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Numéro
05 Sam Quealy

Rencontre avec Sam Quealy, la Barbie techno-pop qui embrase Paris

MUSIQUE

Sam Quealy, chanteuse et performeuse proche du groupe La Femme attire de plus en plus les regards sur la scène artistique internationale. Après deux singles prometteurs entre gabber et hyperpop, l’Australienne exilée à Paris sort un nouveau morceau, Big Cat, hymne sensuel et engagé sur l'empowerment féminin. Rencontre avec une artiste qui sous ses faux airs de Barbie du futur, renferme un univers tout sauf en toc.

Ceux qui l'ont déjà croisée dans la capitale hexagonale aux détours d'une fête, d’un vernissage ou d'un défilé ont eu beaucoup de mal à oublier son aura magnétique, presque extraterrestre. Sam Quealy, chanteuse, danseuse, performeuse, productrice et rappeuse ne passe pas inaperçue avec son maquillage outrageant, ses courbes sculpturales et ses looks cyber-punk. Quelque part entre la Pamela Anderson de Barb Wire, la Daryl Hannah de Blade Runner, RuPaul et Kylie Minogue, cette Australienne installée à Paris fait partie de la bande qui gravite autour du groupe de rock-surf-punk-électro La Femme. Elle apparaît souvent, main dans la main, avec Marlon Magnée, co-fondateur de la formation française barrée pour laquelle Sam Quealy a déjà imaginé des chorégraphies. Mais celle qui définit son style comme "badass- fetish-chic-club kid" n’est pas qu’une jolie fille qui hésite entre plusieurs voies. Elle sort ce vendredi son troisième single, Big Cat, qui l’impose comme une artiste à suivre en matière de synthpop sensuelle et efficace au charme kitsch. Quand on lui demande de décrire sa musique qui navigue entre gabber, dance et hyperpop, l’artiste répond : "C’est Jessica Rabbit dans une rave." Ses autres influences majeures ? Les femmes fortes et iconiques telles que Marlene Dietrich, les vieux films hollywoodiens, l’eurodance des années 90 et toutes les formes de mouvements.

 

Le mouvement, c’est ce qui lie toutes les aventures d’une pop star en herbe qui, malgré sa vingtaine d’années, a déjà connu mille vies. Née dans une petit coin balnéaire de la ville de Sydney, la jeune femme a commencé à danser dès l'âge de trois ans avant de passer toute son adolescence à enchaîner les pas classiques et contemporains. Très vite, elle se faufile dans les raves et les boîtes de nuit. Et c'est sous les néons des pistes de danse nocturnes qu’elle commence à se libérer de la discipline académique des entrechats et pointes de l’enfance. Elle raconte : "À 18 ans, j'ai commencé à travailler en tant que danseuse professionnelle. J'ai déménagé à Hong Kong pour y danser, ce qui m'a ouvert les yeux sur le monde. Après cela, j'ai dansé aux Philippines et j'ai fait une tournée aux États-Unis. J'ai ensuite participé à un spectacle de cabaret à Paris et c'est comme ça que je me suis retrouvé ici. Je suis tombée si amoureuse de la capitale que je ne l'ai jamais quittée. C'est vraiment l'une des plus belles villes du monde - une cuisine et des gens incroyables et tellement de sources d’inspiration pour les artistes."

Si Paris inspire Sam Quealy, on voit aussi en elle l’héritage de la scène ballroom new-yorkaise de la fin des années 80. Quand dans des fêtes survoltées, les jeunes queers noirs et latinos pouvaient marcher comme des mannequins de Fashion Week et s’inventer à travers le vêtement un autre personnage ou une autre classe sociale. Que ce soit dans ses clips ou dans ses performances, Sam Quealy incarne diverses figures, entre la femme et l’homme, le robot et l’humain, le vintage et le futur. Et c'est dans la scène voguing et drag parisienne qu’elle semble avoir trouvé son terrain créatif le plus épanouissant. "Je fais partie de la house (collectif d'artistes-danseurs recréant une famille) de voguing Comme des Garçons, confie Sam Quealy. Mes catégories sont "sex siren" et "face." Ma house est vraiment incroyable. J’apprends beaucoup d'eux. Il est important pour moi de respecter les traditions et les valeurs de cette maison… Je pense que beaucoup de gens peuvent voir la culture des ballrooms comme une tendance mais c’est plutôt un mouvement… une résistance à ce à quoi les personnes LGBTQIA+ PoC ont dû faire face, au passé. Avec la ball culture, ils peuvent se rassembler et trouver de la force en tant que communauté…"

 

Autant dans l’entertainement que dans l’engagement, Sam Quealy fait aussi passer des messages à travers ses chansons. Son nouveau single, le rugissant et sexy Big Cat parle "de libération sexuelle, de liberté et de fluidité." Sam Quealy explique à son sujet : "J'espère que cette chanson peut servir d’hymne d'empowerment pour les femmes. Les paroles sont presque un mantra ou une façon d'affronter le monde : “ So what’s the verdict ? Now you know that I’m perfect - wanna taste my cattitude, match my attitude ?” ("Alors, quel est le verdict ? Maintenant que tu sais que je suis parfaite - tu veux goûter à ma "chattitude" (jeu de mot entre "attitude" et "chat"), matcher avec mon attitude ?" Big Cat est le genre de chansons que tu écoutes après un chagrin d’amour. Tu mets du rouge à lèvres, une mini-jupe et tu vas faire claquer tes talons dans la rue. Cela donne des "bad b**ch vibes." Des vibrations irrésistibles qui n’en ont pas fini de faire trembler la capitale puisque Sam Quealy peaufine en ce moment son premier album prévu pour 2022. Un disque qu'on imaginerait bien s'appeler Paris is Burning...

 

Big Cat (2021) de Sam Quealy, disponible sur toutes les plateformes.