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Numéro
30 Qui se cache derrière Creams, le phénomène pop qui embrase la Géorgie

Qui se cache derrière Creams, le phénomène pop qui embrase la Géorgie

MUSIQUE

Sa musique est pop, son style éclectique, ses clips psychédéliques, ses paroles romantiques, ses punchlines dramatiques: la chanteuse géorgienne Creams a débarqué en feu il y a quelques mois à peine sur la scène internationale...et fait déjà du bruit. Depuis Tbilisi, en Géorgie, elle évoque ses influences, de la scène créative géorgienne à sa couleur favorite. 

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Sa musique est pop, son style éclectique, ses clips psychédéliques, ses paroles romantiques, ses punchlines dramatiques… et pourtant, rien n’est surfait chez Natia Chichinadze, plus connue sous l’alias Creams. Née à Batumi, au bord de la mer Noire à l’ouest de la Géorgie, Creams est aujourd’hui basée à Tbilisi où elle a rejoint la scène explosive de la capitale géorgienne. Loin des scènes musicales électro – et électro-pop – de Berlin et de Londres, très concurrentielles et déjà presque saturées, Tbilisi jouit de sa géolocalisation excentrée et de sa taille relativement petite pour une capitale. La scène artistique et musicale n’y est “pas grande, mais très riche et bien remarquable“, explique Creams. “On se soutient tous énormément dans notre communauté. On partage tout et on entreprend tout ensemble, que ce soit pour aller danser pour s’amuser ou se battre pour notre liberté.“ Alors il ne fait aucun doute que l'éclectisme et l'énergie débordante de la musique de Creams nous vient tout droit de la capitale géorgienne, “une énorme source d’inspiration“ pour la chanteuse, qui décrit Tbilisi comme “l’endroit le plus bruyant sur terre où tout ce qu’une âme pourrait bien vouloir est à portée de main : de la musique, de l’art, des clubs, de la nourriture délicieuse, de l’architecture, et puis, des gens incroyables.

 

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Il ne faut pas avoir été à Tbilisi pour en ressentir l’énergie dans la musique de Creams, qui se laisse difficilement classifier et ressemblerait bien plus à un tourbillon aux accents romantiques voire existentiels. Dans son single DIE 4 YOU, Creams parfait les beats electro et les sons pops, qui rythment les images du clip dans lequel elle file à l’arrière d’une voiture de sport puis plonge dans l’eau avant de s’installer dans une maison de poupée rose grandeur nature… Ses paroles tranchantes s’inspirent de conversations entre amoureux: “You think I’ll die for you / one summer day / when everybody’s at the beach / I’ll be on my way to die for you.“ 

 

 

Il faut les entendre chanter par Creams pour comprendre comment cette noirceur adolescente infusée à l’eau de rose, scandée sur les rythmes un peu féroces du track, prend chez elle tout son sens. Car même au naturel dans son studio, où elle nous accueille une tasse de café à la main qu’elle ne porte jamais à sa bouche (“en fait, je ne bois pas de café, mais j’aime le rituel : le faire couler, sentir son odeur imprégner l’espace du studio…“) et habillée d’un tee-shirt rouge, sa couleur préférée (“le rouge a tellement de force“), la chanteuse a quelque chose d’affirmé et apparaît convaincue… et convaincante. Lorsque survient la question fatidique des influences, Creams ne manque pas de citer les noms de Bjork, Rick Rubin ou Patti Smith, auxquels elle ajoute “ses amis“, des gens qui “n’ont pas peur de parler, de faire et obtenir ce qu’ils veulent. Des gens forts et indépendants.”

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Pour la jeune chanteuse, l’inspiration vient autant de l’oeuvre que de la personnalité de ces artistes et amis. “Ils m’inspirent parce qu’ils ne s’arrêtent pas et n’ont pas peur de s’aventurer dans de nouveaux territoires. Je pense que tous ces gens ont des qualités en commun, la cohérence, la sincérité, l’éthique de travail... Ils sont comme des maîtres.“ Des maîtres que Creams a suivi, déçue par un système musical scolaire : “Je suis passée par l’apprentissage en école de musique… une immense perte de temps pendant quatre ans. Je ne comprends pas comment nos systèmes d’éducations arrivent encore à vous faire détester ce que vous aimez le plus au monde.“ Mais un apprentissage dans une école d’ingénieur du son lui redonne espoir et l’encourage à poursuivre la voie de la musique. “J’ai réalisé que ce ne sont pas les institutions qui comptent, mais les gens qui vous font sentir spécial. C’est là que vous puisez votre énergie, votre volonté de créer, et la foi en vous-même.

 

 

En grande partie autodidacte, Creams naviguait déjà en solo sur la scène electro-pop de Tbilisi avant d’être invitée par la marque de vêtement géorgienne Matériel à jouer lors de leur défilé printemps-été 2020. Sa performance lui vaut une reconnaissance nationale et internationale. Elle signe alors un contrat avec le label londonien AWAL et, par extension, le début de sa carrière musicale professionnelle. “La musique n’est plus un hobby désormais. C’est une responsabilité et je sais que je dois travailler dur. Parfois c’est assez difficile, mais le plus important c’est que je me pousse sans cesse à faire plus et, en fin de compte, les efforts paient.“ Après la sortie de son dernier single Sleep On Me, Creams prépare son premier EP...“un projet de trois nouvelles track accompagnées de superbes clips...que vous allez devoir découvrir par vous même parce que je ne veux rien spoiler !“ conclue-t-elle avant de mettre fin à l'interview. Il faut refaire du café, sa tasse est déjà froide.