Pour sa première exposition parisienne, Andrew Moncrief a choisi de réaliser ses 5 nouvelles toiles en s’inspirant d’images photographiées pour l’occasion avec Numéro art. En collaboration avec le photographe Julien Barbès, l’artiste canadien a réalisé une série mode autour de cinq personnalités queer berlinoises revêtant les pièces de la collection Gucci Love Parade et offrant une diversité d’approches de la masculinité. Ces images, publiées dans le Numéro art 10 actuellement en kiosque, où les corps se meuvent dans des chorégraphies douces et sensuelles lui ont servi de matériau d’origine pour réaliser les collages préparatoires aux toiles présentées cet été à Paris.
“Mon travail traite de mon identité d’homme gay et queer, explique l’artiste. Pour composer mes peintures qui ressemblent à des collages, j’utilise habituellement des images de nu existantes, mais ici, tout s’est construit à partir de photos de mode réalisées pour l’occasion. Je suis sensible aux corps vêtus, aux drapés classiques et à la peinture de la Renaissance. Les vêtements génèrent une tension et des plis, comme une métaphore du corps et des tensions que celui-ci est capable de ressentir.”
Dans les toiles d’Andrew Moncrief, le corps masculin semble en perpétuel métamorphose. Disloqué et entremêlé, il se fond dans son environnement et dialogue avec d’autres corps autant qu’avec les couleurs, les textures et les vêtements. Le corps fluide et hybride échappe ainsi à toutes les catégories et normes que la société lui impose. La peinture de l’artiste forme un acte de liberté et ses toiles des safe spaces queer où toutes les attitudes et les représentations deviennent possibles. Le corps libéré et fantasmagorique y est célébré au travers d’une palette de couleurs réjouissantes qui explosent à travers la toile. Ce nouveau travail s’est également constitué en référence au célèbre peintre Francis Bacon, et plus particulièrement à sa représentation du corps traversée autant par la beauté que par le grotesque. Cette dichotomie entre séduction et répulsion, beauté et dysmorphie, trouvent une réconciliation salutaire dans l’art profondément optimiste d’Andrew Moncrief. La beauté du corps y est célébrée au-delà des canons classiques de perfection, révélant le sublime de l’étrangeté.