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10 7 expositions gratuites à visiter à Paris avant les fêtes

7 expositions gratuites à visiter à Paris avant les fêtes

Art

En ce mois de décembre, les galeries parisiennes regorgent de propositions innovantes et de découvertes artistiques prometteuses. Entre les portraits touchants de Cédric Rivrain, les collages charnels de Mandy El-Sayegh, les peintures radicales d'Adam Pendleton ou encore les installations vidéos immersives de Chantal Akerman, découvrez 7 expositions à visiter gratuitement avant les fêtes.

Cédric Rivrain, “Lili rue Molière” (2019-2021).

Cédric Rivrain, “Lili rue Molière” (2019-2021).

Cédric Rivrain, “Cygne” (2019 - 2021).

Cédric Rivrain, “Cygne” (2019 - 2021).

1. La galerie de portraits de Cédric Rivrain

 

 

Si Cédric Rivrain a fait ses armes dans l’illustration de mode, cela fait plusieurs années que ses peintures apparaissent dans les galeries parisiennes. À la Fitzpatrick Gallery, l’artiste français en présente son plus riche aperçu à ce jour, empreint de références à l’histoire du portrait : les compositions propres à l’école flamande du XVIIe siècle, la peinture rococo du XVIIIe, ou le portrait bourgeois du XIXe siècle se modernisent discrètement par la présence d’écrans de smartphones. A l’huile, le peintre fait apparaître avec douceur, sfumato et couleurs poudrées les traits de personnes de son entourage, des artistes Lili Reynaud-Dewar et Oscar Tuazon à la DJ et figure queer Juliana Huxtable, en passant par l’artiste trans Puppies Puppies, prenant la pose d’une odalisque qui n’a rien à envier à l’Olympia de Manet. Mis en scène dans des décors pastoraux, domestiques ou maritimes, ceux-ci composent le panthéon intime de l’artiste.

 

 

Cédric Rivrain, “Belle main”, jusqu'au 22 janvier 2022 à la Fitzpatrick Gallery, Paris 3e.

Max Hooper Schneider, “Damaged by Miracles” (2021), High Art, Paris, exhibition view. Courtesy of the artist and High Art, Paris / Arles Max Hooper Schneider, “Damaged by Miracles” (2021), High Art, Paris, exhibition view. Courtesy of the artist and High Art, Paris / Arles
Max Hooper Schneider, “Damaged by Miracles” (2021), High Art, Paris, exhibition view. Courtesy of the artist and High Art, Paris / Arles

2. Les créatures post-humaines de Max Hooper Schneider

 

 

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Cet adage formulé par Antoine Lavoisier en 1789, Max Hooper Schneider pourrait bien l’avoir fait sien trois siècles plus tard. Dans les salles de la galerie High Art, l’artiste californien dissémine les biotopes d’un nouveau monde post-anthropocène, où l’impact irréversible de l’être humain saillit dans les traces laissées depuis son hypothétique disparition. Des fleurs en métal émergent de la mousse ou de blocs de sable jalonnés d’ossements, telles des plantes carnivores dont les dents se refermeraient sur leur proie, une créature tentaculaire et colorée paraît naître de la mélasse, tandis que des fruits et morceaux de carrosseries forment des fossiles glacés par le cuivre, redessinant les contours de ce que nous appelons “nature”. Le biologique et le technologique s’imbriquent, accouplant ces formes hostiles et ces matières froides et industrielles avec le monde de l’organique.

 

 

Max Hooper Schneider, “Damaged by Miracles”, jusqu'au 18 décembre chez High Art, Paris 9e.

Mandy El-Sayegh, “Little fly (Stephen)” (2021). Courtesy Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg · Seoul © Mandy El-Sayegh. Photos: Charles Duprat

Mandy El-Sayegh, “Little fly (Stephen)” (2021). Courtesy Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg · Seoul © Mandy El-Sayegh. Photos: Charles Duprat

Mandy El-Sayegh, “The Face” (2021). Courtesy Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg · Seoul © Mandy El-Sayegh. Photos: Charles Duprat

Mandy El-Sayegh, “The Face” (2021). Courtesy Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg · Seoul © Mandy El-Sayegh. Photos: Charles Duprat

3. Les collages charnels de Mandy El-Sayegh

 

 

Mandy El-Sayegh n’envisage pas ses toiles comme des peintures mais comme des assemblages dont les composantes s’apparentent à des morceaux de peau. L’artiste d’origine malaisienne, aujourd’hui basée à Londres, récupère des journaux, pages de revues scientifiques et autres images publicitaires qu’elle baigne dans le latex et la colle. Alors ces fragments d’information, réminiscences de sa propre culture visuelle, passent au second plan pour devenir le support de ses lignes colorées, qui évoquent finalement l’histoire de l’abstraction. “Le corps est écrit littéralement et figurativement”, explique celle qui dit s’inspirer des livres de médecine, faisant ressortir la dimension organique de ses œuvres dans leurs effets de textures et leurs tonalités pourpres. À la galerie Thaddaeus Ropac, sa pratique dépasse le support de la toile pour investir également une table ou recouvrir le sol d’une des salles : ainsi, à l’image des grilles qui recouvrent ses peintures, l’espace d’exposition est à son tour envisagé comme un système qui conditionne notre lecture de son œuvre.

 

 

Mandy El-Sayegh, “Figure One”, jusqu'au 15 janvier 2022 chez Thaddaeus Repas, Paris 3e.

Chantal Akerman, “Je tu il elle” (1974) (still). 35 mm film, 90 min., black & white. Collections CINEMATEK - © Chantal Akerman Foundation. Courtesy of CINEMATEK, Chantal Akerman Foundation and Marian Goodman Gallery
Chantal Akerman, “Je tu il elle” (1974) (still). 35 mm film, 90 min., black & white. Collections CINEMATEK - © Chantal Akerman Foundation. Courtesy of CINEMATEK, Chantal Akerman Foundation and Marian Goodman Gallery
Chantal Akerman, “Je tu il elle” (1974) (still). 35 mm film, 90 min., black & white. Collections CINEMATEK - © Chantal Akerman Foundation. Courtesy of CINEMATEK, Chantal Akerman Foundation and Marian Goodman Gallery

4. Les vidéos immersives et fragmentaires de Chantal Akerman 

 

 

Le 5 octobre 2015, le cinéma expérimental perdait brutalement l’une de ses grandes figures, Chantal Akerman, décédée à l’âge de 65 ans. Connue pour ses longs-métrages tels que Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles ou encore Les Rendez-vous d’Anna, la réalisatrice belge s’est également taillée une place dans l’art contemporain en présentant des vidéos lors de plusieurs Biennales de Venise, ou encore la Documenta. Ce sont justement deux installations de l’artiste que l’on peut retrouver actuellement à la galerie Marian Goodman. La première, Je tu il elle, se découpe en trois tableaux portés par autant de personnages qui écrivent une narration visuelle chorale. La seconde, From the other side, raconte les migrations des Mexicains à la frontière américaine, confrontant au fil des différents espaces le point de vue des autorités à celui des migrants. L’exposition s’accompagnera également de deux projections des films liés à ces installations au cinéma Le Luminor - Hôtel de Ville, à quelques pas de la galerie.

 

 

Chantal Akerman, “From the Other Side”, jusqu'au 5 février 2022 chez Marian Goodman, Paris 3e.

Ula Lucińska et Michał Knychaus, “Kerosene (Times comes round)” (2021).

Ula Lucińska et Michał Knychaus, “Kerosene (Times comes round)” (2021).

Ula Lucińska et Michał Knychaus, vue de l'exposition “In Flames” (2021).

Ula Lucińska et Michał Knychaus, vue de l'exposition “In Flames” (2021).

5. Les ruines néo-gothiques d'Inside Job

 

 

À quelques pas des quais de Seine, l’espace de la galerie Lily Robert prend des airs de château au Moyen-âge. Dans cette pièce d’apparence austère, entre sol en pierre et briques de béton, des miroirs dessinent la forme de petites fenêtres plein cintre qui déroutent d’autant plus par leur surface grise opaque, une lanterne est suspendue à une chaîne et deux objets en bois ébène et métal évoquent, au sol et au mur, des instruments de torture. Mais derrière cette esthétique gothique et médiévale, la netteté des formes et les entrelacs acérés qui ornent ces objets, visiblement dessinés en 3D avant d'être découpés au laser, ancrent l’ensemble dans l’époque contemporaine. Originaire de Pologne, le duo Inside Job, formé par Ula Lucińska & Michał Knychaus, matérialise les ruines du capitalisme et de l’ère industrielle dans ces formes agressives et désincarnées. Mais à mieux y regarder, quelques fils fins et tissus transparents ajoutent discrètement une certaine délicatesse, préfigurant dans leur apparent nihilisme les formes d’un nouveau romantisme.

 

 

Ula Lucińska et Michał Knychaus, “In Flames”, jusqu'au 30 décembre chez Lily Robert Gallery, Paris 4e.

Adam Pendleton, “Untitled (Who Is Queen)” (2021) © Adam Pendleton / courtesy of the artist and Galerie Max Hetzler Berlin Paris London. Photo: Nicolas Brasseur

Adam Pendleton, “Untitled (Who Is Queen)” (2021) © Adam Pendleton / courtesy of the artist and Galerie Max Hetzler Berlin Paris London. Photo: Nicolas Brasseur

Adam Pendleton, “Black Dada Drawing (D)” (2021) .© Adam Pendleton / courtesy of the artist and Galerie Max Hetzler Berlin Paris London. Photo: Nicolas Brasseur

Adam Pendleton, “Black Dada Drawing (D)” (2021) .© Adam Pendleton / courtesy of the artist and Galerie Max Hetzler Berlin Paris London. Photo: Nicolas Brasseur

6. Les exercices de style radicaux d'Adam Pendleton

 

 

L’invitation d’Adam Pendleton au MoMA il y a quelques mois a tout d’une véritable consécration. Dans l’atrium du musée new-yorkais, l’artiste afro-américain a recréé il y a quelques mois les fragments d’une ville dont subsistent seulement la structure sombre des immeubles et des panneaux taggués en noir et blanc, utilisant les codes du langage urbain pour parler des communautés qui la peuplent. Baptisée Who is Queen (“Qui est reine”), cette installation monumentale trouve actuellement son écho à Paris, à la galerie Max Hetzler, qui présente actuellement la déclinaison de cette même phrase sur fond blanc. Peints à l’aérosol, numérisés puis imprimés sur Mylar transparent, ces mots deviennent un objet plastique que l’artiste décompose et recompose à la manière d’un puzzle, où le street art finit par se soumettre au cadre traditionnel de l’œuvre d’art. Trois œuvres de sa série Black Dada, peintes en noir sur noir, poussent encore plus loin cet exercice de style, où texte et peinture rencontrent les limites de leur propre lisibilité.



Adam Pendleton, “Drawings”, jusqu'au 8 janvier 2022 chez Max Hetzler, Paris 3e.

Emmanuelle Luciani, “Royal_Fantasy” à la Sainte Anne Gallery (2021). Photo © Gregory Copitet Emmanuelle Luciani, “Royal_Fantasy” à la Sainte Anne Gallery (2021). Photo © Gregory Copitet
Emmanuelle Luciani, “Royal_Fantasy” à la Sainte Anne Gallery (2021). Photo © Gregory Copitet

7. Les fantasmagories domestiques de Southway Studio

 

 

Depuis maintenant huit ans, Emmanuelle Luciani ambitionne à travers son Southway Studio – cofondé avec Charlotte Cosson – de redorer le blason des arts décoratifs et de l’artisanat à l’ère contemporaine. Au fil d’expositions dont elle est la commissaire, de résidences d’artistes et créations dont elle est l'auteure, la Marseillaise entrecroise les influences pour composer des environnements hybrides qui questionnent la frontière entre œuvre et objet, entre ornementation et exposition. C’est justement cela que l’on observe dans la galerie Sainte Anne, transformée pour l’occasion en espace domestique où ses créations ainsi que celles du duo Bella Hunt & DDC trouvent leur place. Entre céramiques au mur évoquant des blasons, cheminée baroque, tapis émeraude en forme de toile d’araignée ou encore vases colorés imprégnés de fantasmagorie, ces pièces redessinent un ensemble inclassable et onirique aux confins des influences.

 

 

Southway Studio, “Royal Fantasy”, jusqu'au 28 janvier 2022 chez Sainte Anne Gallery, Paris 2e.