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21 8 octobre 1986 : le jour où Jeff Koons s’imposa à New York

8 octobre 1986 : le jour où Jeff Koons s’imposa à New York

Art

Le mercredi 8 octobre 1986, à New York, commençait enfin l’exposition pour laquelle toutes les grandes galeries de Soho s’étaient battues…

Illustration par Soufiane Ababri Illustration par Soufiane Ababri
Illustration par Soufiane Ababri

Leo Castelli, Mary Boone, la galerie Marlborough, Ileana Sonnabend : tous espéraient, dans un marché dominé par le néo-expressionisme européen, saisir l’aubaine d’une nouvelle génération d’artistes américains qui exposaient essentiellement dans de jeunes galeries de l’East Village, la plupart d’ailleurs créées et dirigées par des artistes. La galerie Nature Morte (créée en 1982 par Alan Belcher et Peter Nagy), la galerie International With Monument (créée en 1984 par Meyer Vaisman) exposaient une nouvelle scène qui n’avait pas encore de nom mais avait su déjà faire venir critiques d’art et collectionneurs.

 

 

Préparez-vous aux nouvelles stars de l’art”, se réjouit Paul Taylor dans le New York Magazine.

 

 

C’est finalement à la galerie Sonnabend qu’eut lieu l’exposition qui avait pour titre les noms des quatre jeunes artistes : Meyer Vaisman, Ashley Bickerton, Peter Halley et Jeff Koons. Vaisman exposait des sculptures et tableaux ornés de sièges de toilettes recouverts de tissus géométriques, Bickerton, Wall-Wall, ses peintures devenues objets pop, Halley, ses explorations picturales géométriques composées de cellules reliées entre elles par des conduits et, last but not least, Koons qui présentait pour la première fois son Rabbit en Inox. La presse fut unanime. “L’exposition de groupe très attendue à la galerie Sonnabend, 420 West Broadway, près de Spring Street, met en lumière certains des jeunes talents les plus brillants de la scène artistique d’East Village,écrivit Roberta Smith dans le New York Times. Leur travail annonce le retour d’un art américain authentique, fermement enraciné dans la tradition pop-minimale-conceptuelle. Rafraîchissant, il supplante clairement les abus du néo-expressionnisme, et son émergence est certainement l’un des événements les plus médiatisés de cette décennie encline à l’exubérance.” “Préparez-vous aux nouvelles stars de l’art”, se réjouit Paul Taylor dans le New York Magazine dans lequel, une semaine plus tard, Kay Larson titra son article à propos de l’exposition : “Masters of Hype”.

 

Cette scène sans nom ne tarda pas a être décrite par les uns et les autres de diverses manières : simulationnistes (en référence à l’ouvrage de Jean Baudrillard, Simulacres et Simulation, paru en 1981 et traduit en anglais en 1983), néo-conceptuels, néo-pop, smart art... mais c’est néo-géo qui s’imposera finalement, décrivant une scène bien plus large que les quatre artistes de l’exposition de la galerie Sonnabend, et qui au fil du temps qualifiera essentiellement des artistes peintres prolongeant l’histoire de l’abstraction.