“Fashioning Masculinities: The Art of Menswear” at the Victoria and Albert Museum, London, 19 March – 6 November 2022. In partnership with Gucci.
“Au fil des années j'ai appris que ce qui est important dans une robe, c'est la femme qui la porte.” La célèbre citation d’Yves Saint Laurent révèle un préjugé séculaire : la mode ne serait qu’une affaire de femmes. Pourtant, son histoire en dit autrement, nourrie par des siècles et des siècles d’évolution et d'innovation dans le vestiaire masculin. C’est sur cet héritage que souhaite revenir la prochaine exposition du Victoria & Albert Museum, prestigieuse institution londonienne consacrée aux arts décoratifs et au vêtement, qui ouvrira ses portes le 19 mars. Pour sa première exposition d'ampleur consacrée exclusivement à la mode pour hommes, le musée s'est associé à la maison Gucci, partenaire de l'événement. Au programme, 100 vêtements ou accessoires et 100 œuvres d’art retraceront, de la Renaissance à nos jours les manières d'être homme en société à la lumière de ses évolutions récentes, dans un ensemble loin d’être exhaustif organisé en trois parties : Underdressed, Overdressed et Redressed (“Peu vêtu”, “Trop vêtu“ et “Revêtu“).
Tandis que la première partie se concentrera sur le corps masculin dénudé, ses représentations et ses dévoilements à travers, entre autres, une sculpture d’Auguste Rodin, des clichés signés Zanele Muholi ou David Hockney, des ensembles de Jean Paul Gaultier et sous-vêtements Calvin Klein, la deuxième s’axera davantage sur les expressions vestimentaires du pouvoir dans l’histoire : celle des aristocrates, les chevaliers et autres élites de l’histoire, retranscrites par des tableaux d’époque, des pièces luxueuses signées Fendi, Dolce & Gabbana ou encore Wales Bonner inspirées par ces apparats, mais aussi celles de célébrités contemporaines telles que Billy Porter, acteur connu pour ses apparitions extravagantes sur le tapis rouge, ou Harry Styles, habillé régulièrement par les créations maximalistes d’Alessandro Michele pour Gucci. A l’instar de ces deux personnalités, d’autres icônes ayant inspiré et transformé le vestiaire masculin seront présentes dans l'exposition, à l’instar du plus célèbre dandy George Brummell au 19e siècle, des Beatles et David Bowie ou encore de Sam Smith, pop star non-binaire dont les tenues jouent volontiers sur la transgression des genres.

Portrait of Prince Alessandro Farnese by Sofonisba Anguissola, c.1560. Courtesy of The National Gallery of Ireland

Orange Culture, Autumn Winter 2020 Flower Boy two-piece set, photographed by Mikey Oshai, image courtesy of Adebayo Oke-Lawal, © Orange Culture
C’est enfin le costume qui sera mis à l’honneur dans la dernière partie de l’exposition baptisée “Redressed”. À la fin du 18e siècle en Occident a eu lieu ce que l’on baptisera la “Grande Renonciation Masculine”, durant laquelle le vestiaire masculin a délaissé l’ornementation et l’opulence au profit d’une uniformisation et d'une grande sobriété. Toutefois, la redingote ou encore le complet-veston ont fait fureur à l’époque, encourageant la naissance d’un véritable savoir-faire dans le tailoring, en Angleterre notamment. Ainsi, l’exposition explore l’évolution du costume pour hommes, ses réinventions, révolutions et ruptures portées par des créateurs comme Alexander McQueen, Tom Ford, Raf Simons, Jonathan Anderson ou encore Rick Owens. Là où le Barbican Centre, à Londres orchestrait en 2020 une exposition consacrée aux représentation des masculinités dans la photographie, “Fashion Masculinities : The Art of Menswear” propose ainsi d’explorer cette fois-ci leurs mutations et leur diversification à travers le prisme de la mode d'hier, d'aujourd’hui et de demain.