Emporter sa maison sur soi est un fantasme qui habite Jeremy Scott depuis longtemps chez Moschino. Dans sa nouvelle collection, le créateur américain raconte en près de soixante silhouettes l’histoire d’une femme bourgeoise dont l’intégralité du corps se parerait de son intérieur opulent...
Au fil de tailleurs, manteaux structurés, robes courtes, fourreau ou longues et même combinaisons, des éléments domestiques s’invitent de part et d’autre du corps : les tissus damassés drapés et les cordes dorées qui cintrent les volumes rappellent des rideaux lourds, parfois imprimés directement en trompe-l’œil, les motifs floraux, franges brillantes et velours capitonnés évoquent des sofas, tandis que des poignées de robinet ou des clés décorent les ensembles et des couverts fixés symétriquement semblent y dessiner les galons de vestes d’officier – une référence assumée aux broches couverts introduites par Franco Moschino en 1989. Au-delà de ces ornements, d’autres objets présents dans les salons cossus d’époque apparaissent de façon plus littérale, comme la pendule qui habille une robe, les abat-jour, vases ou cages à oiseaux coiffant les visages, les têtes de harpes encerclant les épaules ou encore un paravent japonais couvrant le corps du cou au genoux. Reprenant les inspirations baroque et rococo récurrentes dans la maison italienne, avec son humour décalé caractéristique , la collection s’achève avec l’apparition de Jeremy Scott en tenu de cosmonaute rouge vif. Comme un saut délicieusement kitsch dans le temps et l’espace.
