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18 Werner Herzog : 5 choses à savoir sur le cinéaste aux tournages impossibles

Werner Herzog : 5 choses à savoir sur le cinéaste aux tournages impossibles

Cinéma

Aventurier et légende vivante, Werner Herzog a su marquer l’histoire du cinéma d’une empreinte indélébile. De “Nosferatu, fantôme de la nuit(1979) à “Family Romance, LLC, son dernier long-métrage en salles ce mercredi, le cinéaste allemand grand amoureux de la nature a derrière lui une œuvre fleuve des plus intriguantes. A cette occasion, Numéro revient en 5 points sur celui que l’on surnomme “le cinéaste de l’impossible”.

Représentant du nouveau cinéma allemand des années 70 et 80 aux côtés de Rainer Werner Fassbinder et de Wim Wenders, Werner Herzog est l’un des réalisateurs les plus importants de la seconde moitié du 20e siècle. Dans son dernier film, Family Romance LLC, en salles le mercredi 19 août, le cinéaste habitué aux tournages à l’étranger embarque pour la première fois au Japon et présente l’histoire d’une entreprise proposant des services particuliers à Tokyo… À cette occasion, Numéro dresse en cinq points le portrait d'un cinéaste qui ne cesse de surprendre.

 

 

  • Werner Herzog : 5 choses à savoir sur le cinéaste aux tournages impossibles Werner Herzog : 5 choses à savoir sur le cinéaste aux tournages impossibles
Werner Herzog et Klaus Kinski lors du tournage du film “Aguirre, la colère Dieu” sorti en 1972. Werner Herzog et Klaus Kinski lors du tournage du film “Aguirre, la colère Dieu” sorti en 1972.
Werner Herzog et Klaus Kinski lors du tournage du film “Aguirre, la colère Dieu” sorti en 1972.

1.  Werner Herzog-Klaus Kinski, le duo le plus toxique du cinéma

 

Rencontrés pendant leur adolescence à Munich, l’acteur Klaus Kinski et Werner Herzog ont construit ensemble un véritable tandem passionnel au cinéma. Entre menaces de morts, tentatives de meurtres, désaccords sur les tournages, l’amour teinté de haine qu’éprouvent les deux hommes a ponctué leurs carrières respectives et a donné naissance à cinq collaborations, dont Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) avec l’actrice française Isabelle Adjani, Fitzcarraldo (1982) et Aguirre, la colère de Dieu (1972). Dans le documentaire Ennemis Intimes (1999), Werner Herzog retrace leur parcours ambivalent qui a tant fasciné le monde du cinéma.

 

 

 

Klaus Kinski dans “Fitzcarraldo“ (1982) de Werner Herzog. Klaus Kinski dans “Fitzcarraldo“ (1982) de Werner Herzog.
Klaus Kinski dans “Fitzcarraldo“ (1982) de Werner Herzog.

2. Un tournage qui a failli virer au meurtre

 

Connu pour ses tournages extrêmes, Werner Herzog a de nombreuses fois mis en scène ses acteurs dans des lieux insolites. Pour Fitzcarraldo, s’il souhaitait au départ embarquer Jason Robards dans le rôle principal et Mick Jagger dans le second rôle, ce sera Klaus Kinski qui se retrouvera perdu dans la forêt amazonienne, obsédé à l’idée d’y construire un opéra. En cinq semaines de tournage, le cinéaste allemand connait de nombreux périples qui mettent la vie de son équipe en danger – un crash d’avion mortifère, la chute d'une caméra qui manque de démembrer le chef opérateur, une morsure de serpent qui tourne au drame – mais ne l'empêchent pas de poursuivre son travail. En allant encore plus loin dans l'extrême, Werner Herzog tourne une scène sans trucage dans laquelle un bateau se hisse sur une colline grâce à la force physique des figurants indigènes. Ces derniers et l'équipe technique sont alors menacés d'être écrasée sous le poids du véhicule.

 

 

 

Werner Herzog pour “Fireball”. ©Apple TV Werner Herzog pour “Fireball”. ©Apple TV
Werner Herzog pour “Fireball”. ©Apple TV

3. Il a réalisé plus de 20 documentaires

 


Si le travail de Werner Herzog est internationalement reconnu, ce n’est pas seulement pour ses films aux tournages impossibles. À l'instar de ses oeuvres de fictions, le réalisateur dépeint des histoires rocambolesques et des héros grandioses dans ses documentaires. Dans Grizzly Man, un long-métrage – récompensé de l'Independant Spirit Award du meilleur film documentaire en 2006 – qu'il décrit comme “une incompréhension tragique à l'état sauvage”, il retrace la vie d’un homme engagé dans la protection des ours sauvages qui est mort tué par l'un entre eux. Avec La Soufrière, court-métrage sur le volcan du même nom en activité situé sur l’île de la Guadeloupe ou Into The Abyss, un projet intense où il analyse un fait divers survenu en 2001 aux États-Unis, Werner Herzog continue ses expéditions extrêmes à travers le globe pour nous offrir des histoires où la réalité dépasse la fiction. “Je ne suis jamais réellement ce que j'écris”, explique le cinéaste allemand concernant son travail. “C'est frauduleux. C'est falsifié et cela a un certain but.” Énième preuve de sa légitimité en tant que réalisateur de documentaires, Apple TV vient d'acheter les droits de son prochain film intitulé Fireball.

Werner Herzog dans “The Mandalorian”. ©Disney + Werner Herzog dans “The Mandalorian”. ©Disney +
Werner Herzog dans “The Mandalorian”. ©Disney +

4. Il est à l'affiche de The Mandalorian

 

Pour le réalisateur Jon Favreau (Iron Man, Le Roi Lion), le cinéaste allemand est passé devant la caméra. C’est dans la série exclusive de Disney +, The Mandalorian, que Werner Herzog prête ses traits à l’un des personnages principaux, le Client. Il n’est pas le seul réalisateur à faire partie des acteurs de la série puisque l’on retrouve Taika Waititi – qui a remporté l'Oscar du meilleur scénario adapté cette année avec Jojo Rabbit – et Richard Ayoyade (The Double) au casting. Cependant pour Werner Herzog, Star Wars n’évoque rien. Il avoue au magazine Variety n’avoir vu aucun des long-métrages de la saga. “Ça ne devrait pas vous énerver que je n’aie pas vu les films Star Wars. En réalité je vois très peu de films. Je lis. Je vois deux, trois peut-être quatre films par an.” Il estime tout de même que The Mandalorian présente ce que le cinéma fait de mieux. The Mandalorian est ce que le cinéma peut faire de meilleur. Dans la plupart des grands films de science-fiction, les acteurs se comportent comme des robots devant des écrans verts, sans que le spectateur ait accès au monde dans lequel il évolue. Là, les acteurs visualisent cet univers et la caméra le saisit […] C’est aussi un monde rempli de fantasmes, plein de rêves fébriles, de nouveaux personnages inattendus, c’est donc une merveilleuse possibilité pour le cinéma.”

 

 

”Tannhäuser” de Richard Wagner, mise en scène par Werner Herzog, 2001. © G. M. Murillo ”Tannhäuser” de Richard Wagner, mise en scène par Werner Herzog, 2001. © G. M. Murillo
”Tannhäuser” de Richard Wagner, mise en scène par Werner Herzog, 2001. © G. M. Murillo

5. L'opéra comme grande passion

 

Son amour de l’art lyrique, le cinéaste le rélève dans l'intrigue de Fitzcarraldo où il fusionne son amour de la nature avec celui de la musique wagnerienne. Trois ans après la sortie de cette quatrième collaboration avec Klaus Kinski, Werner Herzog se lance dans la mise en scène d’opéras. Depuis la sortie de Doktor Faust – son premier opéra – en 1985, le cinéaste a monté plus d’une vingtaine de pièces lyriques à travers le monde. En 1993, l’Opéra Bastille voit pour la première fois de son histoire une œuvre de Richard Wagner montée dans son enceinte grâce à Werner Herzog. En secouant la programmation de l’Opéra Bastille, Le Vaisseau Fantôme fait accroître la crédibilité du réalisateur comme metteur en scène d'opéras.

 

 

Family Romance, LLC (2020) de Werner Herzog, en salle mercredi.