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21 Que vaut “On The Verge”, la série de Julie Delpy célébrant les femmes au bord de la crise de nerf ?

Que vaut “On The Verge”, la série de Julie Delpy célébrant les femmes au bord de la crise de nerf ?

Série

Actrice précieuse vue chez les plus grands (Godard, Carax, Jarmusch, Kieslowski…), Julie Delpy s’est reconvertie en réalisatrice pleine de fantaisie, à qui l'on doit notamment le cinglant Two Days in Paris. Mais sa nouvelle série pour Canal+ s’attaque à un sujet des plus risqués et déjà-vus : des quadragénaires au bord de la crise de nerf. Celle qui était récemment célébrée à la Cinémathèque parvient-elle à dépasser les clichés ?

Le pitch est digne d’une nouvelle série à l’eau de rose sur l’amitié féminine et la midlife Life crisis. Dans un Los Angeles pré-Covid, quatre amies paumées jonglent entre les crises : familiales, financières, professionnelles et existentielles. Il y a Justine (incarnée par Julie Delpy), cheffe française dans un restaurant très prisé mais larguée dans son mariage, Anne, créatrice de vêtements débordée, Ella, mère de trois enfants nés de trois pères différents, et Yasmin, dont le congé maternité a duré 12 ans. Sur le papier, la série On the Verge de l’actrice et réalisatrice Julie Delpy, diffusée sur Canal+ (et coproduite par Netflix) ne nous épargne rien des clichés féminins. On pourrait d’ailleurs penser au premier abord à un Sex and the City version indé. Mais c’était sans compter sur l’intelligence et l’humour de Julie Delpy qui, expatriée à Los Angeles, a le don pour croquer avec un charme excentrique les déboires des amies de son âge sans succomber aux caricatures.

Les quadras vibrantes de la série “On The Verge” @ Canal+ Les quadras vibrantes de la série “On The Verge” @ Canal+
Les quadras vibrantes de la série “On The Verge” @ Canal+

On retrouve dans On the Verge ce qui a fait le succès de 2 Days In Paris (2007), la comédie fantasque phare de la réalisatrice. De la finesse, de l’absurde, de la cruauté et de la poésie dans les histoires de ces quadragénaires, que l’on sent toutes sur le point de craquer. On se reconnaît forcément un peu dans l’une des mésaventures de ces femmes (et de ces hommes) qui ont entre 40 et 50 ans et viennent de différentes catégories sociales et origines. Parmi les tracas de la bande, il y a celui qui ne trouve pas de boulot d'architecte, celle qui parle à son chat, celle qui pique des crises d’angoisse lors d’un entretien d’embauche, celle qui embrasse un homme édenté ou encore celle qui essaie coûte que coûte de rester dans le coup…

 

Le casting y est pour beaucoup dans le pouvoir de séduction de la série. Elisabeth Shue (actrice star des années 80 vue dans Retour vers le futur) émeut en créatrice bohème un peu trop portée sur les joints et délaissée par son mari, tout comme Giovanni Ribisi (Lost Highway, FriendsAvatar) en accro au sexe au regard triste qui essaie maladroitement de se désintoxiquer. On regrette par contre le manque de points de vue gays ou moins hétéronormés, qui auraient rendu cette truculente chronique bobo de la vie après quarante ans bien plus universelle.

 

 

On The Verge (2021) de de Julie Delpy, disponible sur Canal+.