Dans Woman, l’un des courts-métrages qu’il a réalisé, Gystère imagine une super-héroïne qui combat les bavures policières, épaulée par un dauphin pilote de vaisseau spatial… Lorsque il a écrit ce scénario, il était parfaitement sobre. Vidéaste halluciné, auteur de BD bavardes et jubilatoires, c’est un EP que l’artiste défend aujourd’hui : Womxn/Time Machine, diptyque psyché entre slow funk et tropicalisme brésilien. Le premier volet de l’album Little Story. En filigrane, des revendications afrofuturistes, “cyberculture du XXe siècle au service d’une réappropriation imaginaire de l’expérience et de l’identité noire.”* L’imagerie extravagante de Gystère en rebutera certains, le kitsch est poussé à son paroxysme. Mais sa musique demeure exigeante : elle ne se consomme pas, elle s'écoute.
Sa musique est à l’image des toiles qu’il peint à ses heures perdues : des dégradés à n’en plus finir. Une fièvre pop où s’invitent des accords de soul pure et quelques rythmes calypso.
Casque de scooter rouge pétant sous le bras, le trentenaire débarque avec la sérénité d’un lord. Autour de son cou, trois breloques qui en disent long sur ce personnage fantasque coiffé de dreadlocks qui vous regarde du haut de ses 1,90m. Un portrait de sa mère incrusté sur un pendentif de marabout, un badge de son groupe et un poing en bois, sorte de totem qu’il trimballe depuis plusieurs années… Gystère impressionne. Mais le colosse désamorce aussitôt : “Je suis assez timide… À la fin des morceaux, quand je me retrouve en silence face au public, sous un éclairage de Salon du livre, je ne sais jamais quoi dire.” Ce trait de caractère explique – en partie –, sa méthode de composition. Pour éviter cette relation gênante avec la fosse, il a décidé de ne jamais s’interrompre.
Womxn/Time Machine est le lieu de rencontre entre l’académisme du pianiste Burt Bacharach et l’improbable film Moonwalker avec Michael Jackson dans des scènes noires irréelles.