

Nous en sommes en 1969, une année érotique pour Gainsbourg… mais aussi celle de l’élection de Richard Nixon, le président conservateur dont l’investiture a lieu en janvier. Alors que la guerre du Vietnam fait rage depuis près de quinze ans, les adeptes du Flower Power se dressent, l’index et le majeur levés, pour la paix. Parmi eux, il y a John Lennon, jeune homme de 29 ans qui vient tout juste de livrer le titre Here Comes The Sun avec les Beatles. Mais loin des costumes bien taillés et de la pop de l’époque, le musicien se laisse pousser la barbe et les cheveux… Accompagné de sa toute jeune épouse, l’artiste japonaise Yoko Ono, il compte bien profiter de l’exposition médiatique offerte par leur mariage – qui a eu lieu le 20 mars – pour la bonne cause. Ensemble, ils organisent les Bed-in for Peace (“Au lit pour la paix”), à Amsterdam et Montréal, deux sessions musicales dans des suites d'hôtel luxueuses –normalement réservées aux chefs d'état –, où le couple d’artistes chante, en pyjama et paré de fleurs, pour promouvoir la paix.
Ces deux représentations filmées et très médiatisées – l’objectif étant de toucher la sphère politique –, ont d’abord lieu à Montréal, où le couple livre une interprétation inédite du morceau Give Peace A Chance, premier morceau solo de John Lennon qui deviendra un hymne pour tous les pacifistes à travers le monde. Mais aujourd’hui, un enregistrement vidéo inédit des jeunes époux sème le trouble… Dévoilé dans le cadre de la promotion de l’album John Lennon/Plastic Ono Band – the Ultimate Collection dont la sortie est prévue le 23 avril prochain, l’extrait vidéo y montre John Lennon et Yoko Ono dans l’intimité d’une chambre d’hôtel des Bahamas, entonnant gaiement la célèbre chanson, six jours avant la représentation de Montréal.
En réalité, John Lennon et Yoko Ono n’auraient jamais dû se trouver aux Bahamas. Mais en 1969, alors qu’ils prévoient de livrer leur Bed-in à New York, ils sont brutalement arrêtés par la douane, John Lennon étant temporairement interdit de séjour à cause d’une histoire de cannabis… Pris de court, ils décident d’aller répéter au soleil, et s'envolent pour les Bahamas, où ils font escale à l’hôtel Sheraton Oceanus de Freeport pour une nuit. Excentrés, ils décident de se replier sur le Canada pour chanter Give Peace A Chance au plus près de la presse américaine, et choisissent Montréal à défaut de pouvoir se produire à New-York. À propos du morceau, Yoko Ono écrira cinquante ans plus tard : “John et moi aimions l’idée d’une chanson brute, simple, vraie, que nous allions donner au monde. On influençait les autres artistes, leur donnant du courage, de la dignité dans la vulnérabilité et la force de ne pas accepter la société telle qu’elle était à cette époque.”
"John Lennon/Plastic Ono Band – the Ultimate Collection", disponible le 23 avril.