26 sept 2025

Sam Quealy, la Barbie techno pop qui embrase Paris, est de retour

Sam Quealy, chanteuse et performeuse proche du groupe La Femme attire de plus en plus les regards sur la scène artistique internationale. Après plusieurs singles prometteurs mêlant gabber et hyperpop, l’Australienne exilée à Paris a sorti un album envoûtant, entre pop et techno, Blonde Venus, en octobre 2023. Alors qu’elle publie un tout nouveau single, Londontown, portrait d’une artiste que Numéro suit depuis longtemps. Et qui, sous ses faux airs de Barbie du futur, renferme un univers tout sauf en toc.

  • par Violaine Schütz.

  • Publié le 26 septembre 2025. Modifié le 4 décembre 2025.

    Sam Quealy – Klepto (2021).

    “Ceux qui l’ont déjà croisée dans la capitale hexagonale aux détours d’une fête, d’un vernissage ou d’un défilé ont eu beaucoup de mal à oublier son aura magnétique, presque extraterrestre. Sam Quealy, chanteuse, danseuse, performeuse, productrice et rappeuse ne passe pas inaperçue avec son maquillage outrageant, ses courbes sculpturales et ses looks cyber-punk. Quelque part entre la Pamela Anderson de Barb Wire, la Daryl Hannah de Blade Runner, RuPaul et Kylie Minogue, cette Australienne installée à Paris fait partie de la bande qui gravite autour du groupe de rock-surf-punk-électro La Femme. » 

    Blonde Venus, le premier album explosif de techno pop sensuelle signé Sam Quealy 

    C’est ainsi que l’on décrivait, il y a quelques années la chanteuse Sam Quealy, star en devenir qui a explosé avec son premier album de techno pop sensuelle et badass : Blonde Venus, sorti en octobre 2023. La chanteuse est souvent apparue, main dans la main, avec Marlon Magnée, co-fondateur de la formation française barrée La Femme pour laquelle Sam Quealy a déjà imaginé des chorégraphies. Mais celle qui définit son style comme “badass- fetish-chic-club kid » n’est pas qu’une jolie fille qui hésite entre plusieurs voies.

    Sam Quealy- Watch Me Now (2023).

    Jessica Rabbit dans une rave

    En une poignée de singles tels que Big Cat, elle s’est imposée comme une artiste à suivre en matière de synthpop sexy et efficace au charme kitsch. Elle a même attiré l’attention de Jean Paul Gaultier, FKA twigs et Nadia Lee Cohen. Quand on lui demande de décrire sa musique qui navigue entre gabber, techno, dance et hyperpop, l’artiste répond : “C’est Jessica Rabbit dans une rave.

    Ses autres influences majeures ? Les femmes fortes et iconiques telles que Marlene Dietrich, les vieux films hollywoodiens, l’eurodance des années 90 et toutes les formes de mouvements. Mais Sam Quealy fait aussi beaucoup penser à Madonna et aux artistes cosmiques du label Italians do it Better.

    Un sillon passionnant, entre Marlene Dietrich et Madonna 

    Le mouvement, c’est ce qui lie toutes les aventures d’une pop star en herbe qui, malgré sa vingtaine d’années, a déjà connu mille vies. Née dans un petit coin balnéaire de la ville de Sydney, la jeune femme a commencé à danser dès l’âge de trois ans avant de passer toute son adolescence à enchaîner les pas classiques et contemporains. Très vite, l’étincelante Sam Quealy se faufile dans les raves et les boîtes de nuit. Et c’est sous les néons des pistes de danse nocturnes qu’elle commence à se libérer de la discipline académique des entrechats et pointes de l’enfance.

    Sam Quealy – YUM (2023).

    Une figure de la scène voguing 

    Elle raconte : “À 18 ans, j’ai commencé à travailler en tant que danseuse professionnelle. J’ai déménagé à Hong Kong pour y danser, ce qui m’a ouvert les yeux sur le monde. Après cela, j’ai dansé aux Philippines et j’ai fait une tournée aux États-Unis. J’ai ensuite participé à un spectacle de cabaret à Paris et c’est comme ça que je me suis retrouvée ici. Je suis tombée si amoureuse de la capitale que je ne l’ai jamais quittée. C’est vraiment l’une des plus belles villes du monde – une cuisine et des gens incroyables et tellement de sources d’inspiration pour les artistes.

    Si Paris inspire Sam Quealy, on voit aussi en elle l’héritage de la scène ballroom new-yorkaise de la fin des années 80. Quand dans des fêtes survoltées, les jeunes queers noirs et latinos pouvaient marcher comme des mannequins de Fashion Week et s’inventer à travers le vêtement un autre personnage ou une autre classe sociale. Que ce soit dans ses clips ou dans ses performances, Sam Quealy incarne diverses figures, entre la femme et l’homme, le robot et l’humain, le vintage et le futur. Et c’est dans la scène voguing et drag parisienne qu’elle semble avoir trouvé son terrain créatif le plus épanouissant.

    Sam Quealy – Seven Swords (2023).

    Je fais partie de la house (collectif d’artistes-danseurs recréant une famille) de voguing Comme des Garçons, confie Sam Quealy. Mes catégories sont “sex siren » et « face. » Ma house est vraiment incroyable. J’apprends beaucoup d’eux. Il est important pour moi de respecter les traditions et les valeurs de cette maison… Je pense que beaucoup de gens peuvent voir la culture des ballrooms comme une tendance mais c’est plutôt un mouvement… une résistance à ce à quoi les personnes LGBTQIA+ PoC ont dû faire face, au passé. Avec la ball culture, ils peuvent se rassembler et trouver de la force en tant que communauté…”

    Sam Quealy – Londontown (2025).

    Londontown, le nouveau single électrisant de Sam Quealy

    Autant dans l’entertainement que dans l’engagement, Sam Quealy fait aussi passer des messages à travers ses chansons. Son single Big Cat parle « de libération sexuelle, de liberté et de fluidité. » Sam Quealy explique à son sujet : “J’espère que cette chanson peut servir d’hymne d’empowerment pour les femmes. Les paroles sont presque un mantra ou une façon d’affronter le monde : “ So what’s the verdict ? Now you know that I’m perfect – wanna taste my cattitude, match my attitude ?” (« Alors, quel est le verdict ? Maintenant que tu sais que je suis parfaite – tu veux goûter à ma « chattitude” (jeu de mot entre « attitude » et « chat »), matcher avec mon attitude ? » Big Cat est le genre de chansons que tu écoutes après un chagrin d’amour. Tu mets du rouge à lèvres, une mini-jupe et tu vas faire claquer tes talons dans la rue. Cela donne des « bad b**ch vibes.”

    Des vibrations irrésistibles qui n’en ont pas fini de faire trembler la capitale à tel point que le tout nouveau single de la chanteuse, intitulé Londontown, aurait pu s’appeler Paris is Burning… Sorti le 26 septembre 2025, le titre dévoile un nouveau visage de l’artiste, quelque part entre électro-pop, eurodance et disco, C’est l’ombre d’une Amanda Lear échappée du Berghain qui plane sur ce tube rutilant, magnifié par un clip ultra sexy qui est d’ores et déjà l’une de nos vidéos fétiches de l’année. 

    Une nouvelle ère, entre eurodance et indie sleaze

    Elle nous confie à son sujet : “Je voulais capturer cette sensation constante de mouvement, cette course perpétuelle, cette fuite incessante. On arrive quelque part, et puis on est déjà en mouvement. Nous avons tourné la vidéo en banlieue parisienne pour lui donner cette atmosphère froide et brutaliste. Et bien sûr, il fallait que j’inclue un « dance break », mais pas le moment de danse classique des pop stars. J’ai opté pour une séquence inspirée du jumpstyle et du gabber, le tout en parfaite synchronisation. J’ai toujours été obsédée par le hardstyle et le jumpstyle. Je vais dans des raves depuis l’âge de 14 ans, donc c’était naturel d’intégrer cette énergie dans la vidéo.”

    Quant aux thèmes principaux de Londontown, il s’agit, pour Sam Quealy, de l’évasion et du désir. “J’y évoque l’envie d’atterrir dans un meilleur endroit, plus libre, plus excitant. Le clip évoque cette époque où l’on est jeune et insouciant, mais où, dès qu’on est assez vieux pour tomber amoureux, on est soudainement en quête de plus. Plus de connexion, plus de frisson, plus de sens… Il s’agit de se demander si la personne qui vous attire vous y rencontrera. Viendra-t-elle avec vous ? Vous rejoindra-t-elle quelque part, comme à Londres, par exemple ?

    L’artiste poursuit : “Le morceau est fortement influencé par le disco, notamment les cordes, qui sont devenues une grande source d’inspiration pour moi dans cette nouvelle ère. Je voulais puiser dans ces émotions positives, euphoriques et dancefloor, tout en conservant une touche de mordant. Il y a des éléments dindie sleaze et de sonorités électroclash, notamment avec les synthés puissants que nous utilisons, ainsi qu’une touche de cette énergie eurodance des années 90. Marlon Magnée, mon co-auteur, dévoile un solo de synthé épique à la fin. C’est d’ailleurs mon passage préféré du morceau. J’ai envie d’être absorbé par ce synthé (rires).

    Un nouvel album en préparation

    Sam Quealy avoue également que ce morceau donne un bon aperçu de son prochain album, actuellement en préparation. “Londontown est un parfait avant-goût de ce qui m’attend. J’ai l’impression d’avoir vraiment évolué, tant en tant qu’auteure-compositrice qu’en tant qu’artiste. Avec mon premier album, j’expérimentais et déterminais mon son en temps réel. Mais avec ce nouvel album, c’est comme si j’avais déverrouillé une nouvelle clé dans mon écriture. Je ne peux pas vraiment l’expliquer, mais quelque chose a cliqué. Ça me ressemble toujours, mais comme une version grande sœur de moi-même, une Sam Quealy 2.0.

    Mais que peut-on espérer plus précisément de ce prochain opus qui pourrait voir le jour en 2026 ? La chanteuse explique : “On peut s’attendre à un mélange de vulnérabilité et de chaos, à des moments de danse énergiques et à des paroles plus profondes. C’est nostalgique, mais frais, émouvant, euphorique et un brin déjanté. C’est un album pour danser malgré le chagrin, pour rechercher la liberté et se retrouver dans le chaos.

    Londontown (2025) de Sam Quealy, disponible.