Comme l’expliquait, Michael Burke, PDG de Louis Vuitton dans une interview pour WWD, Virgil Abloh directeur artistique des collections homme disparu en novembre 2021, avait déjà tout prévu du défilé automne-hiver 2022-2023 pour la maison parisienne. Dans la continuité du format de la collection automne-hiver 2021-2022, qui mêlait performance et défilé, on découvre cette saison dans un Carreau du Temple devenu la Louis Dreamhouse, l’orchestre britannique Chineke! dirigé par Gustavo Dudamel, première formation européenne professionnelle composée à majorité de musiciens noirs, asiatiques et issus de la diversité, qui exécute, assis autour d’une grande table à dîner, une composition musicale signée Tyler the Creator et dont la direction artistique revient à Benj B, collaborateur de longue date de Virgil Abloh. Alors que les mannequins arborent les nouvelles créations de Virgil Abloh, ils tendent la main aux danseurs de la troupe de Yoann Bourgeois exécutent des mouvements de hip hop presque surnaturels, dans une gestuelle puissante en signification. Car tout au long de sa carrière bien trop courte, le fondateur du label Off-White, arrivé chez Vuitton en 2018, n’a fait que tendre des mains autour de lui, que ce soit à travers ses collaborations, son soutien à ses pairs ou encore sa fondation Post Modern, destinée à financer les études de mode de jeunes étudiants noirs.
Une fois de plus cette collection magnifie le passage de l’enfance à l’âge adulte, ce qu’Abolh appelle la Boyhood Ideology, et qui définit également ce regard enfantin et dénué de tout jugement. Les silhouettes se compose d’un patchwork d’influences et de références, non seulement à la maison Louis Vuitton ou aux origines américaines du directeur artistique, mais également aux savoir-faire de la mode ainsi qu’à la pop culture. D’un imprimé en hommage à Asnières, où Louis Vuitton avait installé son atelier, ou la technique japonaise du Bord qui consiste à réassembler ensembles des pièces en denim monogrammés, qui évoquent une ancienne collection Louis Vuitton par Kim Jones, ou encore l’œuvre Souvenir d’Italie du peintre Giorgio de Chirico de 1914, grande source d’inspiration pour Abloh qui habille plusieurs pièces, tout comme L'Atelier du peintre de Gustave Courbet (déjà utilisé par Virgil Abloh pour sa première campagne pour Louis Vuitton) ainsi qu’une tapisserie florale de la manufacture des Gobelins du XIXème siècle. Ce vestiaire contemporain qui se déploie autant en silhouettes formels que décontractées fait aussi la part belle aux caftans et les jellabas tandis que le jupon et les bottines à talons pour homme se font une place remarquée. Pour conclure cette collection, des looks de marié d'un blanc virginal accessoirisé d'ailes de papillons en tulle apportent douceur et poésie à un défilé riche en émotion.
