Le bellâtre hédoniste
Georgios Kyriacos Panayiotou (de son vrai nom), né au Nord-Ouest de Londres, en 1963 d'une mère danseuse anglaise et d'un père restaurateur d'origine chypriote, voulait très tôt devenir star. Ado, il fonde un groupe de collège avec des copains, appelé The Executive. Compositeur et chanteur, il s’adonne alors au ska. Mais ne rencontrant pas le succès dont il rêvait, George faisant la manche dans le métro en chantant du Queen, deux d’entre eux forment Wham!. De 1982 à 1986, ce groupe va incarner à travers le monde l’esprit d’une jeunesse pop hédoniste, dansante et colorée, aux côtés de Culture Club et Duran Duran. Un antidote puissant à la mélancolie de la new-wave et au nihilisme du punk. Des titres « Wake Me Up Before You Go Go », « Last Christmas », « Everything She Wants » collent parfaitement au slogan adopté par le groupe : « Choose Life » et à leurs look flashy sur peau toujours bronzée. Mais l’on aperçoit déjà le côté émotionnel et la part d’ombre de George sur le sublime slow au solo de saxo « Careless Whisper » et dans certains thèmes de société abordés par Wham !.
"En 1987, c’est la consécration avec la sortie de son premier disque solo, Faith. Les tubes efficaces, léchés, décomplexés et libérateurs font sensation."
L’explosion en solo
George Michael commence fort sa carrière solo par un duo avec la reine de la soul Aretha Franklin (« I Knew You Were Waiting (For Me) », 1986), dont il est fan. A 23 ans, le jeune homme joue déjà dans la cour des grands en tant qu’auteur et compositeur. En 1987, c’est la consécration avec la sortie de son premier disque solo, Faith. Les tubes efficaces, léchés, décomplexés et libérateurs font sensation. Parmi eux, on trouve les hits « Kissing a Fool » ou « I Want Your Sex » dont le clip érotique et provoc sera censuré sur la BBC. George Michael s’impose aussi avec ce disque comme un séducteur soignant son image, et faisant de la concurrence à la superbe d’un Michael Jackson et d’un Prince. Torse nu, blouson en cuir, boucle d’oreille en forme de croix, mèches blondes, ceintures bijoux, jean troué : il crée un personnage au sex appeal rock surjoué et à la féminité assumée qui excite les filles comme les garçons.
"Naomi Campbell, Linda Evangelista, Christy Turlington, Cindy Crawford jouent ainsi dans l’un des clips les plus mémorables de l’histoire de la pop."
La remise en question
En 1990, George sort un album plus personnel et moins commercial, Listen Without Prejudice, Vol. 1. dont la pochette montre une photographie de Weegee. Il s’efface ainsi de l’espace médiatique et le disque fait un flop, même si certains singles atteignent des sommets (l’engagé « Praying For Time », le cultissime « Freedom! '90 ».) Refusant de répondre aux interviews et cultivant un certain mystère concernant sa vie privée, la pop star convoque dans le clip de « Freedom !’90 » les super models phares de l’époque pour défiler à sa place. Naomi Campbell, Linda Evangelista, Christy Turlington, Cindy Crawford jouent ainsi dans l’un des clips les plus mémorables de l’histoire de la pop. L’icône de mode George (proche de Kate Moss) montre également son caractère rebelle en rentrant en conflit avec sa maison de disques, Sony, contre qui il perdra son procès. Des années d’absence s’ensuivront, pendant lesquelles il s’impliquera notamment dans un projet en faveur de la lutte contre le SIDA en composant l’irrésistible « Too Funky ». Une expression qui lui va comme un gant (de cuir noir clouté).
"Le 7 avril 1998, George est arrêté pour attentat à la pudeur dans des toilettes d’un bar gay de Beverly Hills par un policier sous couverture."
Le coming out
Après une longue attente pour ses fans, le mélodiste hors pair sort l'album Older sort en 1996 qui flirte avec le r’n’b qui fait fureur à l’époque. C’est un succès, notamment en raison du tube « Fast Love », mais l’homme derrière l’artiste a du mal à s’en réjouir. Le chanteur souffre en effet toujours du décès en 1993 de son compagnon, le styliste brésilien Anselmo Feleppa pour lequel il a écrit l’une de ses plus belles chansons, « Jesus To A Child ». En 1997, c’est sa mère qu’il perd des suites d'un cancer. Le 7 avril 1998, George est arrêté pour attentat à la pudeur dans des toilettes d’un bar gay de Beverly Hills par un policier sous couverture. Michael est condamné à une amende et des travaux d'intérêt général. Après cet outing, il joue la franchise et parle enfin de son homosexualité. En 1998, il s’amuse même de son arrestation dans clip de « Outside » et montre des policiers en train de s'embrasser.
" Il est condamné à huit semaines de prison, une amende et une interdiction de prendre le volant."
La pop star flamboyante aux multiples excès
Alors que dans les années 2000, il se lance dans une carrière acclamée de crooner amateur de reprises, le Britannique doit faire face à des problèmes personnels. L’addiction (cannabis, crack, alcool) d’abord. Comme il le révélait dans une interview au journal anglais The Guardian en 2009, il fume environ vingt-cinq joints par jour... En 2010, le compositeur plaide coupable à Londres pour conduite sous l’influence de drogues. Il est condamné à huit semaines de prison, une amende et une interdiction de prendre le volant et ne sera libéré qu’après avoir effectué quatre semaines de taule. En 2011, il est hospitalisé pour une pneumonie, tombant dans le coma durant des semaines et frôlant la mort. Artiste adulé, très aimé par ses pairs (Madonna, Elton John, Duran Duran, etc), homme généreux impliqué dans des œuvres de charité et engagé (contre la guerre en Irak, Bush…), il préparait un nouvel album et devait chanter bientôt en France. Ironie du sort, celui qui chanta l’un des plus grands tubes de Noël, « Last Christmas » est décédé un 25 décembre à 53 ans, d’une crise cardiaque. Il rejoint ainsi deux autres étoiles flamboyantes de la pop disparues cette année : Prince et David Bowie.