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Numéro
23 Joseph Dirand, architecte et designer, présente sa première collection de mobilier en nom propre

Joseph Dirand, architecte et designer, présente sa première collection de mobilier en nom propre

Design

La première collection de Joseph Dirand, entre intérieur et extérieur, est un véritable retour aux sources du modernisme qui a nourri sa vision.

  • Cabinet "Openwork", 2015. Photographie de Adrien Dirand.

    Cabinet "Openwork", 2015. Photographie de Adrien Dirand. Cabinet "Openwork", 2015. Photographie de Adrien Dirand.
  • Table "Iseo", 2015. Photographie de Adrien Dirand.

    Table "Iseo", 2015. Photographie de Adrien Dirand. Table "Iseo", 2015. Photographie de Adrien Dirand.
  • Table "Iseo", 2015. Photographie de Adrien Dirand.

    Table "Iseo", 2015. Photographie de Adrien Dirand. Table "Iseo", 2015. Photographie de Adrien Dirand.

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Numéro : En quoi consiste votre première collection ?

 

Joseph Dirand : Les premières réalisations que je présente sont conçues comme des architectures miniatures. La table basse Iseo est réalisée dans une pierre argileuse italienne, appelée ceppo, que l’on travaille dans la masse, grâce à de l’eau projetée à très haute pression et à un sablage. Cela permet de retirer les couches les plus tendres et les plus jeunes des sédiments. Le résultat ressemble à un bloc de béton brut, une sorte de paradoxe entre un ouvrage très compliqué à réaliser et sa référence à un matériau pauvre de l’ère industrielle.

 

Quelles ont été vos influences lors de la conception de ces premières pièces ?

 

J'ai souhaité rendre hommage aux créations modernistes qui font partie de notre patrimoine et que je collectionne depuis l’âge de 18 ans. Ces créations d’après-guerre font suite à l’Art déco et sont portées par des esprits visionnaires et radicaux. Ce qui m’intéressait était de créer des pièces de mobilier faisant référence aux créations de l’ère industrielle, mais, à l’inverse de celles-ci, je voulais qu’elles soient réalisées par les plus grands artisans français que sont les ferronniers d’art, les tailleurs de pierre et les compagnons ébénistes. C’est dans cette logique que j’ai décidé de travailler avec les Ateliers Saint-Jacques, qui regroupent ces trois savoir-faire et avec qui je collabore pour la plupart de mes projets.

 

Qu’est-ce qui, dans le modernisme, vous a particulièrement séduit et influencé ?

 

Certainement la simplicité des lignes et l’économie dans tous ses aspects. La recherche de l’essentiel. C’est évidement ce mouvement qui est le plus représentatif du xxe siècle. Il a libéré la création et énoncé les grands fondements du mobilier et de l’architecture du xxe jusqu’à nos jours. L’idéologie moderniste est globale, et les pièces de mobilier de cette époque sont souvent créées par des architectes ou des ingénieurs. Si bien qu’une charpente ou une chaise de Jean Prouvé parlent le même langage idéologique et structurel, de même que les bâtiments de Chandigarh de Le Corbusier font pleinement écho au mobilier de Pierre Jeanneret, à la fois pour les travaux de volume ou de composition. La différence réside essentiellement dans l’échelle de l’objet.

 

 

Dans votre travail pour des boutiques, des hôtels, vous participez à définir l’identité des marques. Était-il important pour vous de définir votre propre identité ?

 

Je ne me suis jamais posé la question de cette manière. Mon travail consiste à imaginer des lieux qui répondent de façon claire, synthétique et légitime aux questions qui me sont posées. Chaque projet génère des réponses singulières, de manière indépendante. Mais c’est bien la première fois que je conçois des pièces de mobilier indépendamment de leur environnement. Elles sont un sujet en soi et non les pièces d’un puzzle.