Le 14 juillet dernier, la France perdait l'un de ses plus grands artistes : Christian Boltanski, plasticien reconnu à travers le monde pour son art questionnant sans cesse la frontière entre l'absence et la présence, la vie et la mort et la puissance du souvenir. Né à Paris en 1944, dans les décombres de la Seconde Guerre mondiale, cet artiste autodidacte commence à peindre à l'âge de 14 ans, avant de délaisser le médium à partir de 1967 pour s'essayer à la photographie et au cinéma. A partir des années 2000, il devient mondialement célèbre avec ses installations in situ, à l'instar de Personnes au Grand Palais en 2010. Sous la nef de l’immense édifice, il avait amoncelé une quantité phénoménale de vêtements, formant un tas s’élevant sur plusieurs mètres. Le visiteur était invité à déambuler dans le vaste espace tandis que l'œuvre engageait une réflexion sur la mémoire collective, l’archive et la mort, thèmes de prédilection du plasticien.
En hommage à l'artiste disparu à l'âge de 77 ans, quatre instituons parisiennes organisent, à partir du 12 octobre, plusieurs expositions importantes. Pour cette occasion, le musée du Louvre, le Centre Pompidou et le château de Versailles s’associent afin de proposer aux visiteurs quatre installations monumentales emblématiques de l’œuvre du Parisien. Au Centre Pompidou, le musée dédie trois salles de sa collection contemporaine à Christian Boltanski. Cet accrochage nommé “La vie impossible de Christian Boltanski” présentera trois installations de l’artiste, dont Cœur (2005), prêtée exceptionnellement pour l’occasion, qui présente un dispositif ingénieux reliant l’enregistrement des battements du cœur de l’artiste à une ampoule s’allumant et s’éteignant au rythme des pulsations.
Réquisitionné à titre exceptionnel, le parking du Centre Pompidou donnera vie à l’opéra Fosse (2020), derrière création de Christian Boltanski produite par l’Opéra Comique avant son décès. Avec sa lumière rasante, dans une pénombre sépulcrale, cette expérience totale sonore et visuelle, plongera le visiteur dans l’antre du parking où résonneront avec force les notes et les voix des musiciens. Le château de Versailles présentera également, au sein de la Chapelle Royale, une œuvre sonore de l’artiste nommée L’horloge parlante (2003). Jour et nuit, une voie égrène lentement minutes et secondes, témoignant ainsi de l’écoulement incessant du temps. Enfin, le musée du Louvre accueillera l’installation Les Archives de Christian Boltanski au sein du prestigieux édifice. Cette œuvre monumentale composée de six cents boîtes à biscuits rouillés contient près de deux mille photographies collectées minutieusement entre 1965 et 1988 par l’artiste, qui conservait toujours les traces de son propre passé. Autant de preuves que Christian Boltanski, passionné toute sa vie par les traces du passé et des défunts dans les mémoires, continuera d'y inscrire sa légende malgré son absence.
Hommage à Christian Boltanski, à partir du 12 octobre, Paris et Versailles.
Les Archives de Christian Boltanski, 1965-1988 du 13 octobre 2021 au 10 janvier 2022 au musée du Louvre, Paris 1er.
L’Horloge parlante, du 12 octobre au 6 novembre 2021 au Château de Versailles.
La Vie impossible de Christian Boltanski, du 13 octobre 2021 au 13 avril 2022 au Centre Pompidou, Paris 4e. Fosse de Christian Boltanski, le 12 octobre au parking du Centre Pompidou, Paris 4e.
