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Numéro
20

Les œuvres d'art immanquables de la foire Paris Internationale

Art

Présentée du 18 au 22 octobre au Central téléphonique Bergère, la foire d'art contemporain Paris Internationale accueille cette année soixante-cinq exposants issus de vingt-cinq pays, dont des dizaines de galeries et maisons d'édition. Découvrez nos œuvres coups de cœur, exposées dans cette neuvième édition.

  • Bruno Zhu, “Divorced, father of two. We met twice. He confessed he was not in love with the man he was seeing. Their sex was good, but I made him do things he wouldn’t do like to kiss on a first date. He would send me pictures of the sunset after work. They were beautiful to him, and that was beautiful to me. We said goodbye on the phone, one kiss after the other.” (c. 2022-2023).

  • Bruno Zhu, “Divorced, father of two. We met twice. He was seeing another man. He was not in love with him. He said I could make him do things he wouldn’t do like kissing on a first date. He said I was dangerous, and I said he was dangerous too. He liked the sound of my voice, and I liked the risk he took by listening to it. We said goodbye on the phone, one kiss after the other.” (c. 2022-2023).

  • Bruno Zhu, “Divorced, father of two. We met twice. He was seeing a man he was not in love with. He wasn’t sure if he wanted to commit. I made him do things he wouldn’t do like kissing on a first date. He told me he liked the sound of my voice and I called him a bastard for being so tender, so loving. We said goodbye on the phone, one kiss after the other.” (c. 2022-2023)

  • Bruno Zhu, “Divorced, father of two. We met twice. He was seeing a man who was falling in love with him, but he didn’t feel the same way. The other lover was more of his type physically, but I made him do things he wouldn’t do like kissing on a first date. He liked the sound of my voice and couldn’t hang up when we said goodbye on the phone, one kiss after the other.” (c. 2022-2023).

  • Vue du stand de What Pipeline à Paris Internationale, 2023.

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Les boîtes sans cadeaux de Bruno Zhu

 

On y trouve chocolats, bijoux, ou présents en tous genres. Remplies de surprises, les boîtes à cadeaux sont l’incarnation matérielle du don et de la générosité, témoignant de la relation qui unit deux individus. Celles que l’on découvre sur le stand de la galerie What Pipeline semblent toutefois inhabituelles : tapissées de vinyle à motifs fleuris, ces quatre objets en cartons adoptent chacun la forme d’une enseigne du jeu de carte à jouer, pique, trèfle, cœur ou carreau. A l’intérieur, ces formes vides s’emboîtent comme dans des poupées russes, sans toutefois contenir aucun cadeau. Diplômé en design de mode, Bruno Zhu n’hésite pas à mêler son travail du vêtement et du tissu aux arts décoratifs pour détourner les formes familières qui composent nos environnement domestiques, entre montres géantes en tissu rembourré et miroirs déformés en papier-peint trompe-l’œil. À travers ces boîtes séduisantes décollées des cimaises, comme offertes aux visiteurs, le jeune Portugais conte ses histoires amoureuses parfois vouées à l'échec qui, comme le titrait Marivaux, s’apparentent à un véritable “jeu de l’amour et du hasard.”

 

Stand de What Pipeline, 2e étage.

  • Damon Zucconi. Vue du stand de Veda à Paris Internationale, 2023.

  • Damon Zucconi. Vue du stand de Veda à Paris Internationale, 2023.

  • Damon Zucconi. Vue du stand de Veda à Paris Internationale, 2023.

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Les aphorismes artificiels de Damon Zucconi

 

L’intelligence artificielle ouvre un champ des possibles pour lequel de nombreux artistes ne cachent pas leur enthousiasme. Sans doute parce que cet outil, en pleine démocratisation, possède un don que l’être humain ne possède pas : celui de créer aléatoirement et, surtout, sans biais personnel, à partir d’une banque de données aussi fournie que variée. Passionné par le monde et l’esthétique informatiques, l’artiste américain Damon Zucconi génère grâce à des logiciels spécialisés une suite de mots sans rapport particulier les uns avec les autres, illustrés au second plan par des images piochées et assemblées par l’IA. En résultent des compositions énigmatiques où se croisent un text vidé de tout sens et des images presque inidentifiables, réunies dans une composition aux portes de l'abstraction. Un corpus d’images complétées sur le stand de la galerie Veda par des vidéos non moins mystérieuses : face caméra, des individus filmés en négatif se succèdent pour prononcer avec une expression neutre des phrases cryptiques. Là aussi, l’intelligence artificielle est l'auteure ces visages autant que leurs propos qui, s'ils sont prononcés de façon solennelle, n'en sont pas moins insensés.

 

Stand de Veda, 3e étage.

  • Angelika Loderer, “Counterpart (9)” (2023).

  • Angelika Loderer, “Counterpart (11)” (2023).

  • Angelika Loderer, “Counterpart (10)” (2023).

Courtesy of the artist and Sophie Tappeiner. Photo : www.kunst- dokumentation.com.

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Les escarpins dangereux d'Angelika Loderer

 

Alors que l’on traverse le stand de la galerie Sophie Tappeiner, le regard s’arrête inévitablement sur un étrange objet noir monté sur socle : deux paire de chaussures dont la semelle s’agrémente de stalactites, comme si ces gouttes remplaçaient le talon qui maintiendrait son pied arqué. Mais chacun de ces quatre souliers aux formes menaçantes est en réalité une pièce unique, moulée directement sur le pied de leur auteure Angelika Loderer avant d’être coulée dans le bronze, au point que l’on aperçoive à l’intérieur les fines lignes de son épiderme. Basée à Vienne, l’artiste autrichienne a grandi dans une fonderie en métal, environnement dont lui vient aujourd’hui son intérêt profond pour la matière. Généralement plus abstraites, ses sculptures reflètent dans leurs formes les procédés qui ont mené à leur fabrication, matérialisant l’empreinte des gestes de l’artiste. Ici, la singularité de ces chaussures dangereuses réside principalement dans le contraste entre leur forme presque liquide, obtenue par l'artiste en plongeant ses pieds dans la cire chaude, et le matériau dur et lourd qui les ancre ensuite dans le sol.

 

Stand de Sophie Tappeiner, 1er étage.

  • Marlon Mullen, “Untitled” (2023).

  • Marlon Mullen, “Untitled” (2023).

Photo : Chris Grunder.

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Les mises en abyme picturales de Marlon Mullen

 

Il n’est pas rare de croiser les magazines Frieze et Artforum, références de l’art contemporain, au détour d’une foire ou d'une exposition en galerie. On est loin de s’attendre, toutefois, à voir apparaître leurs unes sur des toiles accrochées au mur, comme le fait la galerie Adams and Ollman sur les parois en briques du Centre national téléphonique Le Cœur avec les peintures figuratives du peintre californien Marlon Mullen. Si l’on pourrait envisager ces œuvres comme un détournement empli d’humour de la presse artistique, qqui devient ici le sujet de ses textes dans une véritable mise en abyme, il s'agit en réalité de compositions réalisées pour le pur effet visuel. Autiste, l’artiste préfère à l'écriture et à la lecture un langage non-verbal fondé principalement sur les jeux de couleurs et de lumière. En atteste cette série pastichant les périodiques qu’il accumule chez lui, dont les couleurs vives appliquées en aplats interpellent immanquablement le regard.

 

Stand d’Adams and Ollman, 1er étage.

  • Emanuele Marcuccio, Senza luce, 2023

  • Emanuele Marcuccio, Senza luce, 2023

  • Emanuele Marcuccio, Armadio, 2023

  • Vue du stand de la galerie Lodos à Paris Internationale, 2023. Photo : Margot Montigny.

Courtesy of Lodos, Mexico City and the artist. Photo : Alessandro Zambianchi

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Les trompe-l'œil saisissants d'Emanuele Marcuccio

 

Emanuele Marcuccio est ce que l'on appelle un maître de l’illusion. En attestent ses fameux meubles métalliques, dont les formes géométriques et colorées font oublier la dimension purement décorative : les portes des commodes fermées sont clouées, celles des fenêtres ne s’ouvriront pas. Un jeu sur la perception que prolonge l'artiste italien dans sa photographie, pratique entamée il y a seulement deux ans que l’on découvre sur le stand de la galerie Lodos à Paris Internationale. Dans ces mises en scène extrêmement travaillées, Marcuccio recrée des décors surréalistes tapissés de damiers ou de rayures, desquels surgissent parfois un saxophoniste ou un discret terrier écossais noir. Rien ne semble complètement réel, toutefois, dans ces situations énigmatiques qui dévoilent leur facticité par quelques éléments – visibilité des structures, jeux sur les angles de vue, les ombres et les surface… Un trompe-l’œil assumé et résolument cinématographique qui plonge dans des tableaux ouverts à l’interprétation.

 

Stand de Lodos, 2e étage.

  • Vue de l'installation de 4FSB et Goswell Road à Paris Internationale 2023,

  • Vue de l'installation de 4FSB et Goswell Road à Paris Internationale 2023,

  • Vue de l'installation de 4FSB et Goswell Road à Paris Internationale 2023,

Courtesy the artist and Goswell Road, Paris.

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Les monstres qui hantent la chambre de 4FSB 

 

Sommes-nous dans une foire d’art contemporain ou dans une chambre à coucher ? Dans un angle du deuxième étage, l’artiste et designer 4FSB – alias Jaime Bull – sème le doute. Masques de diable et d’alien, chauve-souris, gremlin et autres bibelots étranges habillent un papier-peint trompe-l’œil tapissé sur le mur. Dans cette installation reproduisant sa propre chambre, le Londonien accroche également plusieurs casquettes fluo peintes à la main ainsi que des tee-shirts à l’effigie de créatures monstrueuses. Ex-club kid, l’artiste est habitué à utiliser le travestissement pour incarner le bizarre et célébrer le pouvoir de la transformation, tout en jouant avec les codes de la publicité et du marketing. Son compte Instagram dévoile d'ailleurs galerie de portraits réalisés à partir de filtres, tous plus dérangeants les uns que les autres, où l’humain se métamorphose soudainement en créature difforme et mutante. Dans ce stand présenté par l'artist run space Goswell Road, les seules pièces à vendre sont un merch créé exclusivement par l'artiste : un tee-shirt noir où apparaît l’un de ses personnages verdâtres.

 

Stand de Goswell Road, 2e étage.

  • Vue du stand de la galerie ChertLüdde à Paris Internationale, Paris, 2023. Photo : Andrea Rossetti.

  • Monia Ben Hamouda, “Blindness, Blossom and Desertification II” (2023).

  • Monia Ben Hamouda, “About Telepathy and other Violences IV (Aniconism as Figuration Urgency)” (2023).

  • Monia Ben Hamouda, “Hitting (Aniconism as Figuration Urgency)” (2023).

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Les invocations spirites de Monia Ben Hamouda

 

Deux volutes noircies s’élèvent entre le sol et le plafond du deuxième étage du bâtiment. Leurs formes douces, sinueuses et élégantes laissent ainsi voir l’intégralité du stand de la galerie ChertLüdde, telles des apparitions magiques. Réalisés à base de fer découpé au laser, ces grands et délicats mobiles sont l’œuvre de Monia Ben Hamouda, dont la pratique s’étend de la sculpture à la peinture. Élevée à Milan par un père tunisien musulman et une mère italienne catholique, la jeune artiste s’intéresse aux symboles qui sommeillent dans son inconscient, transmis par son héritage paternel. Une manière d’utiliser l’art pour reconnecter à ses racines que l'Italienne complète par l’utilisation d’épices, au sol de ses sculptures mais également comme pigments pour colorer ses toiles. À la manière d'une sorcière ou d'un chamane, qui sortirait sa poudre enchantée pour invoquer des esprits en tous genres.
 

Stand de Chertlüdde, 2e étage.

  • Zoe Williams.

  • Zoe Williams.

  • Zoe Williams.

  • Zoe Williams.

Courtesy de l’Artiste et Ciaccia Levi, Paris-Milan.

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Les contes de fées décalés de Zoe Williams

 

Dès le seuil du premier étage de cette nouvelle édition de Paris Internationale, les sculptures rosées gourmandes de Zoe Williams mettent en appétit. La virtuose de la céramique, qui n’hésite pas à utiliser ses œuvres lors de performances corporelles, gustatives et même olfactives, dévoile ici un nouveau pan de sa démarche inspiré par les contes et les grands mythes. Des bustes féminins dépourvus d’yeux évoquant la figure de la monstrueuse Méduse aux miroirs fleuris dont la vitre floue fait disparaître les visages, ses pièces moins séduisantes qu’elles en ont l’air démystifient les visions tendres qui composent l’imaginaire enfantin. La plasticienne britannique, visant à déconstruire le male gaze en proposant une vision aussi crue que complexe de la féminité et de l’érotisme, dévoile également deux peintures où des organes sexuels se métamorphosent en objets décoratifs. Tandis qu’un discret escarpin violacé surmonté d’une bougie rouge en pleine consomption rappelle, comme à Cendrillon, que le charme pourrait bientôt se dissiper.

 

Stand de Ciaccia Levi, 1er étage.