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07 Qui est Olivia Wilde, la réalisatrice qui va révéler Harry Styles au cinéma ?

Qui est Olivia Wilde, la réalisatrice qui va révéler Harry Styles au cinéma ?

Cinéma

Un pseudonyme emprunté au célèbre poète français, une carrière éclectique sur les petit et grand écrans, des seconds rôles auprès de grands acteurs et pour des réalisateurs reconnus, des débuts remarqués derrière la caméra... Olivia Wilde compte aujourd'hui parmi les figures féminines incontournables du cinéma américain. Retour sur le parcours étonnant de cette actrice et désormais réalisatrice.

  • Olivia Wilde dans Dr House

    Olivia Wilde dans Dr House Olivia Wilde dans Dr House

Elle s’est fait connaître grâce aux séries Newport Beach et Dr House

 

En août 2003, quatre ans avant de lancer Gossip Girl, la série qui le rendra célèbre, Josh Schwartz captive les adolescents américains puis français avec son teen drama ensoleillé Newport Beach – dont le manque de diversité évident gêne 17 ans plus tard. Le pitch est simple, mais très efficace à l'époque : la série suit les aventures de jeunes adolescents et de leurs parents fortunés entre villas luxueuses, cocktails mondains et grosses voitures dans le comté huppé d'Orange en Californie. Au milieu de ces personnages attachants bien que proches de la caricature, Olivia Wilde incarne Alex Kelly, la gérante mystérieuse et bisexuelle du Bait Shop, club où Seth Cohen, anti-héros geek et sarcastique, travaille quelque temps. Si elle n'apparaît que dans sept épisodes de la saison 2 (2004), Olivia Wilde séduit déjà par sa présence magnétique et son rôle, légèrement plus complexe et mystérieux que celui des héros de la série.

 

À partir de 2007, l'actrice new-yorkaise opère un retour remarqué sur le petit écran dans la série à succès Dr House. Aux côtés du cynique et cinglant Gregory House (interprété par Hugh Laurie), elle incarne pendant quatre saisons le personnage de Remy Hadley alias Thirteen, docteur du service de médecine diagnostique. Si sa vie est totalement différente de son personnage dans Newport Beach, Olivia Wilde incarne une fois de plus une jeune femme mystérieuse et secrète qui assume pleinement sa bisexualité. Elle quitte finalement la série au cours de l'avant dernière saison afin de se consacrer pleinement à une carrière au cinéma. Finalement, Olivia Wilde reviendra tout de même au petit écran en 2016 avec la série Vinyl créée par Martin Scorsese et Mick Jagger, dans laquelle elle incarne la femme d'un producteur de musique dans les années 70, entre drogue, sexe et rock'n'roll. Son personnage de femme mariée et rangée face à un mari en pleine crise existentielle fait difficilement le poids et la série ne sera pas renouvelée après une première saison décevante.

Joaquin Phoenix et Olivia Wilde dans “Her” de Spike Jones, 2014. Joaquin Phoenix et Olivia Wilde dans “Her” de Spike Jones, 2014.
Joaquin Phoenix et Olivia Wilde dans “Her” de Spike Jones, 2014.

Elle a joué pour Nick Cassavetes, Ron Howard, Spike Jonze et Clint Eastwood

 

En parallèle de ses rôles télévisés, Olivia Wilde se bâtit une carrière cinématographique éclectique, tournant aux côtés de grands acteurs et pour des réalisateurs de renom. En 2006, On la repère ainsi aux côtés d'Emile Hirsch et Justin Timberlake dans l'excellent Alpha Dog de Nick Cassavetes (N'oublie Jamais) basé sur un fait divers en Californie autour d'un trafic de drogue. Puis elle s'illustre dans le genre de la science-fiction dès 2010, avec le thriller sur fond de réalité virtuelle Tron L'héritage avec Jeff Bridges dans le rôle-titre, la suite du blockbuster sorti en 1982 . L'année suivante, elle incarne la mère de Justin Timberlake dans Time Out d'Andrew Nichol (The Truman Show, Bienvenue à Gattaca), et se voit offrir le premier rôle féminin de Cowboys et Envahisseurs de Jon Favreau (Iron Man, Iron Man 2, Le Roi Lion, The Mandalorian) aux côtés des superstars Daniel Craig et Harrison Ford. Bien que ces deux dernières productions rencontrent un succès mitigé, elles lui permettent de se positionner à Hollywood comme une actrice à la palette de jeu varié, qui ne s'efface pas face à des premiers rôles masculins forts.

 

Si Olivia Wilde rate le rôle de Lara Croft, finalement attribué à Alicia Vikander, c'est pour finalement parfaire son jeu grâce à des choix cinématographiques qui s'inscrivent dans des registres différents. En 2013, elle prête ses traits au mannequin Suzy Miller, femme du coureur automobile James Hunt (Chris Hemsworth) dans le drame Hunt de Ron Howard (Un homme d'exception, Da Vinci Code). La même année, elle apparaît dans le film au scénario oscarisé Her de Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovitch) au sein duquel elle joue la blind date d'un Joaquin Phoenix, plus déboussolé que jamais, qui s'amourache d'une intelligence artificielle à la voix sensuelle de Scarlett Johansson. Changement de registre en 2015 avec Lazarus Effect de David Gelb (Chef's Table sur Netflix), un film d'horreur qui, malgré la présence de Donald Glover (rappeur connu aussi sous le nom de Childish Gambino) et Evan Peters (American Horror Story), peine à trouver son public. Enfin, l'immense Clint Eastwood la choisit pour son film Le Cas Richard Jewell sorti en 2019, pour lequel elle devient ainsi Kathy Scruggs, une journaliste aux dents longues qui interfère dans une enquête terroriste menée par le FBI lors des Jeux Olympiques de 1996 à Atlanta. Son rôle de femme qui échange des faveurs sexuelles contre des scoops fera d'ailleurs l'objet d'une vive polémique, suite à laquelle le film est notamment accusé de misogynie et de male gaze. De sa première apparition dans The Girl Next Door en 2004 à ce dernier long-métrage, Olivia Wilde apparaît ainsi au casting de plus de 30 films, le tout formant une carrière prolifique à laquelle s'ajoute depuis peu le métier de réalisatrice.

Olivia Wilde ©Francois Duhamel/Annapurna Pictures Olivia Wilde ©Francois Duhamel/Annapurna Pictures
Olivia Wilde ©Francois Duhamel/Annapurna Pictures

Une réalisatrice à suivre et une figure active du féminisme aux Etats-Unis

 

Après un premier court-métrage Free Hugs en 2011, un clip pour le groupe folk Edward Sharpe & The Magnetic Zeros et un autre pour le titre Dark Necessities des Red Hot Chili Peppers, tous les deux sortis en 2016, Olivia Wilde présente officiellement son premier long-métrage en 2019 qui sera largement salué par la critique. Intitulé Booksmart, cette comédie sans fard aux allures de teen movie s'inscrit dans la lignée d'un Lady Bird de Greta Gerwig (2017) par sa façon d'aborder l'adolescence avec sensibilité et retenue. On y suit deux adolescentes jouées par Kaitlyn Dever et Beanie Feldstein (cette dernière sera nommée à la 77e cérémonie des Golden Globes dans la catégorie meilleure actrice dans un film musical ou une comédie) au parcours scolaire exemplaire, qui décident pour la première fois de se rendre à la soirée d'un de leurs camarades. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Moins édulcoré que le cultissime Clueless d'Amy Heckerling (1995) et moins cru que Les Beaux Gosses de Riad Sattouf (2009), Booksmart traite avec subtilité le thème de l'adolescence, de l'amitié et de l'acceptation via une trame narrative qui, bien qu'éculée, séduit toujours autant quand elle est bien traitée. 

 

Alors qu'Olivia Wilde vient de signer un contrat avec Sony pour réaliser un film autour du personnage de Spider Woman – la société de production et distribution ayant décidé de s'imposer sur grand écran à travers des héroïnes féminines –, elle réalise actuellement son second film. Pour ce thriller psychologique intitulé Don’t Worry, Darling qui se déroule dans les années 50, Olivia Wilde s'offre un casting ultra bankable qui comprend Dakota Johnson (Cinquante Nuances de Grey, Suspiria), Florence Pugh (Midsommar, Black Widow), Gemma Chan (Crazy Rich Asian) Chris Pine (Star Trek) et surtout la pop star Harry Styles, qui tient son premier rôle principal au cinéma. Ce dernier, repéré par la réalisatrice dans le Dunkerque de Christopher Nolan (Batman, Inception, Tenet) sorti en 2017, remplace au pied levé Shia LaBeouf dont le comportement borderline a refroidi la production. Alors que récemment Chris Pine et Gemma Chan ont salué son professionnalisme et sa performance d'acteur lors du tournage, le chanteur anglais de 26 ans, ex-membre des One Direction, enflammait les réseaux sociaux cette semaine en apparaissant au bras de la réalisatrice de dix ans son aînée.

 

Plutôt discrète sur sa vie privée, Olivia Wilde – récemment séparée de l'acteur Jason Sudeikis (Saturday Night Live, Comment tuer son boss ?), père de ses deux enfants – soutient différentes associations et projets caritatifs comme Artists for Peace and Justice qui lutte contre la pauvreté en Haïti, le média immersif engagé Ryot, le mouvement progressiste MoveOn pour la mise en place du système d'assurance maladie, ou plus récemment le mouvement Black Lives Matter. Figure active du féminisme aux Etats-Unis, membre du mouvement Time's Up et présente dans la campagne Chime for Change lancée par Gucci et Salma Hayek en vue de lever des fonds pour les jeunes filles et les femmes du monde entier, l'actrice s'impose avant tout par son parcours qui défie toutes les règles du milieu hollywoodien. Respectée sans être adulée, bankable sans être commerciale, artiste sans être star, Olivia Wilde est sans nul doute une personnalité du cinéma à suivre de près.