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10 Exposiitons Zanele Muholi David Wojnarowicz Thomas Demand Katinka Bock sida

Thomas Demand, Katinka Bock.. 10 expositions à ne pas manquer en février

Art

Thomas Demand au Jeu de paume, Zanele Muholi à la Maison Européenne de la Photographie, S.H. Raza au Centre Pompidou ou encore “Exposé·es” au Palais de Tokyo... découvrez 10 expositions à ne pas manquer en février.

  • Marion Scemama, “Silence = Death” (1989 – 2019). impression numérique sur papier baryté, 60 x 40 cm, édition de 15. Courtesy Marion Scemama et de la New Galerie (Paris). © ADAGP, Paris, 2023

    Marion Scemama, “Silence = Death” (1989 – 2019). impression numérique sur papier baryté, 60 x 40 cm, édition de 15. Courtesy Marion Scemama et de la New Galerie (Paris). © ADAGP, Paris, 2023 Marion Scemama, “Silence = Death” (1989 – 2019). impression numérique sur papier baryté, 60 x 40 cm, édition de 15. Courtesy Marion Scemama et de la New Galerie (Paris). © ADAGP, Paris, 2023
  • Hervé Guibert, “Sienne” (1979). Photographie, tirage argentique, 14,5 x 21,9 cm. Courtesy Christine Guibert et Les Douches la Galerie (Paris)

    Hervé Guibert, “Sienne” (1979). Photographie, tirage argentique, 14,5 x 21,9 cm. Courtesy Christine Guibert et Les Douches la Galerie (Paris) Hervé Guibert, “Sienne” (1979). Photographie, tirage argentique, 14,5 x 21,9 cm. Courtesy Christine Guibert et Les Douches la Galerie (Paris)
  • Nan Goldin, “Gilles’ Arm”, Paris (1993). Tirage cibachrome monté sur Sintra, 68,3 x 101,6 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Marian Goodman (Londres, New York, Paris)

    Nan Goldin, “Gilles’ Arm”, Paris (1993). Tirage cibachrome monté sur Sintra, 68,3 x 101,6 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Marian Goodman (Londres, New York, Paris) Nan Goldin, “Gilles’ Arm”, Paris (1993). Tirage cibachrome monté sur Sintra, 68,3 x 101,6 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Marian Goodman (Londres, New York, Paris)
  • Zoe Leonard installe “Untitled” (1992) à la Neue Galerie, Cassel, documenta 9, 1992. Photo : Dieter Schwerdtle. Courtesy documenta-Archiv

    Zoe Leonard installe “Untitled” (1992) à la Neue Galerie, Cassel, documenta 9, 1992. Photo : Dieter Schwerdtle. Courtesy documenta-Archiv Zoe Leonard installe “Untitled” (1992) à la Neue Galerie, Cassel, documenta 9, 1992. Photo : Dieter Schwerdtle. Courtesy documenta-Archiv
  • Miriam Cahn, “RAUM-ICH/ räumlich-ich : gelblichich” (2010). Oil on canvas, 42 x 31 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury

    Miriam Cahn, “RAUM-ICH/ räumlich-ich : gelblichich” (2010). Oil on canvas, 42 x 31 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury Miriam Cahn, “RAUM-ICH/ räumlich-ich : gelblichich” (2010). Oil on canvas, 42 x 31 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury
  • Miriam Cahn, “liegen, 1. + 13.10.96” (1996). Oil on canvas, 20.5 x 25.5 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury

    Miriam Cahn, “liegen, 1. + 13.10.96” (1996). Oil on canvas, 20.5 x 25.5 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury Miriam Cahn, “liegen, 1. + 13.10.96” (1996). Oil on canvas, 20.5 x 25.5 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury
  • Miriam Cahn, “könnteichsein, 5.10.21” (2021). Oil on canvas, 24 x 65 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury

    Miriam Cahn, “könnteichsein, 5.10.21” (2021). Oil on canvas, 24 x 65 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury Miriam Cahn, “könnteichsein, 5.10.21” (2021). Oil on canvas, 24 x 65 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury
  • Miriam Cahn, “denkender hund, 8.4.+14.5.21” (2021). Oil on canvas, 300 x 200 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.

    Miriam Cahn, “denkender hund, 8.4.+14.5.21” (2021). Oil on canvas, 300 x 200 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury. Miriam Cahn, “denkender hund, 8.4.+14.5.21” (2021). Oil on canvas, 300 x 200 cm. Courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.

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1. Exposé·es au Palais de Tokyo : comment l'épidémie de sida a affecté la création artistique

 

 

Quel impact l’apparition du VIH a-t-il eu sur l’histoire de l’art à la fin du XXe siècle ? En 2017, la journaliste et critique Elisabeth Lebovici jette un pavé dans la mare en publiant Ce que le sida m’a fait, un essai relisant les “années sida” à travers la création et l’activisme, devenus indissociables à l’occasion de cet épisode inédit. En prenant cet ouvrage comme point de départ, “Exposé·es” réunit dans l’enceinte du Palais de Tokyo le travail d’une trentaine d’artistes, auteurs et collectifs afin de prolonger ce propos dans l’espace d’exposition. Entre des figures de l’époque à l’œuvre engagée, de David Wojnarowicz et Marion Scemamma à Derek Jarman et Felix Gonzalez-Torres, et pratiques plus contemporaines habitées plus ou moins directement par cette histoire, tels que celles de Benoît Piéron, Lili Reynaud-Dewar ou encore Jesse Darling, en passant par les actions publiques de groupes tels que fiercepussy ou Les ami·es du patchwork pour rendre visibles l'épidémie aux yeux du public, les œuvres réalisées entre les années 80 et aujourd'hui montrent les empreintes indélébiles – négatives mais aussi positives – laissées par l'épidémie sur les formes et la création.
 

“Exposé·es, d'après Ce que le sida m'a fait d'Elisabeth Lebovici”, du 17 février au 14 mai 2023 au Palais de Tokyo, Paris 16e.

Thomas Demand, “Gangway” (2001). C-Print / Diasec 225 x 180 cm. © Thomas Demand, Adagp, Paris, 2023. Thomas Demand, “Gangway” (2001). C-Print / Diasec 225 x 180 cm. © Thomas Demand, Adagp, Paris, 2023.
Thomas Demand, “Gangway” (2001). C-Print / Diasec 225 x 180 cm. © Thomas Demand, Adagp, Paris, 2023.

2. La photographie de Thomas Demand au Jeu de paume, un travestissement du réel

 

 

À l’heure de la circulation massive des images et de la profusion des fakes news, la question de la manipulation du réel est aujourd’hui plus prégnante que jamais. Thomas Demand en a fait l’enjeu de sa pratique depuis les années 90. Formé à l’architecture, le photographe allemand né en 1964 a pris pour habitude de construire à base de papier et de carton des décors miniatures hyperrréalistes, avant de les immortaliser vides d’individus afin de semer le doute sur leur véritable existence. Reproductions de lieux de pouvoir, souvent politiques, ces maquettes trop lisses pour être vraies dénoncent en filigrane la surveillance massive, les régimes autoritaires, les conflits géopolitiques ou encore les dérives du monde bureaucratique. Le Jeu de paume consacre à l’artiste sa première grande rétrospective en France. Présentées sous plusieurs formes, de l’image encadrée au papier-peint en passant par la vidéo, les 70 œuvres exposées par l’institution montrent son talent à jouer avec l’artificiel pour inciter le spectateur à passer de l’autre côté du miroir, et analyser les structures qui conditionnent sa perception du monde.

 

Thomas Demand, Le bégaiement de l'histoire”, du 14 février au 28 mai 2023 au Jeu de paume, Paris 1er. Un catalogue d'exposition est désormais disponible, éd. MACK et Jeu de Paume. 

Anicka Yi, “Elysia Chlorotica” (2019-2023). Vues de l'exposition “Avant l'orage” à la Bourse de commerce, 2023. Anicka Yi, “Elysia Chlorotica” (2019-2023). Vues de l'exposition “Avant l'orage” à la Bourse de commerce, 2023.
Anicka Yi, “Elysia Chlorotica” (2019-2023). Vues de l'exposition “Avant l'orage” à la Bourse de commerce, 2023.

3. À la Bourse de commerce, les artistes repensent le paysage

 

 

L’histoire de l’art est jalonnée de thématiques et de genres séculaires. À travers sa nouvelle exposition “Avant l’orage”, déployée sur l’intégralité de ses étages, la Bourse de commerce montre comment une vingtaine d’artistes contemporains se sont appropriés certains d’entre eux, du paysage ou la nature morte à la représentation des saisons et du passage du temps. Entre œuvres issues de la Collection Pinault, réalisées par les artistes résidents de son programme à Lens - comme un film de Hicham Berrada, des peintures de Lucas Arruda ou encore une installation de Benoît Piéron, actuellement en résidence sur place – et pièces in situ produites pour l’occasion, ce parcours invite à traverser les espaces comme autant d’écosystèmes régis par leurs propres climat et temporalité à l’heure de questionnements prégnants sur l’avenir de notre planète. On y (re)découvre des chefs-d’œuvres comme une série de dix toiles de Cy Twombly dépeignant le cycle du soleil ou le film de Pierre Huyghe suivant un chien errant, mais également une installation arborescente et spectaculaire de Danh Vo dans la Rotonde, les paysages nébuleux et saturés de Thu-Van-Tran déployés de la toile aux murs, ou encore les cocons lumineux d’Anicka Yi, qui semblent renfermer la promesse optimiste d’un nouveau cycle à venir.

 

“Avant l'orage”, jusqu'au 11 septembre 2023 à la Bourse de commerce, Paris 1er.

Zanele Muholi, “Lulamile,Room 107 Day Inn Hotel”, Burlington (2017). Courtesy of the Artist and Stevenson, Cape Town/Johannesburg and Yancey Richardson, New York © Zanele Muholi. Zanele Muholi, “Lulamile,Room 107 Day Inn Hotel”, Burlington (2017). Courtesy of the Artist and Stevenson, Cape Town/Johannesburg and Yancey Richardson, New York © Zanele Muholi.
Zanele Muholi, “Lulamile,Room 107 Day Inn Hotel”, Burlington (2017). Courtesy of the Artist and Stevenson, Cape Town/Johannesburg and Yancey Richardson, New York © Zanele Muholi.

4. La première rétrospective de Zanele Muholi à la Maison Européenne de la Photographie

 

 

Non binaire, noire et lesbienne, Zanele Muholi a fait de sa photographie un outil pour rendre visible, documenter et célébrer l’existence des personnes LGBTQ+ dans son pays, l’Afrique du Sud. Entre trombinoscope de portraits, clichés capturés dans l’intimité de relations sexuelles et images témoignant de moments de rassemblement dans l’espace public, les œuvres de l’artiste, qui se définit comme “activiste visuelle”, dressent depuis vingt ans un panel vaste et divers d’une communauté qui fait constamment face aux discriminations et crimes de haine mais aussi au silence et ) la censure, tout aussi dangereux. Après la Tate Modern à Londres ou le Gropius Bau à Berlin, c’est au tour de la Maison Européenne de la Photographie d’accueillir cette première rétrospective de la Sud-Africaine, aujourd’hui âgée de 51 ans. Parmi les 200 pièces exposées, extraites de ses séries les plus célèbres, on retrouve notamment les autoportraits qui depuis dix ans ont assis sa notoriété mondiale  – d’un bout à l’autre du globe, l’artiste se pare d'objets divers chinés dans les villes où elle séjourne, faisant parfois référence aux costumes et coiffures traditionnelles de son pays. L’exposition dévoile également sa pratique très récente de la peinture, débutée pendant le confinement.

 

Zanele Muholi, du 1er février au 21 mai 2023 à la Maison Européenne de la Photographie, Paris 4e.

Sayed Haider Raza, “Punjab” (1969). Acrylique sur toile. Piramal Museum of Art, Mumbai © Adagp, Paris 2022.
Sayed Haider Raza, “Punjab” (1969). Acrylique sur toile. Piramal Museum of Art, Mumbai © Adagp, Paris 2022.
Sayed Haider Raza, “Punjab” (1969). Acrylique sur toile. Piramal Museum of Art, Mumbai © Adagp, Paris 2022.

5. Au Centre Pompidou, la première monographie de Sayed Haider Raza en France


 

Encore aujourd'hui, l'histoire de la peinture est majoritairement examinée à travers les artistes occidentaux. Mais qu’en est-il des mutations du médium dans les pays orientaux au 20e siècle, si peu apparentes dans les institutions ? À Bombay, pourtant, un ensemble d’artistes marque l'es mémoires en 1947 avec la création du Progressive Artist’s Group (P.A.G.). L’un de ses confondateurs, Sayed Haider Raza – dit aussi S.H. Raza –, en émerge comme l’une de ses figures tutélaires. Le Centre Pompidou lui consacre sa première exposition monographique en France, retraçant chronologiquement l’évolution de sa pratique de son installation en 1950 à Paris, où il entame des études à l’école des Beaux-arts, aux années 90. À l’image des autres membres du P.A.G., la peinture de cet Indien disparu en 2016 se caractérise par une rencontre entre les canons et mouvements phares de la peinture contemporaine, tels que l’expressionnisme abstrait et le cubisme, avec des éléments et symboles issus de la culture indienne et de ses mythologies. Entre toiles figuratives de paysages hallucinatoires et compositions à base de formes sérielles géométriques et colorées, qui rappellent aussi bien des hiéroglyphes que les motifs présents sur des tapis orientaux, l’œuvre de l’artiste invite à plonger dans un monde spirituel tout en témoignant de l'entrée des artistes dans une histoire mondialisée.

 

Sayed Haider Raza, du 15 février au 15 mai 2023 au Centre Pompidou, Paris 4e.

Katinka Bock, “One of 100 words” (2019). C-Print, 45 x 32 cm. Courtesy : Katinka Bock ; Galerie Jocelyn Wolff, Romainville ; Meyer Riegger Berlin / Karlsruhe ; Galerie Greta Meert, Bruxelles ; 303 Gallery, New York.
Katinka Bock, “One of 100 words” (2019). C-Print, 45 x 32 cm. Courtesy : Katinka Bock ; Galerie Jocelyn Wolff, Romainville ; Meyer Riegger Berlin / Karlsruhe ; Galerie Greta Meert, Bruxelles ; 303 Gallery, New York.
Katinka Bock, “One of 100 words” (2019). C-Print, 45 x 32 cm. Courtesy : Katinka Bock ; Galerie Jocelyn Wolff, Romainville ; Meyer Riegger Berlin / Karlsruhe ; Galerie Greta Meert, Bruxelles ; 303 Gallery, New York.

6. Les photographies de Katinka Bock exposées à la Fondation Pernod Ricard

 

 

Depuis les débuts de sa carrière il y a une quinzaine d’années, le nom de Katinka Bock est indéfectiblement associé à la sculpture. Entre décors domestiques fragmentés, objets du quotidien détournés et créations à base de matériaux pauvres mettant en exergue la relation entre l’humain et son environnement, les formes imaginées par l’artiste allemande examinent la valeur et les symboles accordés au monde matériel. Si son travail a déjà été présenté à Lafayette Anticipations ou au Centre Pompidou, lorsqu’elle était nommée au Prix Marcel Duchamp en 2019, la Fondation Pernod Ricard se penche sur un pan moins connu de sa pratique : la photographe. Médium habituellement plutôt annexe à sa sculpture, il apparaît dans cette nouvelle exposition comme l’extension de sa pratique plastique en utilisant l’appareil pour attirer l’attention sur les détails et traces de passage laissées par notre espèce, devenus insignifiants ou invisibles à nos yeux entraînés par l’habitude. Entre gros plans sur des parties du corps humain, inventaires d’objets archéologiques ou encore d’empreintes de pas, l’exposition présente 65 photographies argentiques réalisées par la quadragénaire au fil des sept dernières années. En jouant sur les supports d’accrochage, cette dernière crée plusieurs ambiances qui offrent autant de modes d’appréhension de ses images.

 

“Katinka Bock, Der Sonnenstich”, du 14 février au 29 avril 2023 à la Fondation Pernod Ricard, Paris 8e.

Marion Verboom, “Achronie” (detail). Marion Verboom, “Achronie” (detail).
Marion Verboom, “Achronie” (detail).

7. Les colonnes composites de Marion Verboom exposées à la Verrière

 

 

Dans l’espace d’exposition niché au fond de la boutique Hermès à Bruxelles se dressent plusieurs colonnes et totems hybrides. Signées par l’artiste française Marion Verboom, exposée il y a quelques mois à Paris par la galerie The Pill, ces sculptures interpellent d’emblée par leur aspect bariolé : leurs fragments cylindriques empilés sont tantôt réalisés en plâtre, en céramique, en résine ou en acier ; ornés de motifs abstraits et géométriques, organiques et naturels, ou encore figuratifs ; teintés de vert pastel, de rose corail, de doré ou d’argenté… une grande variété de matériaux et de techniques résultant dans une œuvre délibérément achronique, faisant fi des périodes pour réécrire une histoire matérielle subjective et composite. Cette proposition de la Verrière, lieu d'exposition de la fondation d’entreprise Hermès, inaugure un nouveau cycle d’expositions personnelles “augmentées”, partant du travail d’un artiste pour y agréger des œuvres d’auteurs divers. En discussion avec le commissaire Joël Riff, Marion Verboom présente ainsi aux côtés des siennes des pièces de la peintre contemporaine Maud Maris, du plasticien britannique de renom Richard Deacon ou encore de Henri Laurens, sculpteur majeur du début du 20e siècle.

 

“Marion Verboom, Chryséléphantine”, du 9 février au 22 avril 2023 à La Verrière, Fondation d'entreprise Hermès, Bruxelles.

Romeo Castellucci, “Tragedia Endogonidia film cycle #01 Cesena” (2002) (19'35"). Vidéo d'archive par Cristiano Carloni et Stefano Franceschetti Musique originale de Scott Gibbons Socìetas Raffaello Sanzio. Photo : Luca Del Pia 
Romeo Castellucci, “Tragedia Endogonidia film cycle #01 Cesena” (2002) (19'35"). Vidéo d'archive par Cristiano Carloni et Stefano Franceschetti Musique originale de Scott Gibbons Socìetas Raffaello Sanzio. Photo : Luca Del Pia
Romeo Castellucci, “Tragedia Endogonidia film cycle #01 Cesena” (2002) (19'35"). Vidéo d'archive par Cristiano Carloni et Stefano Franceschetti Musique originale de Scott Gibbons Socìetas Raffaello Sanzio. Photo : Luca Del Pia

8. Au-delà : les rituels dans l'art au cœur d'une exposition à Lafayette Anticipations

 

 

La notion de rituel obsède de nombreux artistes depuis des siècles. Entre cérémonies religieuses, pratiques ésotériques solitaires, ou encore réunions nocturnes pour procéder à des rites païens, les ressources ne manquent pas de diversité pour nourrir les pratiques. Baptisée “Au-delà. Rituels pour un nouveau monde”, la nouvelle exposition collective de Lafayette Anticipations explore de façon non-exhaustive cette obsession historique à travers plusieurs aspects, tels que les représentations de créatures divines, des hommages à la fertilité, à la nature et au renouvellement des cycles, ou encore des restitutions de l’expérience partagée de la transe. Opérant des ponts assumés entre les époques et les médiums, cette exposition réunit aussi bien des vidéos du metteur en scène Roméo Castellucci et une création sonore de Kali Malone, tous deux figures contemporaines bien vivantes, qu’une sculpture d’Eva Hesse et une peinture de Wilfredo Lam, artistes majeurs du 20e siècle, en passant par un ouvrage de la nonne guérisseuse et musicienne Hildegarde de Bingen, figure majeure du Moyen Âge. L’exposition dévoile également plusieurs productions inédites comme une installation de Bianca Bondi ou encore un totem signé Michèle Lamy.

 

“Au-delà. Rituels pour un nouveau monde”, à partir du 15 février 2023 à Lafayette Anticipations, Paris 4e.

Pippa Garner, “Un(tit)led (Man with Kar-Mann)” (1969-1972). Courtesy de l’artiste et STARS Gallery. Pippa Garner, “Un(tit)led (Man with Kar-Mann)” (1969-1972). Courtesy de l’artiste et STARS Gallery.
Pippa Garner, “Un(tit)led (Man with Kar-Mann)” (1969-1972). Courtesy de l’artiste et STARS Gallery.

8. Pippa Garner, une artiste transgressive exposée au Frac Lorraine

 

 

Transgressive et visionnaire, Pippa Garner creuse son sillon dans le monde de l’art depuis cinquante ans, tout en restant hors des circuits institutionnels. Pourtant, l’œuvre protéiforme de cette artiste âgée de 81 ans était, dès ses débuts dans les années 70, extrêmement contemporaine : escarpins augmentés de roulettes, vestes de costume découpées pour devenir des crop tops à l’orée des années 80, bien avant que la tendance n’émerge au grand jour quelques décennies plus tard, automobiles fusionnées avec le corps humain ou pissotière à clitoris… Entre néo-dadaïsme et néo-surréalisme, les objets, sculptures et nombreuses photographies de l’Américaine jouent avec les normes de genre, les dynamiques et langages nouveaux générés par la société de consommation. L’artiste a également mis en scène son corps transgenre à une époque où le sujet était encore très tabou, et même anticipé les désastres écologiques à venir en détruisant et recyclant nombre de ses œuvres. Le Frac Lorraine introduit la pratique de cette artiste au public français dans une exposition personnelle où cette dernière convoque le travail d’Adelhyd van Bender et Claire Pentecost, avec lesquels elle partage une pratique inclassable et obsessionnelle dans le prolongement de l’art conceptuel.

 

Pippa Garner, du 17 février au 20 août 2023 au Frac Lorraine, Metz.

Liv Schulman, “Le Goubernement, Épisode 2”. Capture vidéo © ADAGP, Paris. 2023 – Courtesy de l’artiste, Bemis Center for Contemporary Arts, Omaha, Nebraska, États-Unis. Liv Schulman, “Le Goubernement, Épisode 2”. Capture vidéo © ADAGP, Paris. 2023 – Courtesy de l’artiste, Bemis Center for Contemporary Arts, Omaha, Nebraska, États-Unis.
Liv Schulman, “Le Goubernement, Épisode 2”. Capture vidéo © ADAGP, Paris. 2023 – Courtesy de l’artiste, Bemis Center for Contemporary Arts, Omaha, Nebraska, États-Unis.

9. Liv Schulman dévoile sa mini-série grinçante au Frac Bretagne

 

 

En octobre dernier, lors de la première édition de la foire Paris+ par Art Basel, la galerie Anne Barrault présentait dans l’enceinte du Grand Palais Ephémère un stand mémorable. Tabourets en papier mâchés, sculptures molles, matelas teintés à la javel prolongeaient le décor du film diffusé au centre. Comme le montrait cette installation, l'artiste argentine Liv Schulman utilise sa pratique multi-médiums pour questionner, non sans second degré, les codes et clichés de notre société. Lors du premier confinement en 2020, la jeune femme entame une mini-série aux airs de mise en abyme du monde du cinéma : acteurs, scénaristes et producteurs y sont réunis pour tourner un film d’horreur où rien ne se passe comme prévu. S'écrit alors un récit ponctué de scènes improbables voire dérangeantes, telles que l’engloutissement ou la régurgitation d’une matières visqueuse, où l’artiste n’hésite pas à faire référence, dans la réalisation et le montage, aux émissions de télévision. Au Frac Bretagne, la trentenaire réunit les deux saisons de ce projet et les diffuse dans des environnements composés pour l’occasion, à l’image de son stand solo au sein de la foire d’art contemporain. Entre expériences vécues par les communautés LGBTQ+, rapports de domination socio-professionnels, questionnements autour de la masculinité ou encore tyrannie du bien-être, son projet Brown, Yellow, White and Dead se fait l’écho d’une génération en proie au doute, désireuse d’ébranler les schémas au sein desquels elle s’est construite.

 

“Liv Schulman, ADIDAS, JENNIFER, ARIEL, WOOLITE, LE CHAT, LA CROIX, LE TEMPS, LA SANGSUE, LES PROBLÈMES, LA TRANSFORMATION, L’ENNUI”, du 3 février au 14 mai 2023 au Frac Bretagne, Rennes.

Joanna Piotrowska, “Sans titre” (2016) 27 x 21 cm, tirage gélatino argentique. © Joanna Piotrowska. Courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne. Joanna Piotrowska, “Sans titre” (2016) 27 x 21 cm, tirage gélatino argentique. © Joanna Piotrowska. Courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne.
Joanna Piotrowska, “Sans titre” (2016) 27 x 21 cm, tirage gélatino argentique. © Joanna Piotrowska. Courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne.

10. Les images absurdes de la photographe Joanna Piotrowska au Bal

 

 

Jeunes hommes passant leurs jambes au-dessus de leur tête, jeunes femmes en noir enlacées dans un moment de tendresse, ou modèles nichés dans des cabanes de fortune construites à partir de mobilier d’appartement… Depuis 2014, les photographies de Joanna Piotrowska déroulent une chorégraphie des corps dans l’intimité de l’espace domestique. D’apparence sans artifices, réalisées au flash et en noir et blanc, celles-ci examinent le langage corporel à travers des scènes de contorsion, des gros plans sur des membres spécifiques ou encore des des interactions et situations aux confins de l’absurde, qui ne sont pas sans rappeler l’œuvre de l’Allemand Erwin Wurm. Présentée récemment dans l’exposition principale de la 59e Biennale de Venise, ou encore à la Biennale de Lyon à l’automne, l’artiste polonaise d’une trentaine d’années connaît depuis quelques mois une visibilité considérable. Au Bal, elle présente désormais sa première exposition personnelle en France, où son œuvre performative et expressive se déploie à travers ses projets principaux tels que sa première série, explorant les dynamiques de la société à travers la mise en scène d’une famille étonnante, ou encore une série inédite dévoilée pour l’occasion, où l’artiste a extrait des éléments des négatifs de son enfance pour recomposer un album photos étonnant et mystérieux.

 

Joanna Piotrowska, “Stable Vices”, du 16 février au 21 mai 2023 au Bal, Paris 18e. Un catalogue d'exposition est désormais disponible, éd. MACK et Le Bal.