Discussions avec l'actrice Isabelle Huppert, l'écrivain Frédéric Beigbeder et le philosophe Charles Pépin, web-série avec Jonathan Lambert, rediffusions des tables rondes avec les artistes Sophie Calle et Jean-Michel Othoniel… Perrotin ne cesse de diversifier ses contenus numériques ces dernières années. La méga-galerie internationale, fondée à Paris en 1990 par Emmanuel Perrotin, avait compris même avant le confinement combien la présence en ligne est devenue aussi importante que les expositions physiques. En complément du riche contenu média qu’elle met à disposition gratuitement, offrant des lectures complémentaires des artistes et projets de la galerie mais aussi de l’art en général, la galerie vient de lancer son premier podcast accessible sur la plupart des plate-formes de streaming audio, de Spotify à Deezer en passant par Amazon Music et Youtube. Son nom est aussi immédiat qu’efficace : L’Amour de l’art, une expression qui reprend le titre d’un ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu. Si à travers cette étude de 1966, l’auteur tentait d’analyser les origines du bon goût et ses nombreux facteurs de construction, le podcast de la galerie Perrotin se donne la modeste entreprise de démocratiser la culture à son niveau, invitant chaque épisode un artiste à raconter son amour pour une figure qui l’a inspiré.
Dévoilé vendredi 10 décembre, le premier épisode de L’Amour de l’art donne la parole à une artiste représentée par la galerie, Claire Tabouret. Invitée à exposer dans des lieux tels que la Collection Lambert à Avignon, le Yuz Museum à Shanghaï et le musée Picasso à Paris, cette peintre française tout juste quadragénaire connaît depuis quelques années un succès florissant avec ses portraits tendres et ses paysages poétiques aux couleurs hallucinées. Dans son épisode, l’artiste désormais basée à Los Angeles revient sur l’histoire de son rapport à l’art, de sa découverte de la peinture et la culture apportée par ses parents professeurs de musique, à son amour pour l’un des plus grands peintres italiens du 20e siècle : Giorgio Morandi, dont les natures mortes dépouillées aux couleurs rabattues. “Ce qui me vient quand je regarde Morandi, c’est une humilité, déclare l’artiste, qui se rappelle avoir découvert les œuvres de l’Italien à l’adolescence, dans les pages des livres d’histoire de l’art. Je pense que cela me remet en place et c’est ça qui est important.” En à peine douze minutes, ce podcast intime et sincère permet de redécouvrir le travail d’un grand nom du siècle dernier autant que l’œuvre riche de l’artiste contemporaine qui s'y dévoile, et dont on peut encore jusqu’à samedi prochain découvrir les paysages sur fourrure synthétique dans l’espace parisien de Perrotin.
