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29 10 expositions à découvrir dans le sud de la France cet été

10 expositions à découvrir dans le sud de la France cet été

Art

Le grand retour des rencontres d'Arles, l'inauguration des fondations LUMA, CAB et du Centre de la photographie de Mougins, les deux artistes féministes Marilyn Minter et Betty Tompkins au MO.CO ou encore un focus sur la création contemporaine africaine à la Friche la Belle de Mai... l'été dans l'Hexagone s'annonce déjà riche en événements artistiques inédits. Tour d'horizon de dix expositions à ne pas manquer dans le sud du pays, de Nice à Montpellier en passant par Avignon, Marseille et Saint-Paul-de-Vence. 

  • Tour Luma imaginée par Frank Gehry, janvier 2021 Luma Arles, Parc des Ateliers, Arles (France)

    Tour Luma imaginée par Frank Gehry, janvier 2021 Luma Arles, Parc des Ateliers, Arles (France) Tour Luma imaginée par Frank Gehry, janvier 2021 Luma Arles, Parc des Ateliers, Arles (France)

© Adrian Deweerdt

1. La Fondation Luma ouvre les portes de sa grande tour d'acier (Arles)

 

 

Depuis plusieurs années déjà, une grande tour d’acier a surgi dans le paysage d’Arles, qu’elle domine désormais de sa façade ondulante couverte de plaques miroitantes. Imaginé par l’architecte star Frank Gehry, cet édifice d’une surface de 15 000 m2 a été construit dans l’est de la ville provençale pour abriter la Fondation Luma de la collectionneuse d’art et mécène Maja Hoffmann, créée en 2004 afin de soutenir des projets artistiques et culturels. Après s’être implantée il y a huit ans en Arles et avoir développé une programmation investissant les autres bâtiments du Parc des Ateliers, la Fondation propose, dans cette nouvelle architecture, des expositions mettant à l’honneur près de 50 grands noms de l’art des XXe et XXIe siècles. On y retrouve des installations de Pierre Huyghe, Olafur Eliasson, Tino Sehgal ou encore Dominique Gonzalez-Foerster, une salle consacrée au cinéaste britannique Derek Jarman, des œuvres d’Etel Adnan, Urs Fischer, Sigmar Polke et Kapwani Kiwanga, ainsi que des tirages de grands noms de la photographie, de Duane Michals et Diane Arbus à Nan Goldin et Annie Leibovitz.

 

 

Expositions et installations inaugurales de la tour Luma, tout l’été à Luma Arles.

Betty Tompkins, “Censored Painting #2“ (Paris 1973 - Instagram 2019), 2019. Courtesy of the Artist, P•P•O•W, New York and rodolphe janssen, Bruxelles © Betty Tompkins

Betty Tompkins, “Censored Painting #2“ (Paris 1973 - Instagram 2019), 2019. Courtesy of the Artist, P•P•O•W, New York and rodolphe janssen, Bruxelles © Betty Tompkins

Marilyn Minter, “Ginger” (2016). Courtesy de l’artiste, Salon 94, New York et Regen Projects, Los Angeles © Marilyn Minter

Marilyn Minter, “Ginger” (2016). Courtesy de l’artiste, Salon 94, New York et Regen Projects, Los Angeles © Marilyn Minter

2. Marilyn Minter et Betty Tompkins chamboulent le male gaze au Mo.Co (Montpellier)

 

 

 

Cet été, le Mo.Co met à l’honneur à la Panacée deux artistes américaines dont la pratique détourne le regard masculin dominant par un triomphe pictural et photographique du féminin. La première, Marilyn Minter, reprend dans ses peintures monumentales le motif érotique de la baigneuse, dont le corps dénudé et le visage extatique se dévoilent subrepticement derrière les buées perlées de gouttes de la cabine de douche. L’occasion également pour l’artiste féministe de présenter sa vidéo Green Pink Caviar (2009), dans laquelle des bouches gourmandes lèchent et avalent des substances colorées avec sensualité. La seconde, Betty Tompkins, présente plusieurs dizaines de ses fameuses Fuck Paintings, des toiles en nuances de gris – et, plus rarement, de roses –, dans lesquelles elle propose des visions explicites et en gros plan du coït et des organes génitaux.

 

 

 

Marilyn Minter, “All Wet” et Betty Tompkins, “Raw Material”, jusqu’au 5 septembre au MO.CO Panacée, Montpellier.

Emeka Ogboh. Emeka Ogboh.
Emeka Ogboh.

3. Emeka Ogboh et Lydia Ourahmane inaugurent la saison africaine à la Friche (Marseille)

 

 

Dans le cadre du festival Here Comes Africa, la Friche La Belle de Mai célèbre en juin et juillet la création contemporaine dans les pays d’Afrique à travers de nombreux événements, entre performances interactives et déambulatoires, projections de films en plein air, concerts, soirées et nombreux rendez-vous pour découvrir les cuisines du continent. Une riche programmation à laquelle contribue fortement l’artiste nigérian Emeka Ogboh, qui à travers un DJ set, des dîners invitant plusieurs chefs africains, des plateaux de radio et une exposition immersive inspirée par les textiles de son pays d’origine, explore les liens entre Marseille et l’Afrique de l’Ouest. Pendant ce temps, l’artiste algérienne Lydia Ourahmane présente au troisième étage du bâtiment sa première exposition personnelle en France avec une installation inédite qui, à travers des meubles et la recréation d’espaces domestiques, interroge la question des frontières et du familier.

 

 

Emeka Ogboh, “Stirring the Pot” et Lydia Ourahmane, “Barzakh”, jusqu’au 24 octobre à la Friche La Belle de Mai, Marseille.

Théo Mercier, “OUTREMONDE”, L’enfant Photographie (2021). © Théo Mercier & Erwan Fichou

Théo Mercier, “OUTREMONDE”, L’enfant Photographie (2021). © Théo Mercier & Erwan Fichou

Mimosa Echard, “Pulison Potion” (2017), détail de l’installation © Rob Harris

Mimosa Echard, “Pulison Potion” (2017), détail de l’installation © Rob Harris

4. Le théâtre se mêle à l'art avec Yan Pei-Ming et Théo Mercier à la Collection Lambert (Avignon)

 

 

Alors que le Festival d’Avignon relance sa programmation théâtrale en juillet après une année sans activité, la Collection Lambert se met au pas de cette effusion culturelle. Au Palais des papes, la Grande Chapelle accueille une exposition de l’artiste français Yan Pei-Ming qui investit également les murs du bâtiment du collectionneur et ancien galeriste Yvon Lambert.Trois autoportraits monumentaux inédits seront présentés dans le cadre solennel de l'édifice gothique, tandis que la Collection propose, à travers une trentaine d'œuvres, un trombinoscope de figures historiques et contemporaines telles que le pape Innocent X, Marilyn Monroe, Bruce Lee ou encore Che Guevara. Parallèlement, le bâtiment accueille cet été un spectacle-exposition immersif de l’artiste et metteur en scène Théo Mercier, rythmé par la présence de comédiens, d’objets, de voix et d’une chorégraphie de lumières. On y retrouve également des expositions personnelles de David Shrigley, Jérôme Taub, Loris Gréaud ou encore de la plasticienne française Mimosa Echard, récemment présentée par la galerie Chantal Crousel.

 

 

Yan Pei-Ming, “Tigres et vautours”, jusqu’au 26 septembre à la Collection Lambert et jusqu’au 31 janvier 2022 au Palais des papes, Avignon
Théo Mercier, “Outremonde” et Mimosa Echard, “Sluggy me”, jusqu’au 26 septembre à la Collection Lambert.

Isabel Muñoz (née Barcelone, 1951), “Sans titre” (2017). Isabel Muñoz (née Barcelone, 1951), “Sans titre” (2017).
Isabel Muñoz (née Barcelone, 1951), “Sans titre” (2017).

5. La photographie contemporaine s'implante dans les hauteurs de Cannes (Mougins)

 

 

Perché sur une butte dans les hauteurs du littoral méditerranéen, le village de Mougins domine la région de Cannes et de Grasse. Malgré sa petite taille, la commune a prouvé son attractivité depuis le XXe siècle en accueillant de nombreuses figures majeures des arts, du couturier Christian Dior au plasticien Pablo Picasso qui y possédaient tous deux une propriété, en passant par les séjours d’Edith Piaf et Catherine Deneuve. L’ancrage culturel de la ville se renforce en 2011 avec la création d’un musée d’art classique, présentant des œuvres de l’Antiquité à l’art moderne et une riche collections d’armures. Dix ans après cette inauguration, Mougins continue d’étendre son action artistique en ouvrant cet été les portes de son Centre de la photographie. Proposant à la fois expositions temporaires, éditions et une résidence annuelle à un photographe, l’institution entend bien faire état de la créativité contemporaine foisonnante du médium : pour introduire sa programmation, elle met à l’honneur la photographe espagnole Isabel Muñoz, dont les clichés subliment depuis le milieu des années 70 le corps, son mouvement et la danse. Dans cette exposition personnelle, l’artiste dévoile sa dernière série réalisée en Japon, entre portraits de yakusas, scènes de bondage shibari et danseurs de butoh.

 

 

Ouverture du Centre de la photographie de Mougins le samedi 3 juillet avec l’exposition “1001” d’Isabel Muñoz.

Felice Varini,  “Quatre couronnes entremêlées”, Paris; 2014. Actualisation N°1: Fondation CAB, Saint Paul- de-Vence, 2021. Collection: Hubert Bonnet © Antoine Lippens

Felice Varini, “Quatre couronnes entremêlées”, Paris; 2014. Actualisation N°1: Fondation CAB, Saint Paul- de-Vence, 2021. Collection: Hubert Bonnet © Antoine Lippens

© Antoine Lippens

© Antoine Lippens

6. La Fondation CAB inaugure son nouveau havre pour l'art minimal (Saint-Paul-de-Vence)

 

 

A Bruxelles, l’art minimal a pignon sur rue depuis bientôt dix ans. La Fondation CAB, créée par le collectionneur Hubert Bonnet, s’en fait le grand émissaire au sein de la capitale belge, présentant régulièrement des figures majeurs de ce mouvement artistique du XXe siècle comme Sol LeWitt ou Donald Judd et de nombreux artistes qui semblent s’inscrire dans sa lignée, comme Alicja Kwade, Theaster Gates et Katinka Bock. Un apport singulier dont la France va pouvoir profiter à son tour avec l’ouverture par la fondation d’un second espace à Saint-Paul-de-Vence. Sis à deux pas de la fondation Maeght avec vue sur la mer au large d'Antibes, celui-ci occupe un grand bâtiment blanc édifié dans les années 50 qui a pour l’occasion bénéficié d’un réaménagement par l’architecte Charles Zana. Le 24 juin dernier, cette nouvelle adresse s’ouvrait avec deux exposition collectives réunissant des œuvres de Carl Andre, François Morellet, ou encore des contemporains Marion Baruch et Daniel Steegmann Mangrané.

 

 

“Structures of radical will”, jusqu’au 31 octobre et “Lightness of being”, jusqu’au 7 novembre à la Fondation CAB, Saint-Paul-de-Vence.

Laura Owens, “Untitled” (2004). Moore Family Collection Laura Owens, “Untitled” (2004). Moore Family Collection
Laura Owens, “Untitled” (2004). Moore Family Collection

7. Laura Owens et Vincent Van Gogh : un dialogue inédit entre deux peintres majeurs (Arles)

 

 

En 2020, en pleine pandémie, l’artiste américaine Laura Owens séjourne en Arles et dans sa région pendant plusieurs mois. Fascinée par ces paysages ensoleillés chargés d’histoire, celle qui depuis vingt-cinq ans s’applique à repousser les limites de la peinture se plonge dans la vie de l’un de ses grands maîtres : Vincent van Gogh. Passé par Arles deux ans avant sa mort en 1890, le peintre néerlandais y a réalisé pendant quatorze mois un travail pictural majeur, reflet de son esprit tourmenté – c’est à cette époque de sa vie que l’artiste finit par se trancher l’oreille avant d’entrer dans un hôpital psychiatrique en Provence. Pour une exposition conçue comme un dialogue entre ces deux peintres, la Fondation Vincent Van Gogh invite Laura Owens à replonger dans ses archives et mettre ses propres œuvres, anciennes et très récentes, en regard de celles de son aîné. Pour investir l’espace arlésien, l’Américaine, très impliquée dans la scénographie et les dispositifs de présentation de son travail, réalise également plusieurs livres d’artistes et une série de papiers peints à motifs répétitifs et colorés inspirés par les dessins d’une contemporaine méconnue de Van Gogh, WInifred How, et qui accueillent désormais les tableaux du peintre.

 

 

Laura Owens & Vincent van Gogh, jusqu’au 31 octobre à la Fondation Vincent van Gogh Arles.

Angela Garcia Codoñer, “Breathing Out” (série “Morfologias”) (1973). Courtesy Galería Punto, Valence, Espagne

Angela Garcia Codoñer, “Breathing Out” (série “Morfologias”) (1973). Courtesy Galería Punto, Valence, Espagne

Evelyne Axell, “Ice Cream 1”(1964). Collection privée © ADAGP, Paris 2020

Evelyne Axell, “Ice Cream 1”(1964). Collection privée © ADAGP, Paris 2020

8. Les femmes de l'art “pop” et du pop art débarquent au MAMAC (Nice)

 

 

Les femmes de l’art abstrait au Centre Pompidou actuellement, les femmes de l’art minimal à la fondation CAB de Bruxelles l’an passé, ou encore les femmes du surréalisme en Allemagne et au Danemark… Les expositions et publications 100% féminines ont définitivement le vent en poupe. Réponses à un manque encore très significatif de parité dans le monde de l’art, ces projets ont un but très clair : apporter aux artistes femmes la visibilité et la légitimité que différentes circonstances leur ont ôtées et ainsi réécrire leurs noms en gras dans l’histoire du domaine, loin d’avoir généré exclusivement des talents masculins. A Nice, le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain (MAMAC) a choisi dès l’automne dernier de se concentrer sur un angle inédit : les femmes qui ont contribué au XXe siècle à l’écriture de l’art “pop”. Si le pop art américain fait bien partie de l’exposition, le terme pop est volontairement isolé en vue d'inclure également d’autres courants artistiques et stylistiques, à l’instar du nouveau réalisme né en France en 1960. L’une de ses ferventes représentantes, Niki De Saint Phalle, fait avec ses fameuses Nanas – figures féminines aux corps plantureux et multicolores – partie des points de départ de ce corpus qui réunit des noms majeurs de l’époque, de Judy Chicago et Sturtevant à Marta Rosler et Dorothy Iannone, dont les formes colorées, peintures, sculptures et collages se sont aussi bien inspirées de la publicité et du cinéma que de la bande-dessinée pour donner naissance à une esthétique nouvelle. La sélection s’enrichit également de quelques femmes célèbres telles que les actrices Brigitte Bardot et Marilyn Monroe ou l’héroïne fictive Barbarella qui, hors des arts plastiques et visuels, sont également devenues les premiers visages emblématiques de la pop culture.

 

 

“She-Bam Pow POP Wizz ! Les Amazones du Pop”, jusqu'au 29 août au MAMAC, Nice.

Floryan Varennes, “Hildegarde” (2021). Floryan Varennes, “Hildegarde” (2021).
Floryan Varennes, “Hildegarde” (2021).

9. Cuir, Moyen Âge et science-fiction : les sculptures monumentales de Floryan Varennes (Graulhet)

 

 

Floryan Varennes possède une double casquette : celle d’artiste et d’historien. Dans l’ensemble de ses travaux, ce jeune Français développe une recherche qui interroge le corps et son apparat, les lignes de tension entre violence et guérison et, bien sûr, les récits, légendes et modes de représentation du soi à l’ère médiévale, période qui l’obsède et l’inspire constamment. A travers des sculptures et installations reprenant l'iconographie, les costumes et accessoires du Moyen Âge, des fragments d’armures aux blasons, l’artiste joue avec leurs ambiguïtés en les fusionnant, par exemple, à une esthétique clinique ultra-contemporaine qui transforme leur puissance symbolique. Pendant trois mois, la Maison des Métiers du Cuir l’a accueilli en ses murs à Graulhet, dans le nord-est de Toulouse, lors d'une résidence au cours de laquelle il a produit une série de nouvelles œuvres, presque intégralement en cuir grâce aux ressources humaines, techniques et matérielles fournies par le programme. En résulte une exposition personnelle d’ampleur regroupant ces sculptures monumentales inédites, où l’héraldique se met au service de la science-fiction, où la nature primitive se confronte au progressisme scientifique et où l’artiste écrit sa vision d’une histoire hybride et malléable, enrichie sans cesse de nouvelles lectures.

 

 

Floryan Varennes, “Violence Vitale”, jusqu'au 3 septembre à la Maison des Métiers du Cuir, Graulhet.

Farah Al Qasimi, “S et A au téléphone”, série “Mirage de la vie” (2020). Avec l’aimable autorisation de Third Line, Dubaï, et Helena Anrather, New York.

Farah Al Qasimi, “S et A au téléphone”, série “Mirage de la vie” (2020). Avec l’aimable autorisation de Third Line, Dubaï, et Helena Anrather, New York.

Daniel Obasi, “Instants de jeunesse”, Lagos, Nigeria (2019).

Daniel Obasi, “Instants de jeunesse”, Lagos, Nigeria (2019).

10. Le grand retour des Rencontres de la photographie (Arles)

 

 

Parmi les nombreux événements culturels qui animent traditionnellement l’été dans l’Hexagone, les Rencontres d’Arles font aussi un retour très attendu cette année. Rendez-vous incontournable de la photographie depuis cinq décennies, le festival propose une vingtaine d’expositions dans l’ensemble de la ville provençale qui mettent aussi bien en lumière l’histoire du médium que ses propositions les plus contemporaines. Au Monoprix, les photographies méconnues de la célèbre designer française Charlotte Perriand sont montrées pour la première fois, tandis que l’œuvre de la grande photographe Sabine Weiss, qui a marqué le XXe siècle par ses scènes de vie et portraits humanistes, investit l’intérieur d’une chapelle. Plusieurs expositions thématiques fores se font également l’écho des questions sociales qui animent nos débats contemporains. Parmi elles, Masculinités. La libération par la photographie” analyse la construction de l’idéal masculin depuis les années 50 dans les arts visuels, tandis que “The New Black Vanguard” met en avant les nouvelles représentations des identités noires, défendues par des photographes tels que Tyler Mitchell et Dana Scruggs.

 

 

Rencontres internationales de la photographie, du 4 juillet au 26 septembre, Arles.