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Numéro
25 De Godard à Araki, quand les artistes créent à la photocopieuse

De Godard à Araki, quand les artistes créent à la photocopieuse

PHOTOGRAPHIE

Jusqu'au dimanche 28 novembre, la librairie du Bal, espace d'exposition et d'édition consacré à la photographie à Paris, organise un festival consacré à un médium artistique insolite : la xérographie et le Copy Art, autrement dit, l'art de confectionner des images avec une photocopieuse. Ateliers, conférences, workshops permettront d'en apprendre davantage sur cette technique improbable, qui a séduit aussi bien Jean-Luc Godard que Sol LeWitt et Nobuyoshi Araki. 

© Ruth Van Beek / The Levitators. © Ruth Van Beek / The Levitators.
© Ruth Van Beek / The Levitators.

En 1959, l’entreprise américaine Xerox invente le premier photocopieur xérographique [sur papier ordinaire] et crée une véritable révolution. Dans la presse écrite comme dans les ministères, tout le monde ne jure que par cette nouvelle technologie qui, ainsi industrialisée, permet de reproduire et imprimer des documents de chez soi. L'innovation séduit même en un clin d'œil les plasticiens qui s'empressent de détourner la machine pour créer de nouvelles images sans même utiliser un appareil photo. Grâce à ce nouveau médium accessible et peu coûteux, photographes, sculpteurs et peintres réalisent des expérimentations audacieuses voire, comme l'Américaine Pati Hill, passent sous la photocopieuse des objets du quotidien tels que des fleurs, mouchoirs, pantalons et même asperges qui donnent lieu à des clichés délicats. Les artistes Joseph Kosuth, Sigmar Polke, Sol LeWitt et Carl Andre créent même en 1968 l’ouvrage collectif Xerox Book pour réunir leurs créations respectives. En Amérique, les éditions de ce qu'on appelle le “Copy Art” circulent si aisément que certains artistes décident d’en faire un outil d’émancipation où faire circuler leurs messages contestataires à l'image des fanzines, publications indépendantes amatrices et activistes. Mais avec l’apparition d’Internet à la fin des années 90, le Copy Art tombe progressivement dans l’oubli. À deux pas de la place de Clichy à Paris, Le BAL Books – librairie du Bal, espace d'exposition dédiée à la photographie à Paris  – déterre ce médium insolite à l'occasion d'un festival de quelques jours.

Vue de l’exposition Copy This! © LE BAL Books. Vue de l’exposition Copy This! © LE BAL Books.
Vue de l’exposition Copy This! © LE BAL Books.

Jusqu'au 28 novembre, le lieu présente une exceptionnelle sélection d’ouvrages historiques rares comme un livre d'œuvres du cinéaste Jean-Luc Godard, l’une des têtes de file de la Nouvelle Vague qui l'avait aussi baptisé Xerox Book, un ouvrage de l'Américaine Pati Hill, première femme à avoir lancé sa galerie de Copy Art en 1994 ou encore les séries fantomatiques de Nobuyoshi Araki réunies dans un ouvrage baptisé Xeroxed Photobook series. À l’initiative du duo d'éditeurs Copy Machine, la librairie du Bal se transforme également en atelier de xérographie. À destination d’étudiants en art, des workshops, consacrés à l’apprentissage de la fabrication d’ouvrages xérographiques, permettent de délivrer un enseignement pratique et théorique autour de cette technique d’édition. Grâce aux deux photocopieuses mises librement à disposition, les amateurs pourront confectionner leurs propres publications. Quant aux éditeurs, chercheurs et historiens d’art invités dans plusieurs conférences, ils discuteront des enjeux politiques et esthétiques du Copy Art.

 

 

COPY THIS! : Xerox & Copy Art de 1960 à nos jours, jusqu'au 28 novembre, au BAL Books, Paris 18e.