De retour à Paris avec un défilé physique, Viktor & Rolf investit le théâtre national de Chaillot pour dévoiler sa nouvelle collection haute couture. Ses 25 ensembles, portés par leurs silhouettes architecturales et extravagantes, semblent incarnent les créatures d’un film d’horreur hollywoodien…
Cette saison, Viktor Horsting et Rolf Snoeren rendent hommage à un personnage horrifique fascinant qui a marqué la littérature et le cinéma : Dracula. Imaginé par l’écrivain britannique Bram Stoker à la fin du 19e siècle, ce comte suceur de sang humain a largement popularisé l’image du vampire, notamment à travers les diverses adaptations cinématographiques du roman. Du Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau (1922), chef d’œuvre du cinéma expressionniste allemand, au Dracula de Tod Browning (1931), l’un des premiers films d’épouvante créés à Hollywood, les deux créateurs néerlandais se sont inspirés de sa stature effrayante, de son costume et de sa cape pour introduire cette saison la “surreal shoulder”, une structure intégrée sous les tissus élevant les épaules des vêtements au niveau des oreilles pour mettre l’accent sur leur carrure. Déclinée sur tous les ensembles, celle-ci donne lieu à des redingotes et blazers disproportionnés, des chemises oversize, des collerettes immenses ou encore des manches et volants si hauts qu’ils évoquent des ailes de chauve-souris. Habitué à exagérer les coupes et les silhouettes, le duo profite de cette nouvelle totémique pour introduire également des gilets allongés, des chemises dont le col paraît avaler la tête, et des robes longues satinées ou moirées auxquelles il ne se prive pas d’ajouter froufrous, rubans, fleurs et bien sûr de nombreux nœuds de tailles variées, emblème de leur maison que l’on retrouve jusqu’au flacon de leur parfum Bonbon. Si la palette comporte des jaunes, bleu ciel, rouges et violets, ses tonalités principales, oscillant entre le noir ébène et le blanc sépulcral, complètent cette esthétique gothique jusqu’aux maquillages pâles, lèvres bordeaux et ongles ultra-longs, qui rappellent le visage diaphane et les mains crochues du vampire. Lors du défilé, les silhouettes projettent ainsi sur le fond blanc leur ombre menaçante, écho à celle du vampire le plus célèbre de l’histoire.
