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31 De Neil Young aux auditeurs, pourquoi la plateforme Spotify fait-elle polémique ?

De Neil Young aux auditeurs, pourquoi la plateforme Spotify fait-elle polémique ?

MUSIQUE

Le musicien folk-rock culte Neil Young ainsi que plusieurs autres artistes tels que Joni Mitchell reprochent à Spotify d’héberger un podcast très écouté et controversé diffusant de fausses informations sur le Covid-19. Résultat ? De plus en plus d’auditeurs prennent la tangente… Et la plateforme envisage des mesures.

Tout a commencé avec le puissant Neil Young, dont la discographie pléthorique est très écoutée. Le chanteur américano-canadien a exigé, dans une lettre adressée à son manager et à son label, que Spotify retire sa musique de son catalogue. "Ils peuvent avoir Rogan ou Young. Pas les deux", expliquait l’icône rock il y a une semaine de cela. L’auteur du sublime Harvest (1972) reproche au géant du streaming d’héberger un podcast à succès animé par l’ex-commentateur sportif Joe Rogan, 54 ans. Dans cette émission intitulée The Joe Rogan Experience que la plateforme s’est offerte pour 100 millions de dollars en 2020 et dont chaque épisode est suivi par plus de 11 millions d’auditeurs, Joe Rogan tient souvent des propos que ne renieraient pas les soutiens réactionnaires de l’idéologie Trump. 

 

L'animateur controversé Joe Rogan a aussi souvent donné la parole à des invités opposés au vaccin contre le Covid-19 ou diffusant des fake news sur le virus à tel point qu’en janvier dernier,  plus de deux cents professionnels du secteur médical américain qualifiaient The Joe Rogan Experience de "menace contre la santé publique." Un avis partagé par Neil Young, pour qui Spotify est devenu "un lieu de désinformation potentiellement mortelle sur le Covid-19 " ou encore un espace où "des mensonges sont vendus contre de l’argent."

 

Dans la foulée de ces propos véhéments, le chanteur a retiré toute sa discographie de Spotify, le 27 janvier. Un acte fort qui a été suivi par Joni Mitchell, qui a supprimé son catalogue de la plateforme dès le 28 janvier. De son côté, James Blunt a soutenu, dans un tweet plein d’humour, la décision de ces artistes de ne plus figurer parmi ceux proposés par le géant suédois. Et Meghan Markle et le prince Harry, en contrat avec Spotify pour une série de podcasts, ont eux aussi fait part de leurs inquiétudes quant à la présence de fake news sur la plateforme. Les auditeurs boycottent également le leader du streaming en déclarant depuis une semaine, toujours sur Twitter et en utilisant les hashtags #SpotifyDeleted et #DeleteSpotify, avoir désinstallé le service.

 

Face au déferlement de critiques, Spotify a choisi de conserver Joe Rogan sur son antenne. Mais le PDG et fondateur du numéro un du streaming, Daniel Ek, a déclaré ce dimanche 30 janvier qu’il allait prendre d'autres mesures. Dans les jours prochains, les podcasts évoquant le Covid devront être accompagnés de liens vers des informations scientifiquement sourcées. Il admet en effet, dans un communiqué : "Sur la base des retours que nous avons depuis ces dernières semaines, il est devenu clair pour moi que nous avions une obligation de faire plus pour fournir de l'équilibre et donner accès à une information largement acceptée des communautés médicales et scientifiques."  Sauf que l’épisode est loin d’être clos. Spotify fait partie des plateformes taxées de ne pas rémunérer suffisamment les artistes. Et ce n'est pas la vindicte d’artistes influents qui va aider à calmer les ardeurs.