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Numéro
10 Plongée dans l’underground new-yorkais des années 2000 avec Dash Snow et Larry Clark

Plongée dans l’underground new-yorkais des années 2000 avec Dash Snow et Larry Clark

Cinéma

Le documentaire Moments Like This Never Last signé de l’Américaine Cheryl Dunn et diffusé en ce moment sur la plateforme Mubi, nous plonge dans l'intimité de Dash Snow, cette figure majeure – voire ultime – de l’underground ayant contribué à rendre ce courant légendaire. À 27 ans, il est mort comme il a vécu : jeune, libre, drogué et définitivement en marge. 

  • © Cheryl Dunn

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  • © Cheryl Dunn

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Dash Snow est entré dans le monde de l’art comme on tombe amoureux : par nécessité ou par faiblesse. Et il en est sorti de la même façon – la seconde motivation ayant fini, à la fin de sa carrière et jusqu’à sa disparition, par supplanter la première. “Nouveau Basquiat”, “enfant de Warhol”, “descendant de Nan Goldin”… les qualificatifs pleuvaient (et pleuvent toujours) sur cette figure majeure – voire ultime – de l’underground ayant contribué à rendre ce courant légendaire. À 27 ans, il est mort comme il a vécu : jeune, libre, drogué et définitivement en marge. 

 

Ceux qui ne connaissent pas son histoire découvriront, dans le documentaire Moments Like This Never Last signé de l’Américaine Cheryl Dunn et diffusé en ce moment sur la plateforme Mubi, ses jours et ses nuits d’ennui, d’errance et de défonce. Ils s’immisceront dans son intimité, scrutant à la loupe ses histoires d’amour, ses soirées entre amis et les marques de piqures dans le creux de ses bras. Ils iront même sans doute – et comme nous l’avons fait – jusqu’à “googler” chacun des noms qui lui sont associés – d’Agathe Snow, son ex-femme performeuse à Terence Koh, un ami et artiste canadien surnommé “asianpunkboy”. Dans tous les cas, à la fin du film, tous se demanderont comment ils avaient fait pour ignorer l’existence de cet être aussi désabusé que créatif.

 

Mais la réponse à cette question se trouve à l’intérieur du documentaire : Dash Snow est l’artiste undergound par excellence. Il a tenu à l’être, à le rester, et s’est même demandé ce qu’il foutait là lorsqu’il est venu présenter son travail dans quelques rares galeries. À l’époque, elle se battent toutes, pourtant, pour accueillir ce gamin paumé, né à New York en 1981 et qui a très vite mis au service du “collectif” ses errances et son talent pour le dessin. Toujours cagoulé, il laisse son empreinte un peu partout, marquant les rues et les rames de métro de la Grosse Pomme de graffitis et allant même jusqu’à taguer d’un “Sace” (sa signature) le Brooklyn Bridge. Par audace, par insolence et aussi par inconscience, il devient le premier à marquer l’édifice emblématique, dont la construction a été si périlleuse qu’elle a coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes. Presque pensé comme un long-métrage de fiction – tant les images d’archive et les interventions des proches de l’artiste s’enchaînent à la perfection –, Moments Like This Never Last dévoile la vie d’un jeune homme à la fois photographe, sculpteur, colleur et vidéaste, souffrant d’avoir grandi entre une mère absente (la soeur d’Uma Thurman) et un père accro à l’héroïne, un homme à la dérive avec qui, plus tard, il finira par partager ses fix. Et comme l’estime celui qui fut, un temps, son ami (peut-être même son rival ?), Larry Clark, c’est grâce à ces excès constants, assumés et délibérés que l’on parvient à faire de l’art.

 

Moments like this never last (2021) de Cheryl Dunn, disponible sur Mubi.