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19 De “True Grit” à “The Rider” : 5 westerns contemporains à (re)voir absolument

De “True Grit” à “The Rider” : 5 westerns contemporains à (re)voir absolument

Cinéma

Prenant place au cœur de paysages sublimes, l’intrigue du western est dominée par la question de l'espace. La nature, hostile ou salutaire, y devient un théâtre où se rejoue le destin fragile de l’homme qui, installé sur une terre vierge, s'apprête à tout recommencer… À l’occasion de la diffusion de The Rider de Chloé Zhao ce mercredi à 23h30 sur Arte, Numéro est revenu sur cinq westerns contemporains à (re)voir, pour plonger dans l’immensité du Far West, et dans toutes les histoires qu’il inspire.

Orion Lee et John Magaro dans "First Cow" (2019) de Kelly Reichardt. Orion Lee et John Magaro dans "First Cow" (2019) de Kelly Reichardt.
Orion Lee et John Magaro dans "First Cow" (2019) de Kelly Reichardt.

1. First Cow (2019) de Kelly Reichardt

 

Dans l’Oregon du XIXe siècle, un cuisinier débrouillard et un immigré chinois s’associent pour réaliser une entreprise périlleuse. Les deux compagnons de fortune décident de dérober le lait de la seule vache du coin – possédée par un grand propriétaire terrien – pour faire des gâteaux et les vendre à travers la ville. Réalisé en 2019, le film de Kelly Reichardt dresse un portrait tendre de la détresse sociale de deux outsiders, qui mènent leur barque en marge d’une société américaine sans merci, un royaume où la réussite financière en laisse plus d’un sur le bas-côté. Le film, qui sera disponible sur Mubi à partir du 9 juillet, sortira en salles le 27 octobre prochain. La réalisatrice, quant à elle, fera l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne.

2. Les Frères Sisters (2018) de Jacques Audiard

 

Si l’art du western semble purement américain, ce n’est pas une raison pour qu’un Français ne s’y essaye pas. En 2018, le cinéaste Jacques Audiard décide d’adapter Les Frères Sisters, un roman de Patrick DeWitt publié en 2011. Aux environs des années 1820, Eli Sisters (John C. Reilly) et Charlie Sisters (Joaquin Phoenix) sont engagés pour enlever un chimiste qui détient une formule permettant de dénicher l’or dans les rivières. Ils sont aidés par John Morris, un détective chargé d’attirer le chimiste dans les griffes des tueurs… Mais alors que les deux hommes apprennent à se connaître, ils se lient d’amitié et décident de s’enfuir avec l’or pour créer un phalanstère (une sorte d’hôtel coopératif) afin de fonder une communauté harmonieuse. Le long-métrage, sorte de voyage initiatique au casting cinq étoiles, vaudra à Jacques Audiard un Lion d’or à la Mostra de Venise et un César du “meilleur réalisateur”.

Brady Jandreau dans "The Rider" (2018) de Chloé Zhao. Brady Jandreau dans "The Rider" (2018) de Chloé Zhao.
Brady Jandreau dans "The Rider" (2018) de Chloé Zhao.

3. The Rider (2017) de Chloé Zhao

 

Avant Nomadland, son film qui a raflé trois Oscars – dont celui du “meilleur film“ –, Chloé Zhao était déjà friande d'horizons infinis. Comme son premier long-métrage, Les chansons que mes frères m’ont apprises (2015), The Rider a été tourné dans une réserve sioux du Dakota du Sud. Si la réalisatrice rend hommage aux classiques du western avec de grandes chevauchées sauvages et des chapeaux de bonne facture, elle dresse aussi un portrait fidèle des problématiques sociétales de l’Amérique contemporaine. Brady Blackburn (Brady Jandreau) est un jeune espoir du rodéo, vivant dans un mobile-home avec son père accro au jeu et sa sœur handicapée. Alors que sa monture le projette en avant, il se blesse grièvement à la tête. Coincé entre sa passion et une vie de convalescent, le jeune homme – inspiré par l’histoire vraie de l’acteur principal – voit sa vie basculer. Le film, diffusé ce mercredi soir à 23h30 sur Arte, offre un regard subtil d’une cinéaste oscarisée sur la précarité, et la détresse psychologique et sanitaire.

4.The Homesman (2014) de Tommy Lee Jones

 

Acteur incontournable du XXe siècle, Tommy Lee Jones achève en 2014 son quatrième film en tant que réalisateur, The Homesman. Dans les paysages glaciaux du Nebraska, un révérend cherche un volontaire pour emmener trois femmes – déclarées folles – dans une paroisse de l’Iowa. Le voyage, qui implique de traverser une chaîne de montagnes jalousement gardés par Indiens et brigands, s’annonce dangereux voire suicidaire… mais c’est sans compter sur la bravoure de Mary Ben Cuddy (Hilary Swank), une pionnière célibataire, qui se dévoue pour accomplir la tâche périlleuse, portée par une foi en Dieu inébranlable. Peu avant son départ, elle recueille un vieil homme (Tommy Lee Jones) échappé de justesse à une pendaison : pour 300 dollars, il accompagne la téméraire dans son périple. Le film, sorte de huis-clos à ciel ouvert retraçant les aventures de ces cinq compagnons de route improbables, a été salué pour sa distribution féminine.

Hailee Steinfield dans "True Grit" (2010) de Joel et Ethan Coen. Hailee Steinfield dans "True Grit" (2010) de Joel et Ethan Coen.
Hailee Steinfield dans "True Grit" (2010) de Joel et Ethan Coen.

5. True Grit (2010) de Joel et Ethan Coen

 

Nous sommes en 1870. Juste après la guerre de Sécession, une jeune orpheline de 14 ans, Mattie Ross (Hailee Steinfield) compte bien sauver l’honneur de son père, lâchement abattu par l’un de ses employés. Pour mener à bien sa vengeance, elle engage Rooster Cogburn (Jeff Bridges), U.S. Marshall un peu trop porté sur la boisson… Puis, sur le chemin, ils rencontrent LaBœuf (Matt Damon), un tueur à gages qui piste le même homme que le vieillard et l’adolescente. Le film, nommé dans dix catégories aux Oscars 2011 – dont celle du “meilleur film” –, est une seconde collaboration artistique magistrale des frères Coen avec l’acteur Jeff Bridges, après The Big Lebowski (1998). La bande-originale est, quant à elle, signée par Carter Burwell, compositeur fétiche des deux réalisateurs : en 2021 il signera également la bande-originale du premier film solo réalisé par Joel Coen, The Tragedy of Macbeth.

Bonus : Westworld (2016) de Jonathan Nolan et Lisa Joy

 

Dans un futur proche, un parc d’attractions ultra réaliste recrée l’univers du Far West, entièrement peuplé par les “hôtes”, des robots humanoïdes qui ressemblent à s’y méprendre à des habitants du XIXe siècle. Entre les cabarets douteux et les chasses à l’homme, les visiteurs, moyennant finance, peuvent profiter de ce parc à thème dérangeant pour assouvir toutes leurs pulsions. Lors d’un enterrement de vie de garçon, deux hommes se retrouvent pris dans une des boucles narratives exécutées par les hôtes, et découvrent que certains d’entre eux semblent avoir développé une conscience propre. Outre la performance glaçante d’Anthony Hopkins en capitaine d’industrie au charisme magnétique, Westworld pose la question éthique de ce qui constitue notre humanité, entre les souvenirs, la bonté ou même l’amour…

 

The Rider (2017) de Chloé Zhao, à voir ce mercredi 19 mai sur Arte à 23h30.