Frida Kahlo au Palais Galliera : 5 collections mode inspirées par la peintre mexicaine

Dans les photographies qui lui survivent tout comme dans ses autoportraits, Frida Kahlo (1907-1954) arbore toujours les mêmes ensembles : une tunique brodée à empiècements géométriques, une longue jupe évasée souvent ornée de motifs floraux, un châle, une parure et coiffure faite de tresses enrubannées et parsemées de fleurs. Pour la peintre mexicaine, s’habiller était un rituel, elle choisissait avec soin ses parures, les broderies et motifs à assembler, les corsets et les talons… Frida Kahlo a puisé ses inspirations autant dans la création contemporaine de bijoux que dans le costume traditionnelle de l’isthme de Tehuantepec (une ville du sud du Mexique), ou encore dans le vestiaire des hommes. Et son handicap — après avoir contracté la poliomyélite à l’âge de 6 ans, elle est victime à 18 ans d’un grave accident de bus— n’a jamais été un frein à sa créativité : contrainte de porter quotidiennement des corsets médicaux à partir des années 40, l’artiste adapte ses chemisiers qu’elle agrandit et en fait parfois un attribut à part entière de sa tenue en peignant dessus des motifs récurrents de ses toiles, comme la colonne brisée.

De son vivant, Frida Kahlo portait fièrement un costume trois pièces d’homme tout autant qu’un resplandor — une grande collerette en dentelle encadrant la tête, la nuque et les bras — ou une longue jupe assortie à son châle. Chevelure brune tressée, monosourcil, rouge à lèvres, moustache et yeux d'un noir profond… Presque 70 ans après sa mort, le visage de l'artiste, reconnaissable entre mille, ainsi que son style vestimentaire continuent de fasciner les plus grands créateurs de mode qui s’en inspirent pour concevoir leurs collections. Des corsets, des fleurs, des collerettes, de la dentelle… De Jean Paul Gaultier à Ricardo Tisci pour Givenchy en passant par Pierpalo Piccioli chez Valentino , retour sur cinq collections de mode qui rendent hommage au style de l’artiste mexicaine, actuellement à l'honneur dans une exposition au Palais Galliera.

1.  Frida Kahlo inspire la collection Jean Paul Gaultier printemps-été 1998

Frida Kahlo considérait ses corsets médicaux comme un attribut de sa garde-robe : elle les décorait, les ajustait ou les cachait de sorte que leur présence relevait plus du choix que de la contrainte. Une dimension esthétique surprenante, qui inspire en 1998 à Jean Paul Gaultier sa collection haute couture automne-hiver dans laquelle il décline le corset sous plusieurs formes, toutes inspirées des œuvres et des tenues de l’artiste mexicaine. En plus de la mise en beauté des mannequins qui reproduit le visage emblématique de Frida Kahlo— mono-sourcil, rouge à lèvre rouge et cheveux tressés ou fleuris —, les vêtements imaginés par le créateur semblent tout droit sortis de l’armoire de la peintre, mais avec le twist dark des nineties. De grandes parures de bijoux, de longues jupes et de larges chemisiers, des châles posés-sur les coudes ou les épaules… Tout y est, au détail près : pour l’une de ses silhouettes, Jean Paul Gaultier va même jusqu’à transformer le fameux tableau La colonne brisée en corset noir qui reprend exactement la même structure que celui peint par Frida Kahlo en 1944. Les mannequins défilent les unes après les autres, comme un spectre de l’artiste qui hante l’imagination du créateur.

2. Frida Kahlo inspire la collection Givenchy haute couture automne-hiver 2010

Gardés sous scellé par son mari Diego Rivera après sa mort en 1954, les effets personnels et les vêtements de Frida Kahlo ne sont redécouverts qu’en 2004, permettant aux spécialistes comme aux amateurs de redécouvrir le goût unique et la créativité de l’artiste. Quelques années plus tard, en 2009, le directeur artistique de Givenchy, Riccardo Tisci, conçoit sa collection haute couture automne-hiver 2010 en hommage à Frida Kahlo, en s’inspirant justement des pièces récemment retrouvées, et dont il extrait trois thématiques : son handicap, sa sensualité et son imaginaire religieux. Le créateur imagine dix silhouettes en dentelle et cuir, tulle et plumes d'autruche sur lesquelles il brode de précieuses pierreries en forme de squelette ou de petits crânes. Ce motif, en référence au Día de los Muertos au Mexique, célèbre le souvenir de la mort de Frida Kahlo et celui de sa condition physique (colonne vertébrale brisée à travers la représentation du squelette). Ricardo Tisci glisse ici et là des inspirations des tenues de l’artistes qu’il incorpore à ses ensembles, d’un corset blanc lacé sur une longue robe cintrée en passant par la finesse des broderies, qui ne sont pas sans rappeler celles des tenues traditionnelles de Tehuantepec.

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3. Frida Kahlo inspire la collection Comme Des Garçons printemps-été 2012

En 2012, la collection “White Drama” imaginée par Rei Kawakubo pour Comme des Garçons reprend toutes les étapes importantes, parfois dramatiques, de la vie humaine qui obsédaient Frida Kahlo dans ses peintures : la naissance, le mariage, la mort et la transcendance. Inspiré par les attributs iconiques de la peintre mexicaine, comme la coiffe en dentelle qu'elle arborait fréquemment — notamment dans son portrait de 1943, Diego dans mes pensées — la créatrice transforme cette parure de cérémonie religieuse et matrimoniale en un ensemble XXL composé de fleurs blanches, et dont seul le visage de la mannequin dépasse. Puisant dans ses œuvres, elle crée également des robes trapèzes avec des empiècements blancs dont l’assemblage est identique à celui de la fameuse Colonne brisée de l’artiste. 

4. Frida Kahlo inspire la collection Valentino haute couture printemps-été 2019

Dans la même veine extravagante que le défilé Comme des Garçons, la collection haute couture printemps-été 2019 de Valentino réinterpète le resplendor dans une collection de mode majestueuse où les silhouettes colorées se succèdent telles de grandes madones mexicaines. Inspiré par la figure de Frida Kahlo noyée sous les couches en dentelles de cet accessoire cérémonial, le créateur Pierpaolo Piccioli le reproduit dans de larges proportions, dans un grand ovale de fleurs en satin rose ou dans une collerette ondulée en organza brun. Via le prisme de la maison de luxe italienne, le vestiaire de l’artiste mexicaine exalte à nouveau son expressivité et son grand panel de couleurs, qui se déploie en une explosion chromatique — jaune jonquille, vert tendre, rose fuchsia, corail ou bleu turquoise…