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Numéro
11 Les lunettes du tueur Jeffrey Dahmer proposées à la vente

Hitler, Mandela et Jeffrey Dahmer : 3 ventes aux enchères scandaleuses

LIFESTYLE

Adolf Hitler, Jeffrey Dahmer, Nelson Mandela… Affaires de morale ou véritables scandales politiques, de nombreuses ventes aux enchères proposent aux collectionneurs des objets polémiques. Numéro revient sur ces histoires aussi sombres qu'insolites et présente trois ventes aux enchères scandaleuses.

Une capture d'écran du site controversé “Cult Collectibles” créé par Taylor James qui propose des objets personnels de tueurs en série. Une capture d'écran du site controversé “Cult Collectibles” créé par Taylor James qui propose des objets personnels de tueurs en série.
Une capture d'écran du site controversé “Cult Collectibles” créé par Taylor James qui propose des objets personnels de tueurs en série.

1. Les lunettes du tueur en série Jeffrey Dahmer estimées à 150 000 dollars.

 

1991. Au 924 North 25th Street à Milwaukee (Wisconsin). Devant la porte de l’appartement 213, un jeune homme se fait plaquer au sol par deux policiers en uniforme sans vraiment opposer de résistance. Les agents ont été alertés en pleine patrouille, intrigués par les hurlements de Tracy Edwards. Le jeune homme terrifié est parvenu à s’extraire de justesse de l’antre de Jeffrey Dahmer pour atteindre la rue… On découvrira dans la foulée qu’il échappé de peu à la mort : Jeffrey Dahmer a assassiné dix-sept jeunes hommes homosexuels entre 1978 et 1991, et même démembré et dévoré certains corps. Les investigations menées dans sa tanière glauque à l’odeur pestilentielle révèlent au grand jour la face cachée d’un homme de 31 ans aussi étrange qu’inquiétant qui avait déjà éveillé depuis longtemps les soupçons de sa voisine de palier. Inculpé pour meurtres, viols, nécrophilie et actes de cannibalisme, Jeffrey Dahmer devient une énième allégorie du mal mentionné depuis dans les morceaux de Mac Miller, Eminem ou Pusha T, les séries South Park, Glee ou Rick and Morty. Il fait même l’objet d’une bande dessinée: Mon Ami Dahmer [2012]. 

 

Diffusée en 2022 sur la plateforme Netflix, la mini-série biographique L'Histoire de Jeffrey Dahmer passionne les spectateurs avides de faits divers épouvantables. L’œuvre de Ian Brennan et Ryan Murphy explore la psyché de ce monstre flegmatique inséparable de ses lunettes aviateur… qui ont récemment fait l’objet d’une polémique. Il y a quelques semaines le collectionneur de trophées macabres Taylor James met en vente des objets ayant appartenu à Jeffrey Dahmer : une bible, des photos de famille, des lettres d’amour envoyées par des “groupies” pendant l’incarcération du criminel et… sa paire de lunettes emblématique. Des effets personnels qu’il aurait vraisemblablement glané auprès de l’ancienne femme de ménage de Lionel Dahmer, le propre père du “Cannibale du Milwaukee”. Proposées à la vente sur le site controversé Cult Collectibles – créé par Taylor James lui-même – les lunettes de Jeffrey Dahmer sont proposées à la vente en ligne. Estimation : 150 000 dollars. Fascination nauséabonde pour les uns, immonde offense aux victimes pour les autres, cette vente en ligne agite les réseaux sociaux et la polémique enfle rapidement. Depuis, les lunettes ne sont plus disponibles sur Cult Collectibles. Nul ne sait si elles ont été supprimées du site par le collectionneur ou si elles reposent déjà sur l’autel sordide d’un fanatique…

 

 

Un chapeau cylindre ayant appartenu à Adolf Hitler vendu lors d'une vente aux enchères à Munich (Allemagne). Un chapeau cylindre ayant appartenu à Adolf Hitler vendu lors d'une vente aux enchères à Munich (Allemagne).
Un chapeau cylindre ayant appartenu à Adolf Hitler vendu lors d'une vente aux enchères à Munich (Allemagne).

2. Qui veut s’offrir les objets d’Adolf Hitler ?

 

Faut il détruire les effets personnels du Führer ? En novembre 2019, une vente aux enchères organisée par la maison Hermann Historica à Munich (Allemagne) s’attire les foudres de citoyens indignés : 147 objets ayant appartenu à de hauts dignitaires nazis et à Adolf Hitler, chancelier du Troisième Reich, sont proposés à la vente. Parmi les reliques on trouve un chapeau cylindre (une sorte de haut-de-forme), une édition de luxe de son manifeste Mein Kampf, l'argenterie de sa résidence secondaire dans les Alpes bavaroises, une robe en soie noire ayant appartenu à sa femme Eva Braun ou encore le certificat de baptême d'Hermann Göring, dirigeant de premier plan du parti nazi. Des objets récupérés in extremis par des soldats russes et américains après la Seconde Guerre Mondiale, patrimoine dilapidé des années plus tard par leurs petits-enfants. Mais les objets d’Adolf Hitler peuvent-ils simplement orner le salon de particuliers ? Sont-ils supposés dormir éternellement dans un coffre-fort ? Faut il les exposer dans un musée ? Et si oui, lequel ? Ici tout est affaire de morale, c’est pourquoi il faut absolument connaître l’identité des acquéreurs, d’autant que plusieurs associations juives sont montées au créneau lorsque les prix de vente ont été annoncées. Il faut débourser au moins 2 500 euros pour s’offrir le contrat de location de son appartement munichois de 1933 et 12 000 euros pour poser le doigt sur son chapeau cylindre. La tension est palpable. Des agents de police ont été réquisitionnés pour veiller au bon déroulement de la vente et les collectionneurs ont, quant à eux, été triés sur le volet. “Nous avons très peur que des néo-nazis ou des membres revendiqués de l’extrême droite tentent d’acheter des objets,” explique Thomas Kirchner, directeur du Centre allemand d'histoire de l'art à Paris, au micro d’Europe 1. “La dernière fois, une grande partie de la vente est partie en Argentine. Et on connaît bien les liens de ce pays avec le nazisme après 1945… Je suis sûr qu'aucun musée n'achètera quelque chose, en plus les prix sont exorbitants.” Conclusion de cette affaire, l'acquisition de plusieurs objets dont le chapeau haut-de-forme par Abdallah Chatila, homme d'affaires libanais installé en Suisse, qui a fait don des objets à une fondation juive afin qu'ils ne soient pas utilisés à des fins propagandistes. Le rabbin Menachem Margolin, président de l'Association juive européenne, s'est dit "bouleversé" par le geste.

 

 

 

Nelson Mandela en 1995 lors d’une visite de sa cellule sur Robben Island. © Crédit photo : AFP Nelson Mandela en 1995 lors d’une visite de sa cellule sur Robben Island. © Crédit photo : AFP
Nelson Mandela en 1995 lors d’une visite de sa cellule sur Robben Island. © Crédit photo : AFP

3. La clé de la cellule de Nelson Mandela doit être restituée à l’Afrique du sud

 

Condamné à la prison à perpétuité en raison de ses activités politiques clandestines, Nelson Mandela passera 18 de ses 28 années d’incarcération dans la prison de Robben Island, petite île d’Afrique du Sud située au large du Cap. Un lieu classé au patrimoine mondial de l’Unesco et visité chaque année par près de 300 000 curieux qui souhaitent pénétrer dans la minuscule cellule de “Madiba” (2 mètres sur 2), porte-étendard historique de la lutte contre l’Apartheid et président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999. En janvier 2022, la maison britannique Guernsey’s annonce justement une vente aux enchères des affaires personnelles de Nelson Mandela. Les collectionneurs pourront acquérir une peinture réalisée par le prix Nobel de la paix pendant son incarcération, un moulage en bronze de son poing, l’une de ses chemises ou encore… la clé de sa cellule. Mais alors que la date de l’événement vient d’être annoncée – le 28 janvier 2022 – une polémique éclate en Afrique du sud. Dans un communiqué de presse enflammé, l’ex-ministre des Arts et de la Culture Nathi Mthethwa (actuellement ministre des sports) enrage : “La clé doit être rendue à ses propriétaires légitimes avec effet immédiat et cette vente doit être interrompue. C'est insupportable que Guernsey's, qui est clairement conscient de l'histoire douloureuse de notre pays et du symbolisme de la clé, envisage de la vendre aux enchères sans aucune consultation du gouvernement sud-africain, des autorités chargées du patrimoine en Afrique du Sud et du musée de Robben Island.” Pire encore, l’ancien geôlier de Nelson Mandela, Christo Brand, devenu son ami pendant son emprisonnement, aurait lui-même fourni à la maison d'enchères des affaires personnelles telles qu’une raquette de tennis ou un vélo d’exercice… Face au scandale et souhaitant respecter le devoir de mémoire, Guernsey’s se rétracte et remet finalement la clé de la cellule au gouvernement sud-africain.