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24 NEW YORK - MARCH 09: Artist Marina Abramovic performs during the "Marina Abramovic: The Artist is Present" exhibition opening night party at The Museum of Modern Art on March 9, 2010 in New York City. (Photo by Bennett Raglin/WireImage)

Marina Abramović rejoue sa performance “The artist is present” au bénéfice de l'Ukraine

Art

À l’occasion de sa neuvième exposition personnelle, “Performative” à la Sean Kelly Gallery, à New York, Marina Abramović rejoue sa célèbre performance de 2010, The Artist is Present, lors de deux sessions exceptionnelles. Les recettes des deux places, mises aux enchères via la plateforme Artsy, seront reversées à l’association Direct Relief pour soutenir l'Ukraine.

Près de 1400 personnes. Tel est le nombre de visiteurs qui se sont assis face à Marina Abramović lors de sa performance The Artist is Present en 2010. Pendant trois mois au total, huit heures par jour et six jours par semaine, l'artiste serbe restait assise en robe rouge sur une chaise, sans manger ni boire, devant les spectateurs qui se succédaient de l'autre côté de la table en bois, sans un mot. Devant ce tableau vivant mais silencieux, certains restaient quelques minutes, d’autres plusieurs heures. Si la séquence puissante entre l'artiste et son ex-compagnon et collaborateur Frank Uwe Laysiepen (dit Ulay), venu à son tour affronter son regard, a marqué les mémoires, un documentaire réalisé par Matthew Akers a fait entrer cette performance dans les annales, au point que celle-ci devienne l'une des œuvres les plus populaires de l'artiste révélée dans les années 70. Douze ans après l'avoir dévoilée au public, Marina Abramović rejoue The Artist is Present à New York et met deux places aux enchères pour collecter des fonds en soutien à l'Ukraine.

 

Car pour l'artiste serbe, l’intime d’une performance est politique. Née en ex-Yougoslavie en 1946, Marina Abramović avait pour parents des leaders communistes impliqués dans l’offensive de Belgrade, visant à reconquérir la ville détenue par la Wehrmacht lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est dans cet esprit d’engagement que l’artiste a construit sa vie et son œuvre. En octobre 2021, elle a notamment érigé un mémorial public à Babyn Yar (Kiev) où des milliers de juifs furent exécutés par les Nazis durant la guerre. Un an plus tard, l’artiste dénonçait les exactions russes dans une vidéo publiée le 24 février : “L'année dernière, j'ai travaillé en Ukraine et j'ai appris à connaître les gens là-bas…Je suis pleinement solidaire d'eux en ce jour impossible. Une attaque contre l'Ukraine est une attaque contre nous tous. C'est une attaque contre l'humanité et il faut y mettre fin.

Lorsqu’on lui demande quel héritage elle a laissé dans l’art contemporain, Marina Abramović répond 3la performance de longue durée” mais surtout la “re-performance”, c’est-à-dire “le fait qu’on puisse performer à nouveau des pièces historiques pour leur donner une nouvelle vie. Jusqu'au 16 avril à New York, sa neuvième exposition personnelle à la Sean Kelly Gallery, “Performative”, poursuit dans cette lignée en revisitant des performances historiques réalisées au fil d'une cinquante d'années de carrière, afin de les introduire à de nouveaux publics. Seront ainsi présentées Rhythm 10 (1973), The Great Wall Walk (1988), The Seven Deaths (2020) et The Artist is Present (2010).

 

Le point fort de l’exposition réside dans la “re-performance” de la dernière, dont les bénéfices seront reversés à l’association Direct Relief pour soutenir l’Ukraine. Les mêmes chaises utilisées au MoMA se font face tandis que les murs présentent des séquences vidéo filmées dans le musée à l'époque, faisant le lien, comme un voyage dans le temps, à l’expérience de la performance originale. Dans un cadre plus intimiste, The Artist is Present : A Benefit Auction for Ukraine rappelle le lien qui unit l’artiste à son public. Seulement deux places sont mises aux enchères via la plateforme Artsy jusqu’au 25 mars, soulignant l'aspect unique de sa performance : l'une, pour un participant seul, commence à 4000 dollars et l'autre, pour deux participants, commence à 5000. Le photographe Marco Anelli, collaborateur de l’artiste de longue date sera présent comme il l’avait fait en 2010, pour immortaliser les rencontres. À l’issu de la perfomance, les enchérisseurs participants recevront une photographie signée par Abramović et Anelli ainsi qu’un exemplaire du livre publié par le photographe en 2021.

 

 

Marina Abramović, “Performative”, jusqu’au 16 avril à la Sean Kelly Gallery, à New York.