Amy Winehouse, l'amatrice de jazz devenue superstar
Élevée par sa grand-mère – qui est aussi sa confidente et sa meilleure amie, Amy Winehouse se forge une culture musicale dominée par le jazz, des improvisations de Thelonious Monk aux excentricités de Charlie Mingus. À la fin des années 90, les plateformes de téléchargement gratuit prolifèrent. La jeune fille d’origine juive russe issue de la middle-class banlieusarde de Londres en profite pour parachever sa formation autodidacte. Sa voix, sa dégaine et sa nonchalance l’inscriront à un panthéon alternatif, celui des artistes qui ont le droit de s’en foutre. Jeune prisonnière de sa banlieue soporifique, elle atterrira finalement sur la scène des NME (New Musical Express) Awards, des Grammy Awards et des Brit Awards à 24 ans, paradant fièrement entre les accords de soul et les contretemps qui ont forgé sa légende. Amy Winehouse devient la clef de voûte de l’archétype “splendeur et décadence”.
À l’époque Libération titre “Soûle sister” et la journaliste Stéphanie Binet griffonne alors dans les colonnes du journal : “Amy a une heure et demie de retard. Normal. Elle est le phénomène musical et people de cet été. Elle donne rarement plus de dix minutes d’entretien; quand elle ne se barre pas tout de suite, parce que votre tête ne lui revient pas. Et elle en a massacré et annulé des spectacles, mais tout le monde lui pardonne car son arrivée dans le paysage musical mondial fait un bien fou…” Nourrie au son de la Motown, en trois albums dont un posthume – Frank en 2003, Back to Black en 2006 puis Lioness: Hidden Treasures en 2011 – la chanteuse a ressuscité avec brio le son des seventies. Mais la diva ne sera véritablement reine qu’après son dernier souffle. Icône favorite des tabloïds pour ses excès peu glamour, elle s’est éteinte du côté de Camden Town le 23 juillet 2011.
Amy Winehouse “Take The Box” (Live), Porchester Hall, 2007.
Revivez son concert mémorable de 2007 sur la chaîne France 4
En 2021, comme un énième hommage adressé à celle qui en a inspiré tant, la radio britannique BBC dévoilait deux heures et neuf minutes de live : 38 morceaux répartis sur un triple album. Sortis initialement dans un coffret DVD A Tribute To Amy Winehouse by Jools Holland et BBC One Sessions Live at Porchester Hall (2013) étaient, pour la première fois, disponibles en CD et vinyle. Souvent comparée à des légendes vocales telles que Macy Gray ou Sarah Vaughan, la chanteuse se démarquera par sa voix soul exceptionnelle, reconnaissable entre mille. Et on ne compte plus le nombre de jeunes artistes que l'on qualifiera – souvent à tort – de “nouvelle Amy Winehouse”.
En 2007, alors qu'elle vient tout juste de décrocher le trophée de la meilleure artiste féminine de l'année au Brit Awards, la Londonienne se produit dans sa ville natale, dans l'enceinte du Porchester Hall, à la jonction de Queensway et de Porchester Road à Bayswater. Ce soir-là, elle délivre avec une maestria indéniable les titres emblématiques de son deuxième album tels que Back to Black, Rehab ou encore Me and Mr Jones. La confirmation éclatante d'un talent hors du commun résonne dans l'atmosphère feutrée de l'illustre salle de réception, faisant de cette performance un moment inoubliable dans l'histoire musicale d'Amy Winehouse. Le concert est diffusé ce soir sur la chaîne France 4.
Amy Winehouse : Live au Porchester Hall, diffusé le mercredi 21 février à 21h00 sur France 4.
