Il incarnait le rêve américain
Pour Bob Colacello, Andy Warhol, devenu l'un des peintres les plus connus du monde (“le Picasso de la deuxième partie du XXe siècle”, n'hésite-t-il pas à écrire), incarne à merveille le rêve américain. Si, de son vivant, il a conservé le mystère sur ses origines, c'était en réalité un fils d'immigrés qui a réussi à faire la fête avec Mick Jagger, Judy Garland et Jim Morrison. Ses parents (mineurs) sont nés en Ruthénie, dans les Carpates, au nord de la Transylvanie. Dans la région, les maisons en bois étaient vétustes et on devait les recouvrir au blanc de chaux pour éloigner les microbes. Elles pouvaient aussi brûler à tout moment, ce qui conduira Andrew Warhola (son vrai nom) à avoir sans cesse peur, même devenu riche et célèbre, que la Factory flambe.
Il ne doit pas son premier succès à un cafard
À 11 ou 12 ans, Andy, de santé fragile, ne voulait pas jouer au foot, mais passait ses journées à dessiner, et cela impressionnait ses petits camarades. Il peignait même des natures mortes à partir des bibelots de sa mère, et, installé dans le grenier, réalisait aussi des portraits de ses voisins et cousins… des années avant de réaliser ceux des grands de ce monde ! Après son diplôme de design, Warhol s'installe à New York en 1949 et emménage dans le quartier de Little Ukraine (dans l'East Village). Il habite alors un appartement miteux infesté de cafards. Andy aimait raconter qu'un jour où il avait enfin réussi à décroché un rendez-vous avec la rédactrice en chef du Harper's Bazaar, un cafard s'échappa de son book. Elle aurait eu tellement pitié de lui qu'elle lui commanda une illustration. Mais d'après Colacello l'incident était en fait arrivé à quelqu'un d'autre, et l'insecte fit en fait très mauvaise impression. Ce qui montre bien le talent de l'illustrateur pour transformer sa vie en œuvre digne d'intérêt.