Dans l’univers de la marque lancée par André Courrèges dans les années 60, caractérisée par les formes nettes et les couleurs franches de l’époque, Nicolas di Felice a injecté une poésie et des obsessions personnelles. Le Belge influencé par la musique électronique et les paysages post-industriels de son adolescence, a développé un vocabulaire où le noir et le blanc tiennent une place particulière.
Tout en respectant les codes géométriques de la maison, Nicolas di Felice les subvertit subtilement : le fameux petit blouson en vinyle allié à un pantalon, se complexifie sans perdre sa pureté. Les manches zippées laissent échapper les bras, le pantalon de forme trompette se relève à l’ourlet. Terminées par des basques, les jupes en denim battent la cadence au fil de la marche.
Blanc immaculé, le décor se révèle petit à petit un véritable protagoniste du propos du défilé. Alors que sur la bande-son, composée en partie par le directeur artistique lui-même, une voix féminine murmure “Take it… take it slow”, faisant écho au son d’une respiration profonde, le sol se soulève comme une poitrine sous l’effet d’une profonde inspiration. Nicolas di Felice transforme son défilé automne-hiver 2024-2025 en ode à la sensualité, proposant un effeuillage chic qui ne perd rien de la puissance sombre typique de sa créativité.
Les silhouettes enveloppantes – robes sombres en maille, manteaux cocons oversize en cuir – révèlent peu à peu le corps. Les cuissardes signatures de l’univers Courrèges, et les robes épurées et géométriques, jouent avec la peau : le cuir la prolonge plus qu’il ne la cuirasse, et les transparences la dévoilent entièrement. Au fil des passages, la sensualité s’affirme et s’assume toujours davantage, avec des jupes en cuir assorties à de simples soutien-gorge bandeaux.
Nicolas di Felice, pour sa part, s’affirme lui aussi chaque saison davantage comme un créateur véritablement excitant, auteur d’une proposition aussi désirable que fortement personnelle.
