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23 Scandale aux funérailles d’Elvis et bagarres sur les tournages… les dessous du mythe Bill Murray

Scandale aux funérailles d’Elvis et bagarres sur les tournages… les dessous du mythe Bill Murray

Cinéma

Dans sa courte biographie “Bill Murray – Commencez sans moi” publiée aux éditions Capricci, le journaliste et critique de cinéma Yal Sadat tente de cerner la personnalité singulière de l’acteur de “SOS Fantômes” (1984) et “Lost in Translation” (2003), à travers une série d’anecdotes hautes en couleur.

Bill Murray dans “Lost in Translation” (2003) de Sofia Coppola © Focus Features Bill Murray dans “Lost in Translation” (2003) de Sofia Coppola © Focus Features
Bill Murray dans “Lost in Translation” (2003) de Sofia Coppola © Focus Features

“Plus on décrit, on analyse et on explique un personnage, et plus il vous échappe” affirmait le réalisateur Don Siegel à propos du rôle interprété par Clint Eastwood dans son film L’Évadé d’Alcatraz (1979), présenté par le journaliste Yal Sadat à la Cinémathèque française en septembre dernier. Au moment d’entamer une biographie de Bill Murray, Yal Sadat se trouve lui aussi devant un personnage difficile à cerner. Publié il y a quelques jours aux éditions Capricci, le fruit de son travail intitulé Bill Murray – Commencez sans moi révèle que le journaliste a trouvé la parade : raconter sous un angle inédit différents épisodes de la carrière de l’acteur, en maniant l’art du storytelling, sans jamais s'encombrer de longues analyses dont le lecteur, amateur ou cinéphile, se chargera lui-même.

 

Été 1977. Tous les regards sont tournés vers Bill Murray. Pas à cause de sa célébrité – la carrière de l’acteur n’en est encore qu’à ses balbutiements – mais parce qu’il est en train de piétiner sans s’en rendre compte la tombe de la mère d’Elvis Presley lors des funérailles nationales du “King” à Memphis, auxquelles l’acteur a réussi à s’incruster en profitant d’une trouée dans un barrage de police. Hilarante et burlesque, l’anecdote en ouverture de la biographie donne le ton pour le reste de l’ouvrage. La vie de Bill Murray verra s’entasser un tas d’autres scènes tout aussi invraisemblables, qui font aujourd’hui l’objet d’un véritable culte sur Internet et les réseaux sociaux

Bill Murray dans "Le Golf en folie" (1980) de Harold Ramis © Orion Pictures Bill Murray dans "Le Golf en folie" (1980) de Harold Ramis © Orion Pictures
Bill Murray dans "Le Golf en folie" (1980) de Harold Ramis © Orion Pictures

Dans la plus pure tradition existentialiste – courant philosophique introduit par Jean-Paul Sartre que Bill Murray connaît bien pour l’avoir étudié à la Sorbonne – l’acteur issu d’une banlieue populaire du nord de Chicago s’est toujours interrogé le sens donner à sa vie et par conséquent, à sa carrière. Laisser libre cours à un formidable potentiel dramatique éclipsé par les débuts comiques de l’acteur au sein de la troupe du Saturday Night Live ? Accepter les rôles qu’on lui offre dans des comédies potaches comme Le Golf en folie (1980) – inspiré de son propre passé en tant que caddie pour les clients fortunés d’un club de golf ? Si les questions envahissent sa pensée, Bill Murray a toujours évité les plans de carrière, sa feuille de route étant sans cesse perturbée par son penchant incontrôlable pour l’improvisation. 

 

Le portrait dessiné par Yal Sadat laisse même apparaître une drôle de capacité de l’acteur à s’auto-saborder. Sans succès. Malgré des retraites dans une maison de campagne du Wisconsin, en Inde ou à Paris, l’acteur devient une star hollywoodienne grâce aux succès de SOS Fantômes (1984) et d’Un jour sans fin (1993) réalisé par Harold Ramis. Un camarade de longue date poussé à bout par le caractère imbuvable de Bill Murray, qui, pour rétablir la conversation avec son réalisateur après une violente altercation, engage une jeune intermédiaire... sourde-muette. Ses coups de sang à répétition, sa fâcheuse habitude de réécrire les scripts dans le dos des réalisateurs, d’improviser sans prévenir les autres acteurs ou de se pointer en retard sur les plateaux de tournages contribuent contre toute attente à faire de Bill Murray un “électron libre” apprécié par le public et les studios hollywoodiens. 

 

La seconde partie de carrière de Bill Murray – qui traîne son personnage de quinquagénaire mélancolique derrière les caméras des réalisateurs américains les plus branchés comme Wes Anderson (Rushmore, La Vie aquatique), Sofia Coppola (Lost in Translation) et Jim Jarmusch (Broken Flowers) – occupe quant à elle une place assez minime dans le lot de surprises et d’anecdotes offert par la biographie de Yal Sadat. Et pour cause, malgré les nombreux efforts consentis par l’acteur pour fuir une célébrité qu’il abhorre, tout le monde la connait déjà.

 

"Bill Murray – Commencez sans moi” (2020) de Yal Sadat, éditions Capricci. Disponible