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17 Megan Thee Stallion, Traumazine

Megan Thee Stallion : pourquoi son nouvel album est déjà majeur

MUSIQUE

Sorti ce vendredi, Traumazine, le deuxième album sombre et vulnérable de la charismatique artiste originaire du Texas Megan Thee Stallion, confirme que la star est l'une des rappeuses les plus versatiles et puissantes de sa génération.

  • La pochette de "Traumazine", nouvel album de Megan Thee Stallion

    La pochette de "Traumazine", nouvel album de Megan Thee Stallion La pochette de "Traumazine", nouvel album de Megan Thee Stallion
  • Megan Thee Stallion dans le clip du titre “Her” réalisé par Colin Tilley

    Megan Thee Stallion dans le clip du titre “Her” réalisé par Colin Tilley Megan Thee Stallion dans le clip du titre “Her” réalisé par Colin Tilley
  • Megan Thee Stallion par Jamie Nelson

    Megan Thee Stallion par Jamie Nelson Megan Thee Stallion par Jamie Nelson
  • Megan Thee Stallion par Jamie Nelson

    Megan Thee Stallion par Jamie Nelson Megan Thee Stallion par Jamie Nelson
  • Megan Thee Stallion

    Megan Thee Stallion Megan Thee Stallion
  • Megan Thee Stallion

    Megan Thee Stallion Megan Thee Stallion

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1. Une thérapie sonore poignante


C'est devenu une tendance phare dans le rap, tout comme le recours aux sonorités house. Faire sa thérapie en musique pour espérer aller mieux après la sortie de son album est désormais monnaie courante. Après Jay-Z, Kanye West et Kendrick Lamar, c'est au tour de la Texane Megan Thee Stallion de raconter sa vie compliquée. Parmi les traumas abordés, l'Américaine évoque d'avoir été blessée par balle au pied en 2020 suite à des tirs qui auraient été perpétrés par le rappeur Tory Lanez, la mort de sa mère et de sa grand-mère, la bataille judiciaire avec son label (1501 Certified), le poids de la célébrité et son anxiété. Mais loin de la confession autocentrée, la rappeuse charismatique qui ne s'est jamais montrée aussi vulnérable auparavant aborde aussi des sujets plus sociétaux et politiques. Sur Gift & a Curse, les paroles “My motherfucking body/My choice” résonnent comme un message directement adressé à la Cour suprême des États-Unis qui a récemment torpiller le droit à l'avortement dans le pays.

 

Parmi les passages les plus saisissants de l'album qui ressemble à un long cheminement vers la résilience encore empreint de colère, la féministe Megan Thee Stallion épingle la misogynoir, soit l'hostilité envers les femmes noires liée à leur couleur de peau et à leur genre dont la star a été victime. Elle insinue notamment que le traitement dont elle fait l'objet dans les médias - qui n'ont pas toujours été tendres avec elle - est sans doute dû à sa peau "pas assez blanche". La rappeuse se compare également dans le titre Anxiety à Britney Spears, Whitney Houston et Marilyn Monroe, des icônes malheureuses, souvent incomprises par l'opinion publique. Mais le côté sombre des textes et des productions de Traumazine n’empêche pas l'artiste d'aborder des sujets plus légers, sexuels ou centrés sur l'affirmation de soi avec le très house et réussi Her ou le sexy Red Wine. Mais qu'elle nous donne à réfléchir ou nous invite à danser, la Texane sonne toujours juste.

Le trailer de Traumazine, le second album de Megan Thee Stallion

2. Un album riche en audaces

 

Dans une interview accordée en juin dernier au média américain Rolling Stone, Megan Thee Stallion avait prévenu à propos de Traumazine : “Je veux vous faire traverser tant d’émotions différentes. Au début, vous allez twerker, puis ensuite vous allez peut-être pleurer." Tout un programme... parfaitement exécuté tout au long des dix-huit productions souvent audacieuses de l'album. Versatile, la rappeuse de 27 ans y navigue avec aisance entre les styles (house, rap 90's, R'n'B des années 2000, pop mainstream, bedroom pop, samples du groupe soul The Isley Brothers) en même temps qu'elle module son flow. Sa souplesse, sa férocité et sa puissance évoquent tour à tour Cardi B et Queen Latifah tout en imposant sa propre signature. Entre douceur, agressivité, débit mitraillette, ton inquiétant et sonorités suaves, la voix élastique de Megan Thee Stallion sonne comme une arme de séduction native. Mais aussi de destruction lorsqu'elle aborde le racisme et le sexisme.

Le clip vidéo de Her, extrait de Traumazine, le second album de Megan Thee Stallion

3. Des invités prestigieux (et onéreux)

 

Megan Thee Stallion est habituée aux collaborations cinq étoiles. Elle a déjà rappé avec Cardi B sur le cultissime WAP (2020), avec SZA et avec Beyoncé (qui a participé à un remix de son tube Savage). Sur Traumazine, elle fait preuve de sororité en invitant des chanteuses et rappeuses qui pourraient être perçues comme ses rivales. On retrouve en effet les passionnantes Latto, Rico Nasty, Jhené Aiko ou encore Dua Lipa sur ce projet ambitieux. Mais tout le monde n'est peut-être pas présent sur l'album pour les beaux yeux de l'Américaine. En effet, la star a dévoilé à l'antenne de la radio Power 106 que pour avoir l'honneur d'un featuring de Future sur son titre Pressurelicious, elle a dépensé 250 000 dollars. Une coquette somme déboursée contre l'avis de son management et qui, au final, valait l'investissement puisque le morceau est l'un des tubes les plus puissants d'un disque qui a le don de transformer les traumas en hits cathartiques.

 

Traumazine (2022) de Megan Thee Stallion, disponible sur toutes les plateformes.

La vidéo de Plan B de Mega Thee Stallion