensé “pour ses œuvres optimistes et dynamiques qui répondent à des problèmes sociaux et politiques urgents affectant l'Irlande du Nord, avec humour, sérieux et beauté” affirme la Tate Britain. Les quatre autres collectifs finalistes – également engagés en faveur de différentes luttes telles que l’antiracisme – se répartiront une enveloppe de 10 000 livres.

Array Collective The North is Now (one week after decriminalisation) 2020. Photo by Simon Mills. Array Collective The North is Now (one week after decriminalisation) 2020. Photo by Simon Mills.
Array Collective The North is Now (one week after decriminalisation) 2020. Photo by Simon Mills.

Depuis deux ans, le Turner Prize – créé en 1984 – enchaîne les coups de théâtre. En 2019, suite à une demande formulée par les quatre artistes finalistes, le jury leur avait remis le prix à tous en tant que collectif, soit la somme totale de 40 000 livres. En 2020, en pleine pandémie, le prestigieux prix – connu jusqu'alors pour récompenser un artiste contemporain né/ vivant au Royaume-Uni – a dispensé respectivement des bourses de 10 000 livres aux dix lauréats sélectionnés par le jury. Peu à peu, le Turner Prize semble ainsi s'éloigner d'une mise en concurrence des artistes en privilégiant désormais une politique de soutien aux artistes.

 

Pour cette 37e édition du prix, le jury avait sélectionnés cinq collectifs d’artistes engagés socialement, contrairement aux quatre finalistes individuels sélectionnés les années précédentes. Cette décision inédite est explicitée par le président du prix Alex Farquharson, également directeur de la Tate Britain : “Après une année de confinements où très peu d’artistes ont pu exposer publiquement, le jury a sélectionné cinq collectifs exceptionnels dont le travail s’est non seulement poursuivi pendant la pandémie, mais est devenu d’autant plus pertinent en conséquence.” La dimension solidaire et engagée des projets sélectionnés a ainsi été déterminante dans le choix du jury, composé, entre autres, de l’acteur britannique Russell Tovey et de Zoé Whitley, directrice de la Chisenhale Gallery à Londres.

 

 

L'exposition des cinq finalistes du Turner Prize 2021 est visible jusqu'au 12 janvier 2022 à la Herbert Art Gallery, Coventry, Royaume-Uni.