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21 Enchères : quelles sont les œuvres les plus chères de l'année 2021 ?

Enchères : quelles sont les œuvres les plus chères de l'année 2021 ?

Art

Malgré la pandémie et ses nombreuses conséquences sur le monde de l’art, l’année 2021 aura été un succès retentissant pour les maisons de vente, avec de nombreux records. Sans surprise, les deux leaders des enchères Christie’s et Sotheby’s se partagent les œuvres les plus chères de l’année. Si on trouve parmi elles des grands noms de l’art habitués des enchères, tels que Picasso, Giacometti et Basquiat, on y découvre aussi une peinture rare attribuée à Sandro Botticelli…

Pablo Picasso, “Femme assise près d'une fenêtre (Marie-Thérèse)” (1932). Courtesy of Christie’s Images Ltd. Pablo Picasso, “Femme assise près d'une fenêtre (Marie-Thérèse)” (1932). Courtesy of Christie’s Images Ltd.
Pablo Picasso, “Femme assise près d'une fenêtre (Marie-Thérèse)” (1932). Courtesy of Christie’s Images Ltd.

1. Femme assise près d'une fenêtre (Marie-Thérèse) de Pablo Picasso (1932) : 103 410 000 dollars (91 604 472 euros)
Christie’s

 

 

Sans surprise, Pablo Picasso figure en tête du classement de cette année : parmi les records de vente mondiaux, quatre peintures de l’artiste français d’origine andalouse dépassaient déjà la centaine de millions de dollars dont Les femmes d’Alger, adjugée à 179,4 millions en 2015, qui reste à ce jour son œuvre plus chère. En mai 2021, une nouvelle toile s’ajoute à ce panel. Peinte en 1932 à Boisgeloup, le hameau où l’artiste résidait à l'époque, Femme assise près d’une fenêtre représente sa muse et compagne Marie-Thérèse Walter, alors âgée de 17 ans. Le corps de la jeune femme se voit ici simplifié par quelques lignes courbes voluptueuses remplies d'aplats de couleurs contrastées – violet, rouge vif, vert d’eau ou encore bleu –, tandis que les proportions de son visage semblent déformées conformément aux principes du cubisme, mouvement pictural dont Picasso fut l’un des chefs de file. Estimée à 55 millions de dollars, l’œuvre a finalement été adjugée par Christie’s New York à près du double de ce montant.

Jean-Michel Basquiat, “In This Case” (1983). Courtesy of Christie’s Images Ltd. Jean-Michel Basquiat, “In This Case” (1983). Courtesy of Christie’s Images Ltd.
Jean-Michel Basquiat, “In This Case” (1983). Courtesy of Christie’s Images Ltd.

2. In this Case de Jean-Michel Basquiat (1983) : 93 150 000 dollars (82 508 036 euros)
Christie’s

 

 

À l’automne 2018, la Fondation Louis Vuitton à Paris inaugure une rétrospective colossale consacrée à Jean-Michel Basquiat. Au programme, plus de 120 œuvres monumentales réparties dans une dizaine de salles pour retracer la période la plus productive de l’artiste new-yorkais de 1980 à 1988, date de sa mort tragique. Parmi les nombreux crânes hurlants et têtes couronnées qui jalonnent ses ses toiles ultra-colorées, l'œuvre In This Case est réapparue au printemps 2021 dans la même vente que la toile de Picasso. Sur un fond presque carré de 2 mètres sur 2 mètres rouge vif, un œil jaune semble fixer le spectateur tandis qu’un nez verdâtre et une bouche remplie de dents dessinent les contours d’un visage inquiétant, qui évoque le spectre de la mort à la manière d'une vanité. Là aussi, l’estimation de l'œuvre a été quasiment doublée, passant de 50 millions de dollars à 93,1 millions – soit 82,4 millions d’euros.

Sandro Botticelli, “Jeune homme au médaillon” (ca. 1470–80). Courtesy of Sotheby’s.
Sandro Botticelli, “Jeune homme au médaillon” (ca. 1470–80). Courtesy of Sotheby’s.
Sandro Botticelli, “Jeune homme au médaillon” (ca. 1470–80). Courtesy of Sotheby’s.

3. Jeune homme au médaillon de Sandro Botticelli (ca. 1470-1480) : 92 184 000 dollars (81 652 397 euros)
Sotheby’s

 

 

Depuis que le Salvator Mundi attribué à Léonard de Vinci est devenu en 2017 l’œuvre la plus chère de l’histoire, bien que sa paternité ait depuis été contestée, la Renaissance italienne a la cote. En atteste le Jeune homme au médaillon de Botticelli, passé sous le marteau fin janvier 2021 lors d’une vente en ligne de la maison Sotheby’s, et adjugé pour la somme de 92,2 millions de dollars. L’œuvre peinte sur un panneau de bois représente un homme tenant un médaillon similaire à celui que conserve la Galerie des Offices de Florence. On estime sa date de création entre 1470 et 1480, deux décennies correspondant à la période la plus prolifique de la carrière du peintre florentin, célébré cette année par une exposition personnelle au musée Jacquemart-André. Depuis toutefois, la filiation de l’œuvre divise, d’autant que ses critères d’attribution restent assez peu connus : l’historien d’art italien Roberto Longhi et le musée Getty y voient, eux, l’œuvre d'un autre Florentin, Francesco Botticini. Une mise en doute qui n’empêche pas la spéculation sur Botticelli de continuer de plus belle. En janvier, un tableau de l'artiste représentant le Christ passera sous le marteau chez Sotheby’s New York et son estimation s'élève déjà à 40 millions de dollars.

Mark Rothko, “No. 7” (1951). Courtesy of Sotheby’s. Mark Rothko, “No. 7” (1951). Courtesy of Sotheby’s.
Mark Rothko, “No. 7” (1951). Courtesy of Sotheby’s.

4. N°7 de Mark Rothko (1951) : 82 468 500 dollars (73 048 790 euros)
Sotheby’s

 

 

À la mi-novembre 2021, Sotheby’s New York frappe fort avec une vente de la collection d'art moderne et contemporain du couple new-yorkais Macklowe, désormais divorcé. Au programme, des œuvres d’Andy Warhol, Cy Twombly ou encore Frida Kahlo… et Mark Rothko, figure majeure de l’expressionnisme abstrait, depuis devenu un grand favori des enchères. Baptisée sobrement N°7, la peinture a été réalisée en 1951 à l’orée de son succès international, lorsqu’il commence à maîtriser son style caractéristique : des compositions verticales immersives faites de deux à cinq aplats colorés. Ici, l’artiste américain d’origine russe réunit trois bandes couleur lilas, vert olive et orange sur près de 2,50 mètres de hauteur. Adjugée plus de 82 millions de dollars à un enchérisseur provenant d’Asie qui a conservé son anonymat, l’œuvre est devenue la deuxième plus chère du peintre, après une toile vendue à 86,9 millions de dollars en 2012.

Alberto Giacometti, “Le Nez” (1947). Courtesy of Sotheby’s. Alberto Giacometti, “Le Nez” (1947). Courtesy of Sotheby’s.
Alberto Giacometti, “Le Nez” (1947). Courtesy of Sotheby’s.

5. Le Nez d'Alberto Giacometti (1947) : 78 396 000 dollars (69 446 518 euros)
Sotheby’s

 

 

Ayant généré 676 millions de dollars en tout, la vente de la collection Macklowe par Sotheby’s New York a été un grand succès. Outre la toile de Mark Rothko, on retrouvait également parmi les 35 œuvres aux enchères une œuvre étonnante d’Alberto Giacometti, qui reste à ce jour le sculpteur le plus cher du monde. Un visage bouche ouverte, suspendu à une structure en métal frappe par son nez immense qui pointe hors du cadre : réalisée en bronze, fer et acier, cette sculpture aux airs de Pinocchio est l’une des six versions du Nez, série que l’artiste suisse a entamée en 1947, époque qui a vu apparaître ses plus célèbres chefs-d’œuvre.