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The Chronology of Water : que vaut le film choc réalisé par Kristen Stewart ?
L’actrice américaine Kristen Stewart a présenté son premier long-métrage The Chronology of Water, inspiré par la vie troublée d’une romancière américaine, au festival de Deauville, après l’avoir dévoilé au Festival de Cannes en mai dernier. On retrouve l’Anglaise Imogen Poots dans le rôle principal, mais aussi la chanteuse culte Kim Gordon dans ce film dur, mais percutant qui a reçu le Prix de la Révélation à Deauville et qui sort au cinéma le 15 octobre 2025.
par Violaine Schütz,
et La rédaction.
The Chronology of Water de Kristen Stewart présenté à Cannes et à Deauville
Révélée dans Twilight en 2007, l’actrice américaine Kristen Stewart ne cesse de prendre ses distances avec la jeune et mutique Bella Swan qu’elle incarnait aux côtés de son petit ami Robert Pattinson. À 35 ans, elle est désormais très pointilleuse quant à ses choix de carrière, n’estimant par le passé n’avoir fait que cinq très bons films.
Après des rôles dans des longs-métrages signés Woody Allen, Ang Lee, Dravid Cronenberg, Kelly Reichardt ou Olivier Assayas (Personal Shopper, Sils Maria), l’actrice passe derrière la caméra avec le film The Chronology of Water (2025).
Le film, qui a mis huit ans à voir le jour, a été présenté pour la première fois sur la Croisette au Festival de Cannes 2025, en mai dernier, dans la sélection Un Certain Regard. Et Kristen Stewart était aussi présente au Festival du cinéma américain de Deauville, en septembre 2025, pour le défendre. Elle est repartie avec le Prix de la Révélation pour ce long-métrage dur, visqueux et extrême, mais témoignant d’un vrai talent de réalisatrice.

L’adaptation d’un livre cru
L’actrice de Love Lies Bleeding passe un nouveau cap dans sa carrière en s’attelant à un projet ambitieux. Kristen Stewart a adapté le livre de la romancière américaine Lidia Yuknavitch, The Chronology of Water (La mécanique des fluides en français). L’héroïne de Spencer, le biopic sur Lady Diana, avait expliqué à Deadline à propos de ce projet soutenu par Scott Free, la société de Ridley Scott : « Les mémoires de Lidia parlent des expériences corporelles de façon radicale. Réussir à rendre cela à l’écran me paraît vital, savoir montrer cette impulsion… Il faut absolument que ça devienne un film.«
L’ouvrage choc, très cru, publié en 2011 raconte la vie de l’écrivaine, née dans une famille difficile. Son père abusait d’elle et de sa sœur. Et sa mère, alcoolique, fermait les yeux. Accro à la drogue et à l’alcool, la jeune femme parvient finalement à entrer à l’université, grâce à ses prouesses en natation. Puis, elle trouve refuge dans la littérature et l’écriture.
Un film fissuré, comme son héroïne
Le film, très arty et atypique, contient lui aussi des scènes dérangeantes, notamment autour de la drogue, du sexe et du bondage. On y voit l’héroïne traverser de nombreuses épreuves, notamment l’accouchement d’un bébé mort-né. Non linéaire, audacieux et très fragmenté, il dépeint des traumatismes féminins de manière très sensorielle et originale, en provoquant parfois un certain malaise chez le spectateur.
Dans sa forme fracassée, il entend raconter de manière symbolique les dommages pernicieux de l’inceste (les scènes d’agressions restant quant à elles hors champ). Le long-métrage est en fait autant éparpillé et fissuré que son héroïne. Entre flashbacks, extraits de carnets lus ou imprimés à l’écran et images cryptiques, l’horreur de ce qu’a vécu la petite fille est retranscrit à l’écran avec beaucoup d’audace et de radicalité. Le spectateur est plongé en apnée dans les traumas de l’héroïne jusqu’à ce que, grâce au pouvoir des mots, elle sorte la tête de l’eau.
Imogen Poots, star du film choc de Kristen Stewart
Si Kristen Stewart impose son regard de cinéaste, l’actrice anglaise Imogen Poots (Vivarium, 28 Semaines plus tard, Need for Speed) confirme quant à elle son talent avec cette partition volcanique et écorchée qui évoque une Courtney Love de la littérature. Tourné en Lettonie et à Malte, The Chronology of Water met également en scène la chanteuse Kim Gordon, Thora Birch (American Beauty), Earl Cave (le fils de Nick Cave), Michael Epp, Susannah Flood et Jim Belushi.
Kristen Stewart ne joue par contre pas dans le film. Un geste qui signifie que l’actrice semble vouloir être réellement prise au sérieux de l’autre côté de la caméra. En 2017, elle était déjà passée de l’autre côté de la caméra avec un premier court métrage intitulé Come Swim. Inspiré par la peinture impressionniste, ce petit film retraçait ce qui passait dans le quotidien d’un homme en proie à la folie.
En 2020, la star a tourné son second court métrage grâce au projet Homemade initié par la plateforme Netflix pendant l’épidémie de Covid-19, à l’instar de Ladj Ly et de Paolo Sorrentino. Désormais, il faudra donc compter sur Kristen Stewart non seulement pour nous fasciner devant la caméra mais aussi, derrière.
The Chronology of Water de Kristen Stewart, au cinéma le 15 octobre 2025.