47


Commandez-le
Numéro
20 Que faut-il penser du retour de “Dexter”, 8 ans après la dernière saison?

Que faut-il penser du retour de “Dexter”, 8 ans après la dernière saison?

Série

On le savait depuis quelques mois déjà : Dexter Morgan est de retour. Et le sang risque de couler à flot. Mais cette renaissance, à l’écran et huit ans après sa disparition, du tueur en série le plus célèbre de la fin des années 2000, était-elle vraiment nécessaire ?

© 2021 Showtime/Seacia Pavao © 2021 Showtime/Seacia Pavao
© 2021 Showtime/Seacia Pavao

On le savait depuis quelques mois déjà : Dexter Morgan est de retour. Et le sang risque de couler à flot. Mais cette renaissance, à l’écran et huit ans après sa disparition, du tueur en série le plus célèbre de la fin des années 2000 questionnait tout autant que la pertinence de la résurrection de Carrie Bradshaw sur HBO. Parce que Dexter, la série lancée par Showtime en 2007 et qui avait, au fil des saisons, conquis la critique comme le public, semble appartenir à une époque qu’on souhaite désormais maintenir sous papier glacé. Celle de l’enfouissement de Sex and the city au profit de films ratés et du triomphe de séries que l’on s’offrait à Noël, sous forme de coffrets DVD.

 

Alors, pourquoi donc ressusciter ce légiste tordu à la gueule d’ange ? Commettra-t-il, surtout, de nouveaux crimes avec son rituel codifié, endormant ses victimes puis les enveloppant de cellophane avant de les démembrer ? La réponse à cette question se trouve déjà dans le sous-titre de cette neuvième saison. Dexter s’intitule sobrement New Blood, que l’on peut entendre par “chair fraîche”, “nouveau sang” ou même “nouvelle génération”… Car c’est finalement ça, les enjeux du retour du personnage incarné par Michael C. Hall : le voir – ou non – assassiner à nouveau et questionner son héritage, ce qu’il a transmis par ses gênes, à savoir, peut-être, la soif de tuer… 

La suite tant attendue s’ouvre sur la nouvelle vie du serial killer. Il s’est exilé au fin fond de l’Etat de New York, dans un bled pommé et enneigé qui rappelle l’Amérique profonde de Fargo. Son quotidien de repenti consiste à converser via FaceTime avec sa nouvelle girlfriend cheffe de la police et à supporter le bruit des soirées, dans des villas XXL, de jeunes gens aisés sous cocaïne. Il se fait désormais appeler Jim et vend des fusils de chasse à ses brutes de voisins. On n’est bien loin, là, de son ancienne vie : en 2013, l’épisode final le faisait disparaître en mer puis ressurgir en bucheron. Le clap de fin était un adieu définitif aux palmiers de Miami.

 

La campagne, la neige… C'est le nouveau décor de cette suite type “on prend les mêmes et on recommence” des années après. Clyde Phillips, le showrunner des premières saisons, revient et ressuscite Debra, l'ex-femme défunte de Dexter, sous forme d'un fantôme qui lui colle aux basques. Et pour continuer à coller à la “patte” de la série, à savoir celle d'un show centré sur la psyché d'un personnage ayant subi plusieurs traumatismes durant son enfance, il injecte un personnage qui deviendra central : le fils de Dexter. Se posent dès lors les questions de la filiation, de l'héritage et des daddy issues – très en vogue en ce moment dans la société –, le tout saupoudré de préoccupation écologiques, avec notamment l'insertion d'un personnage que tous sont d'accord pour détester, le grand méchant pollueur. À la fin, si Dexter New Blood semble avoir tout tenté pour justifier son reboot – de l'injection de thématiques très 2021 aux retours surprises de nos personnages préférés –, il laisse un goût de ringardise. Ce polar ramolli aurait mieux fait de rester dans nos têtes une série d'anthologie des années 2000.

 

Dexter New Blood (2021), disponible sur myCanal et deux épisodes par semaine sur Canal+.