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06 8 expositions à ne pas manquer en juin

8 expositions à ne pas manquer en juin

Art

Glenn Ligon au Carré d'art à Nîmes, Tatiana Trouvé au Centre Pompidou à Paris, Roman Signer à Besançon ou encore Berlinde de Bruyckere à Montpellier... Découvrez huit expositions à ne pas manquer en France au mois de juin.

Glenn Ligon, “Double America” (2012). Photo : Farzad Owrang.  © GLENN LIGON. Courtesy de l’artiste ; Hauser & Wirth, New York ; Regen Projects, Los Angeles ; Thomas Dane Gallery, Londres & Chantal Crousel, Paris

Glenn Ligon, “Double America” (2012). Photo : Farzad Owrang. © GLENN LIGON. Courtesy de l’artiste ; Hauser & Wirth, New York ; Regen Projects, Los Angeles ; Thomas Dane Gallery, Londres & Chantal Crousel, Paris

Glenn Ligon, “Debris Field (Red) #20” (2021). Photo : Lewis Ronald. © GLENN LIGON. Courtesy de l’artiste ; Hauser & Wirth, New York ; Regen Projects, Los Angeles ; Thomas Dane Gallery, Londres & Chantal Crousel, Paris

Glenn Ligon, “Debris Field (Red) #20” (2021). Photo : Lewis Ronald. © GLENN LIGON. Courtesy de l’artiste ; Hauser & Wirth, New York ; Regen Projects, Los Angeles ; Thomas Dane Gallery, Londres & Chantal Crousel, Paris

1. L'identité américaine décryptée sous l'œil affûté de Glenn Ligon au Carré d'art (Nîmes)

 

 

Depuis le milieu des années 80, Glenn Ligon explore à travers une œuvre coup de poing les ambiguïtés de l’identité américaine, la question raciale et la sexualité. Figure respectée de l’art américain, le New-Yorkais n’avait encore jamais eu droit à un solo show dans une institution française. Le Carré d’art de Nîmes y remédie avec l’exposition “Post-noir.” Au rendez- vous : ses sculptures en néons America, série qu’il poursuit depuis 2008 et ses peintures à l’huile et sérigraphies Debris Fields, développant un nouveau langage entre le cursif et l’abstraction, ainsi que des toiles plus optimistes inspirées de sa collaboration avec des enfants de Minneapolis à la fin des années 90. Outre ces œuvres qui ont fait sa renommée internationale, le sexagénaire dévoile un diptyque monumental reprenant l’intégralité d’un texte du célèbre écrivain afro-américain James Baldwin.

 

 

Glenn Ligon, “Post-Noir”, du 24 juin au 20 novembre au Carré d'art, Nîmes.

Tatiana Trouvé, “Notes on Sculpture” (2021).

Tatiana Trouvé, “Notes on Sculpture” (2021).

Tatiana Trouvé, “The Guardian” (2021).

Tatiana Trouvé, “The Guardian” (2021).

2. L'œuvre hybride et désorientante de Tatiana Trouvé au Centre Pompidou (Paris)

 

 

En une vingtaine d’années, Tatiana Trouvé s’est affirmée en véritable penseuse de l’espace. Que cela passe par ses sculptures hybrides, mêlant matelas, livres condensés, chaises déconstruites et autres éléments domestiques, ou des dessins saisissants grand format, réutilisant les codes ultra précis des croquis d’architecture pour y faire émerger des paysages fantasmés, l’artiste franco-italienne ne cesse de proposer des œuvres habitée par une forme d’inquiétante étrangeté. Au Centre Pompidou, la quinquagénaire repense l’intégralité de la galerie 3 pour immerger le spectateur dans son univers éminemment poétique traversé le mouvement perpétuel du monde, le rêve, la désorientation et l’oubli… Une première exposition personnelle dans l’institution parisienne qui se complète, simultanément, par son premier solo show à la galerie Gagosian.

  

 

Tatiana Trouvé, “Le grand atlas de la désorientation”, du 8 juin au 22 août au Centre Pompidou, Paris 4e.

Lina Lapelytė, “The Study of Slope” (detail), au Trust and Confusion show, 2021. Courtesy the artist and Tai Kwun contemporary Lina Lapelytė, “The Study of Slope” (detail), au Trust and Confusion show, 2021. Courtesy the artist and Tai Kwun contemporary
Lina Lapelytė, “The Study of Slope” (detail), au Trust and Confusion show, 2021. Courtesy the artist and Tai Kwun contemporary

3. Les chœurs dissonants de Lina Lapelytè à Lafayette Anticipations (Paris)

 

 

À la Biennale d’art de Venise en 2019, Lina Lapelytè investissait le pavillon lituanien avec sa performance inédite Sun and Sea (Marina), forme d'opéra sur plage de sable ayant pour but d'alerter le public, avec l'aide de la musique et des codes de la scène, sur la crise climatique. La scénographie impressionnante – qui a nécessité 35 tonnes de sable – et le ton ambigu du projet, à la fois poétique et grinçant, avait valu à l’artiste de remporter le Lion d’or. À Lafayette Anticipations, pour sa première exposition en France, l’artiste trentenaire orchestre cet été un autre projet musical qui durera plusieurs semaines. Cette fois-ci, l'artiste a invité une chorale de chanteurs dépourvus d’oreille musicale à chanter ensemble mais faux, dispersés dans le bâtiment signé Rem Koolhaas, afin de repousser en direct les limites de la mélodie et de l’harmonie.

 

 

Lina Lapelytè, “The Mutes”, du 23 juin au 24 juillet à Lafayette Anticipations, Paris 4e.

Berlinde de Bruyckere, “Arcangelo V” (détail), (2021). Photo : Mirjam Devriend

Berlinde de Bruyckere, “Arcangelo V” (détail), (2021). Photo : Mirjam Devriend

Berlinde de Bruyckere, “Arcangelo IV”, (2021). Photo : Mirjam Devriend

Berlinde de Bruyckere, “Arcangelo IV”, (2021). Photo : Mirjam Devriend

4. Les corps décharnés de Berlinde De Bruyckere au MO.CO. (Montpellier)

 

 

Jeunes filles et jeunes hommes masqués sous des lambeaux, branches de bois prolongées en ossements et en pattes de chevaux, ou encore corps défigurés et rabotés d’une pâleur cadavérique au réalisme perturbant… Aussi sombre qu’elle puisse paraître, l’œuvre sculpturale et picturale de Berlinde de Bruyckere traduit depuis trente ans des interrogations éminemment contemporaines, dont peut aussi émerger un certain optimisme : l’invitation à retrouver un rapport fusionnel avec la nature pour l’être humain, la réinterprétation païenne de motifs christiques tels que le martyre qui façonnent une nouvelle mystique, la mémoire des disparus, l’anonymat et la dissimulation du soi, à l’heure d’une société du triomphe de l’identité, ou encore l’érotisme... Dans son Hôtel des Collections, le MO.CO. consacre à l'artiste flamande sa plus grande exposition personnelle en France à ce jour, réunissant une cinquantaine d’œuvre réalisées au fil des 23 dernières années, jusqu’à six pièces inédites, conçues spécifiquement pour l’occasion.

 

 

Berlinde De Bruyckere, “Piller | Ekphrasis”, du 18 juin au 2 octobre au MO.CO., Hôtel des Collections, Montpellier.

Celine Condorelli, vue de l'exposition "Deux ans de vacances", FRAC Lorraine, 2020-2021. Crédits de l'artiste Celine Condorelli, vue de l'exposition "Deux ans de vacances", FRAC Lorraine, 2020-2021. Crédits de l'artiste
Celine Condorelli, vue de l'exposition "Deux ans de vacances", FRAC Lorraine, 2020-2021. Crédits de l'artiste

5. L'art contemporain italien face à son histoire à la Villa Arson (Nice)

 

 

À quoi ressemble la scène artistique italienne contemporaine ? Si le pays est mondialement connu pour son patrimoine historique séculaire, pour son cinéma ou encore pour ses figures majeures liées à l’arte povera à partir des années 60, la production des artistes issus de la Botte après cette période est bien moins connue et présentée. À Nice, pendant qu’une grande exposition célèbre au MAMAC l’étendue de l’avant-garde artistique italienne de la seconde moitié du 20e siècle, la Villa Arson réunit vingt artistes ou collectifs qui, depuis les années 90, replongent dans ces avancées pour montrer leurs échecs et leurs transformations, telles les fractures socio-culturelles et politiques accentuées par la mondialisation, les nouvelles technologies ou encore le développement de la surveillance extrême et du tout-sécuritaire. Une approche que l’on retrouve aussi bien dans les actions du duo Marie Cool Fabio Balducci, mettant en exergue les nouveaux modes d’aliénation au sein des bureaux, le film réalisé par le réseau d'artistes Alterazioni Video, ensemble d'archives qui rétablissent la vérité sur des faits déroulés pendant le G8 à Gênes, ou encore la cartographie colorée déployée dans l’espace par Céline Condorelli, œuvre in situ réalisée pour l'espace de la Villa Arson, signifiant du sol aux murs les hiérarchies souvent tacites qui segmentent – voire écrasent – les employés d’une même entreprise.

 

 

“The future behind us. L’art italien depuis les années 1990 : le contemporain face au passé”, du 12 juin au 28 août à la Villa Arson, Nice.

Roman Signer, “Salut” (2010). Collection Frac Franche-Comté. © Roman Signer. Photo : Michael Bodenmann Roman Signer, “Salut” (2010). Collection Frac Franche-Comté. © Roman Signer. Photo : Michael Bodenmann
Roman Signer, “Salut” (2010). Collection Frac Franche-Comté. © Roman Signer. Photo : Michael Bodenmann

6. L'œuvre explosive et instable de Roman Signer au Frac Franche-Comté (Besançon)

 

 

On le surnomme parfois le “pyrotechnicien de l’art”. A partir de la fin des années 70, Roman Signer se fait connaître pour ses actions et performances dont la force artistique, poétique voire politique naît du chaos, qu’il orchestre minutieusement à l’aide, la plupart du temps, d’explosifs. Filmées et parfois publiques, ses installations éphémères, détruites en quelques secondes après des heures de construction, font s’envoler dans le ciel des objets aussi banals que de des chaises ou des parapluies, jusqu’à des tentes dans lesquels il se met lui-même en scène avant de les faire voler en éclats. Mais l’œuvre de l’artiste suisse de 84 ans ne s’arrête pas là : cherchant sans cesse l’instabilité, une grande partie de sa pratique joue avec les éléments naturels comme la force de l’eau, du vent, ou encore le poids du sable. C’est un riche aperçu de ses récents projets que propose le Frac Franche-Comté, réunissant des œuvres produites de 2010 à aujourd’hui, parmi lesquelles un piano ouvert pour laisser des balles de golf courir sur ses cordes à l’aide d’un ventilateur, ou un camion jaune derrière lequel est projeté une vidéo filmant une route traversée de nuit, toujours animées par le même désir de façonner une esthétique de l’accident.




Roman Signer, “Tombé du ciel”, jusqu'au 22 septembre au Frac Franche-Comté, Besançon.

Philippe Parreno.

Philippe Parreno.

Miriam Cahn.

Miriam Cahn.

7. Le passage du temps à travers la Collection Pinault à la Bourse de Commerce (Paris)

 

 

En avril, la Bourse de commerce inaugurait en son rez-de-chaussée une exposition duo entre Felix Gonzalez-Torres et Roni Horn, portée par la question du rapport au temps et à la finitude à travers des rideaux de perles, guirlandes d’ampoules, socles translucides, miroirs et autres portraits. En résonance avec ce dialogue poétique, l’institution parisienne de François Pinault inaugurée il y a un an révèlera, fin juin, un nouvel accrochage d’œuvres de sa collection, toutes liées à une appréhension du temps en considérant la manière dont l’art peut permettre à la mémoire, aux défunts et à l’histoire de subsister. Figures spectrales et êtres fluides peuplent cette exposition, incarnés dans les pièces d’artistes comme Miriam Cahn, Carrie Mae Weems, Rudolf Singel ou encore Larry Bell, tandis que l’éphémère se manifeste davantage dans les paysages fugaces photographiés par Wolfgang Tillmans et Sherrie Levine. À cette occasion, le bâtiment accueillera également plusieurs œuvres de Philippe Parreno, entre la faune aquatique colorée en ballons gonflables qui flottera dans la Rotonde et les vidéos du personnage d’Ann Lee, issu de l’animation japonaise, que l’artiste français met en scène à plusieurs reprises dans des installations vidéos immersives.  Si son existence est intrinsèquement limitée à l’espace virtuel, cet avatar tantôt bavard, tantôt silencieux, ne dispose pas moins d'une aura et d'un discours auquel le spectateur sera invité à se heurter.

 

 

“Une seconde d'éternité”, du 22 juin au 2 janvier 2023 à la Bourse de Commerce, Paris 1er.

Patrice L’Écuyer dans “Les détecteurs de mensonges” (1990-2021), Radio Canada (détail). Photo : Jean-Pierre Karsenty Patrice L’Écuyer dans “Les détecteurs de mensonges” (1990-2021), Radio Canada (détail). Photo : Jean-Pierre Karsenty
Patrice L’Écuyer dans “Les détecteurs de mensonges” (1990-2021), Radio Canada (détail). Photo : Jean-Pierre Karsenty

8. Les énigmes sans réponses d'Eva Barto au Frac Île-de-France

 

 

À la flamboyance, l’explicitation verbeuse et l’illustration, monnaies courantes chez les artistes contemporains, Eva Barto oppose depuis près de dix ans l’opacité, l’hermétisme et le mystère. Autant de choix qui, dès la manière de communiquer sur son travail, s’intègrent dans la démarche de cette trentenaire basée à Paris. Car ce sont justement ces partis pris, parfois risqués, qui lui permettent d’obtenir l’effet escompté : perdre le spectateur dans ses œuvres et ses expositions, jalonnées d’éléments et récits trompeurs, d’objets abîmés ou de figures sournoises, qu’elle complète avec la création de sa propre maison d’édition Buttonwood Press en 2016 ou encore ses prises de parole critiques envers le monde de l’art au sein du collectif La Buse. Pour sa première exposition personnelle dans institution parisienne, au Plateau du Frac Île-de-France, l’artiste a choisi comme point d’ancrage le langage et, plus précisément, l'idée de “weak tongue” (“langue faible”, voire “langue de bois”). Journal, machines, enregistrements diffusés dans l’espace, documents administratifs officiels fallacieux ou transformés, affiches ou encore plans de salle viennent tous composer un parcours déroutant dominé par l’incertitude, comme une grande énigme à l’échelle des espaces du lieu. Une énigme dont le but premier ne serait finalement pas d’être déchiffrée ou résolue, mais plutôt d'être abordée comme expérience artistique en tant que telle.

 

 

Eva Barto, “Weak Tongue”, jusqu'au 24 juillet au Frac île-de-France, Le Plateau, Paris 19e.