1. Déconstruire l'histoire de l'art avec un regard féministe
Pourquoi les musées sont-ils remplis de femmes nues à côté d’hommes habillés ? Pourquoi les génies artistiques – de Léonard de Vinci à Pablo Picasso – sont-ils tous des hommes ? Ancienne étudiante de l’École du Louvre, Julie Beauzac s’est longtemps posé cette question. C’est même pour tenter d’y répondre qu’elle a fondé, en novembre 2019, le podcast indépendant “Vénus s’épilait-elle la chatte ?”. Sous ce nom un brin provocateur, elle propose une lecture féministe et intersectionnelle de l’histoire de l’art. S’intéressant à certains artistes emblématiques de l’art du 20e siècle comme Pablo Picasso et Frida Kahlo, ou encore à des genres artistiques tels que l’autoportrait, elle explique comment l’histoire de l’art – très longtemps écrite par des hommes blancs – a produit des représentations et interprétations souvent sexistes et racistes. Pendant une heure, Julie Beauzac s’entretient avec un spécialiste des sujets étudiés, à l’instar de l’écrivaine Sophie Chauveau, auteure de Picasso, le Minotaure (2020) avec qui elle décortique l'histoire personnelle de l'artiste en montrant comment ce dernier détruisait psychologiquement les femmes de sa vie – de Dora Maar morte, recluse, loin de sa famille et ses amis à Jacqueline Roque, dépressive et alcoolique, qui se suicide une dizaine d'années après la mort du peintre. À la fois accessible et pédagogique, chaque épisode s’accompagne d’une bibliographie détaillée, précisant la source de chaque information, qui permet aux auditeurs d'approfondir les sujets traités. Carton plein pour ce podcast féministe qui comptabilise déjà 500 000 écoutes depuis son lancement.
2. Redécouvrir l'immense collection du Centre Pompidou
Dotée de la plus grande collection d’art moderne et contemporain d’Europe, le Centre Pompidou compte dans ses réserves plus de 120 000 œuvres. Malgré les fréquentes expositions, seulement 5 % d'entre elles sont exposées. Afin de donner davantage de visibilité aux collections, le musée et centre culturel a lancé “Un podcast, une œuvre” en mars 2019. Chaque mois, son équipe se relaie pour présenter, en une vingtaine de minutes, une œuvre de la prestigieuse collection en lien avec un sujet de société. Archives sonores, lectures de texte, interviews inédites, analyses d’œuvre… Grâce à son format dynamique et court et huit saisons à son actif, ce podcast du Centre Pompidou comptabilise déjà 257 000 écoutes depuis son lancement. Alors que la dernière saison “Art et amours”, diffusée cette année, se penchait sur les liens entre art, amour, et sexualité en analysant quatre œuvres contemporaines (notamment les photographies de Nan Goldin et du duo Pierre et Gilles), le podcast a déjà eu l'occasion d'explorer des sujets aussi riches qu'actuels comme l’écologie, le féminisme ou encore l'utopie.
“Un podcast, une œuvre”, à retrouver sur www.centrepompidou.fr et sur toutes les plateformes de streaming.
3. Un podcast journalistique sur les débuts de la vie d'artiste
Si tous les journaux ont lancé leurs propres podcasts, le quotidien britannique The Guardian se distingue par la grande variété de ceux qu'il propose, et notamment par celui qu'il dédie à la culture. Créé en 2018 et baptisé “The Start”, ce programme convie à son micro les plus grands artistes de l’époque – du cinéma aux arts plastiques en passant par la musique – pour qu’ils racontent leurs débuts. Comment sont-ils devenus artistes ? Quels étaient leurs rêves d’enfants ? Quel a été leur premier coup de foudre artistique ? Dans une atmosphère intimiste, un journaliste culturel du quotidien s’entretient pendant une vingtaine de minutes avec ses invités en commençant toujours par une analyse d'une de leurs œuvres. Depuis sa création, ce podcast en langue anglaise a reçu des personnalités de renommée internationale à l'instar de la cinéaste américaine Sofia Coppola ou l’artiste chinois Ai Weiwei.
“The Start”, à retrouver sur toutes les plateformes de streaming.
4. Un podcast sur la place des personnes racisées dans le monde de l'art.
Le 9 novembre, le président de la République française Emmanuel Macron officialisait la restitution au Bénin de 26 œuvres pillées par les troupes françaises au 19e siècle, jusqu'alors conservées au musée du Quai Branly à Paris. Plus largement, toute une génération d’artistes et d’historiens de l’art a aujourd'hui à cœur de revoir la place des œuvres produites en Afrique avant ou pendant l'ère coloniale, mais aussi celle des personnes de couleur au sein de l’histoire de l’art. C’est tout le projet de Mélissa Andrianasolo lorsqu’elle fonde, en mars 2021, le podcast indépendant “La couleur de l’art”. Considérant ce média comme un outil d’éducation populaire, elle l'utilise pour vulgariser les études décoloniales auprès du plus grand nombre et ouvrir la discussion sur des sujets brûlants, comme le racisme systémique en école d’art ou la propriété des biens culturels exposés dans les musées des ex-puissances coloniales. Dans chaque épisode d’une heure, elle analyse ces questions en s'appuyant sur des témoignages de spécialistes et de professionnels de la culture.
“La Couleur de l'Art”, à retrouver sur toutes les plateforme des streaming.
5. Une radio expérimentale et touche-à-tout en diffusion 24h/24
Séances de travail, partage d’idées, conversations enflammées… L’art contemporain donne lieu à de puissants débats et moments d'ébullition intellectuelle. Fondée par un collectif d’artistes en 2012, *Duuu radio – aussi baptisée “unités radiophoniques mobiles” – s'en fait l'écho 24h/24h. Plateforme de production et de diffusion, elle s'affirme comme le véritable vivier de la création actuelle. Depuis son studio d’enregistrement – installé dans un petit pavillon au cœur du parc de la Villette – , la radio rayonne dans toute l’Île-de-France grâce à ses antennes-relais situées au théâtre de Gennevilliers ou aux Laboratoires d’Aubervilliers – et aussi dans le monde entier grâce à son site internet gratuit. Très expérimentale, *Duuu radio propose des playlists, des conversations théoriques sur le rôle des acteurs de l'art et de la culture, aussi bien que des formats en lien avec la programmation artistique de certains lieux culturels, comme la Fondation Pernod Ricard à l’occasion de l’exposition de son 22e prix. Certains formats sont récurrents à l’instar du programme “Dit voir”, réalisé par la critique d’art et maître de conférences en esthétique Sally Bonn : à chaque épisode, elle invite une personnalité à présenter le travail d’un artiste en 5 minutes chrono.
