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Numéro
12

Daniel Buren en 5 installations époustouflantes, de Paris à Mexico

Art

Alors que Daniel Buren inaugure cette semaine au Bon Marché Rive Gauche une installation impressionnante, retour sur cinq œuvres permanentes de l'artiste qui transforment l'espace public, de Paris à Mexico en passant par Málaga.

  • Photos-Souvenirs : 'Les Deux Plateaux', sculpture in situ permanente, cour d'honneur du Palais-Royal, Paris, 1985-1986. Détail.

  • Photos-Souvenirs : 'Les Deux Plateaux', sculpture in situ permanente, cour d'honneur du Palais-Royal, Paris, 1985-1986. Détail.

© DB-ADAGP Paris

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1. Les colonnes du Palais-Royal à Paris

 

Si les colonnes striées de Daniel Buren qui rythment la place du Palais-Royal sont aujourd'hui incontournables dans le paysage parisien, en 1986, leur installation était loin de faire l'unanimité. Intitulée Les deux plateaux, l’œuvre était une commande de l’État à l'artiste français, plus précisément du ministre de la culture Jack Lang, qui souhaitait alors remplacer le parking privé installé sur la place historique. Avec l’aide de l’architecte Patrick Bouchain, et à l’encontre de l’avis de la Commission des monuments historiques, Daniel Buren débute les travaux dès l'année de la commande. En écho à l'architecture environnante, il recouvre la cour d’asphalte (en référence au sol parisien) et creuse des tranchées grises métalliques (comme les bouches du métro), desquelles s'érigent non moins de 266 colones en marbre noir et blanc, réparties selon un quadrillage qui reprend l'alignement des colonnes de la galerie d'Orléans avoisinante. 

 

Dès le début de l’année 1986, à deux semaines de la fin des travaux, une polémique éclate : les riverains s’opposent à cette installation, considérant que le travail de l'artiste jure avec le reste du paysage. Ils avancent un argument de taille, selon lequel Jack Lang aurait omis de déclarer les travaux à la Mairie de Paris. Les travaux sont alors interrompus, secoués sur place par des actes de vandalisme – à tel point que l’architecte décide de passer ses nuits sur place afin de surveiller le chantier. Finalement, les travaux reprennent à l’été et se terminent rapidement, sans aucune inauguration officielle. Le succès de l'œuvre croît à travers les yeux des passants et des touristes, qui investissent rapidement les colonnes de Daniel Buren, n'hésitent pas à poser au milieu ou dessus et en font un lieu incontournable de la capitale – à tel point qu’une rénovation des sculptures, trop utilisées, s’impose en 2009.

 

Domaine National du Palais-Royal, 8 rue de Montpensier, Paris 1er.

  • Photo-souvenir : Le Cylindre incrusté aux couleurs, travail in situ permanent, Commanderie de Peyrassol, Flassans-sur-Issole, 2017. Détail.

  • Photo-souvenir : Le Cylindre incrusté aux couleurs, travail in situ permanent, Commanderie de Peyrassol, Flassans-sur-Issole, 2017. Détail.

© DB-ADAGP Paris

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2. Le cylindre de la Commanderie de Peyrassol

 

À l’entrée de la Commanderie de Peyrassol, un immense préau en métal et en verre multicolore signé Daniel Buren se faufile dans les pierres séculaires du domaine viticole provençal, construit en 1256 par l’ordre des Templiers. Racheté en 2001 par l'homme d'affaires et collectionneur d'art Philippe Austruy, le lieu s’est depuis transformé en musée à ciel ouvert où ce dernier expose les œuvres en sa possession : Bernar Venet, Lee Ufan, César, Xavier Veilhan, Gavin Turk… Parmi lesquels se trouve donc Le cylindre incrusté de couleurs, installé en 2017 par Daniel Buren entre deux bâtisses historiques du 13e siècle, sur lesquelles réfléchissent au soleil des lumières rouge, jaune, vert et bleu. Un arc-en-ciel fascinant qui se fond parfaitement dans son environnement et sous lequel les visiteurs sont invités à se promener un verre de vin à la main, pour y découvrir des sculptures de pointures de l’art contemporain et de l’histoire médiévale française.

 

Commanderie de Peyrassol, RN7, Flassans-sur-Issole.

© DB-ADAGP Paris

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3. La Rotonda de la Fuente à Mexico 

 

Si Daniel Buren a durablement marqué le paysage de Paris, celui-ci exporte également ses œuvres à l’étranger, où ses installations colorées détonnent tout autant au sein de l'espace public, quel que soit leur décor. À l’image, notamment, de sa Rotonda de la Fuente, que l’artiste français installe à Mexico au pied du centre commercial Artz Pedregal en 2018. Semblable aux tholos circulaires grecques érigées dans l’Antiquité pour célébrer les morts et les divinités, l’ensemble en marbre, aluminium et verre est conçu comme un hommage à l’architecte espagnol Manuel Tolsá (1757-1816), à l’origine de la plupart des bâtiments historiques de la capitale du Mexique. Perchée sur un immense socle aquatique ponctué de petites fontaines, l’œuvre de Daniel Buren s’apparente à un mémorial contemporain éclatant, au sein duquel sont projetés à la nuit tombée les reflets lumineux des rectangles colorés qui parsèment sa façade.

 

Av. Fundadores 113, Infonavit Fundadores, Nuevo Laredo, Tamps., Mexique.

  • Photo-souvenir : "Passeggiando", travail in situ permanent, Piazza Verdi, La Spezia, 2009-2017, avec Giannantonio Vannetti, architecte. Détail.

  • Photo-souvenir : "Passeggiando", travail in situ permanent, Piazza Verdi, La Spezia, 2009-2017, avec Giannantonio Vannetti, architecte. Détail.

  • Photo-souvenir : "Passeggiando", travail in situ permanent, Piazza Verdi, La Spezia, 2009-2017, avec Giannantonio Vannetti, architecte. Détail.

© DB-ADAGP Paris.

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4. Le Passegiando de la Piazza Verdi à La Spezia

 

Au centre de la ville de La Spezia, dans l'ouest de Italie, de larges arches carrés jalonnent l'espace de la Piazza Verdi, en lieu et place des quelques arbres et lampadaires originaux. Dans ce Passegiando conçu par Daniel Buren en 2017, on retrouve tous les codes de son œuvre entamée dans les années 60 : la transformation d'une place publique au gré de couleurs et de rayures qui attrapent le regard des passants autant qu’elles le surprennent, et font écho à l’architecture environnante – leur forme carrée fait en effet référence aux mosaïques de pierre du Palazzo delle Poste, installé tout près. De la même manière que les colonnes de la cour du Palais-Royal ont divisé l’opinion publique au début des années 80, cette œuvre fait également face à de nombreuses oppositions lors de sa construction mais finit, à nouveau, par séduire les habitants de la ville italienne. Délaissée depuis de nombreuses années par les passants, l’immense place se transforme, grâce au travail de l’artiste français, en artère centrale où les passants se promènent et se prélassent aujourd'hui en grand nombre. Certains critiques estiment même que l’installation de Daniel Buren a contribué à la “renaissance” de la Piazza Verdi.

 

Piazza Verdi, La Spezia, Italie.

  • Photo-souvenir : Calligraphie, travail in situ permanent, Banqiao Station Y16 (métro), Taipei, 2019. Détail © DB-ADAGP Paris.

  • Daniel Buren, "Cubo", Centre Pompidou Málaga (2015).

  • Daniel Buren, "Cubo", Centre Pompidou Málaga (2015).

  • Daniel Buren, "Cubo", Centre Pompidou Málaga (2015).

  • Photo-souvenir : Calligraphie, travail in situ permanent, Banqiao Station Y16 (métro), Taipei, 2019. Détail © DB-ADAGP Paris.

  • Photo-souvenir : Calligraphie, travail in situ permanent, Banqiao Station Y16 (métro), Taipei, 2019. Détail © DB-ADAGP Paris.

© Wikicommons.

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5. Le Cubo du Centre Pompidou Málaga

 

Sur le toit de l’antenne espagnole du Centre Pompidou de Málaga, ouverte depuis 2015 et jusqu’à 2025, un large cube en verre multicolore domine la baie. Conçue par Daniel Buren pour l’inauguration du musée, cette œuvre – comme la plupart de celles de l’artiste – diffuse par le biais des rayons de soleil sa palette colorée sur les passants, invités à s’asseoir sur des bancs qui l’entourent pour profiter de la vue et de l’installation. Plus qu’une simple décoration perchée au sommet de l’institution, ce Cubo abrite sous sa verrière offre un bain de lumière sur les nombreuses œuvres des artistes modernes et contemporains exposés par le musée. En 2022, Daniel Buren y présentait d'ailleurs une exposition intitulée Proyecciones / Retroproyecciones… sur le thème des projections lumineuses.

 

 

Centre Pompidou Malaga, Pje. del Dr. Carrillo Casaux, s/n, Distrito Centro, 29016 Málaga, Espagne.

 

“Daniel Buren : Aux Beaux Carrés : travaux in situ”, exposition jusqu'au 18 février au Bon Marché,  24 Rue de Sèvres, Paris 7e.