C’est une profusion de couleurs et de détails que se succèdent trente silhouettes brillant de mille feux. Flamboyante, excentrique et d’une grande précision, la mode que le jeune homme développe depuis quatre ans s’enrichit ici de hauts bordés de plumes aux teintes flashy, du bleu électrique au fuchsia, de chemises et manteaux couverts de sequins scintillants par centaines, jusqu’à mêler les deux dans des robes moulantes que l’on verrait parfaitement dans un spectacle burlesque. Mais c’est sans doute dans la broderie minutieuse de perles à la silicone que le créateur illustre le plus son approche artisanale voire sculpturale du vêtement, dont l'ambition vise la qualité des savoir-faire mobilisés en haute couture : les boules multicolores – dont l’entrechoquement résonne aux pas des mannequins – dessinent sur les brassières, les mini-jupes et même les masques recouvrant le visage des motifs symétriques organiques où l’on pourrait parfois, comme lors d’un test de Rorschach, deviner des ailes de papillons, plongeant définitivement le vestiaire dans un monde féérique peuplé de créatures entre insectes géants et poissons des abysses.
Le créateur suisse continue d'innover en utilisant matières étonnantes – souvent surcyclées – et techniques originales, comme du plastique de maïs imprimé en 3D puis serti de cristaux Swarovski, l’impression sur du denim de flaques pailletées obtenues en mêlant cire, glaçon et gel pour cheveux, ou encore le tissage en dégradé de couleurs survoltées de tailleurs revisités, dont les bandes horizontales évoquent le glitch d'un écran abîmé. Des paires de bottes fourrées à l’intérieur et brodées à l’extérieur revisitent des modèles phares du label UGG, tandis que des sandales à plateformes détonnent par leur hauteur vertigineuse. Le label Germanier confirme ici qu'il sait offrir, plus que de simples vêtements, de véritables parures qui transforment la silhouette de la tête jusqu'aux pieds.
