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Numéro
03 Shelley Duvall, Shining, Stanley Kubrick, Jack Nicholson

Pourquoi la star de "Shining" a-t-elle mis 20 ans à retourner au cinéma ?

Cinéma

L’actrice américaine Shelley Duvall, connue pour son rôle de Wendy Torrance dans Shining (1980) de Stanley Kubrick sera, à l’âge de 73 ans, à l’affiche d’un film d’horreur indépendant du réalisateur Scott Golberg, après avoir quasiment disparu du grand écran depuis les années 90. Mais pourquoi s'est-elle absentée pendant presque 20 ans de l'industrie du spectacle ?

Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © Warner Bros Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © Warner Bros
Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © Warner Bros

Elle a marqué l’histoire du cinéma d’horreur avec son rôle de Wendy Torrance, aux côtés de Jack Nicholson (Jack Torrance), dans le terrifiant Shining (1980) de Stanley Kubrick. La bouleversante actrice américaine Shelley Duvall, muse de Robert Altman aperçue aussi dans Annie Hall (1977) de Woody Allen, aujourd'hui âgée de 73 ans, sera cette année à l’affiche d’un film d’horreur de Scott Goldberg. Repris d’un court métrage du réalisateur américain sorti en 2007, The Forest Hills nous plongera dans les visions d’horreur d’un homme tourmenté, qui font suite à son traumatisme crânien survenu au beau milieu d’une forêt. Un scénario qui fait écho à celui du film qui a rendu Shelley Duvall célèbre.

 

Après avoir joué la mère du petit Danny, qui parcourt les couloirs de l’hôtel Overlook sur son tricycle dans cette scène demeurée mythique, l'actrice jouera cette fois-ci la mère d’Edward Furlong, qui donnait la réplique à Edward Norton dans American History X (1992). Pour le réalisateur américain, intégrer l’actrice au casting de son long-métrage est un rêve devenu réalité. Fasciné par le chef-d’œuvre de Kubrick, qu’il érige au panthéon des films d’horreur, il explique dans un communiqué de presse : "Shelley a contribué à faire de Shining un chef-d'œuvre absolu en donnant le meilleur d'elle-même et en jouant d'une manière qui met en valeur la peur et l'horreur d'une mère isolée”.

Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © D.R Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © D.R
Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © D.R

Et ce n’est pas sans en payer le prix. En effet, les apparitions de l’actrice se sont peu à peu raréfiées après la sortie du film et l'actrice ayant progressivement disparu des radars dans les années 1990. La raison ? L'artiste a vécu pendant le tournage de Shining un véritable calvaire. Celle qui a été choisie par le réalisateur d’Orange Mécanique (1973) pour sa “capacité à pleurer” ne s’attendait pas à l’intensité du tournage. Ce dernier a duré 56 semaines, soit un peu plus d’un an, à tourner six jours par semaine, parfois jusqu’à 16h par jour, dans des studios près de Londres. Face à un réalisateur dont la renommée tient autant à son génie artistique qu'à son perfectionnisme, l’équipe du tournage est à bout.

 

Souvent, Stanley Kubrick ne commence à tourner qu'après une trentaine de prises. Shelley Duvall répète à outrance des scènes où elle oscille entre désespoir et hystérie. Une des scènes finales, où elle remonte les escaliers de la salle de bal, une batte de baseball à la main transie de peur face au sadique Jack, a été tournée 127 fois. Chaque matin, l’actrice est prise d’angoisse à l’idée de se glisser dans la peau de ce rôle vampirisant. Elle confie en 2021 au magazine Hollywood Reporter : “En me réveillant le lundi matin, très tôt, pour réaliser qu’il fallait pleurer toute la journée parce c'était planifié - je me mettais à pleurer. ‘Oh non, je ne peux pas, je ne peux pas’. Et pourtant je l’ai fait. Je ne sais pas comment. Jack [Nicholson] me l’a dit aussi. Il m’a dit, ‘Je ne sais pas comment tu fais’.”

Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © D.R Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © D.R
Shelley Duvall dans “Shining” (1980) de Stanley Kubrick © D.R

Si l’histoire revient souvent sur la performance exceptionnelle livrée par Jack Nicholson, campant avec brio cet écrivain tombant peu à peu dans une folie meurtrière est devenu aujourd’hui un acteur emblématique du cinéma, le sort de Shelley Duvall est différent. Presque oubliée, celle qui fut un temps productrice d’émissions pour enfants vit aujourd’hui dans une petite ville du Texas, loin de l’agitation d’Hollywood.

 

En 2016, elle apparaît très affaiblie à la télévision américaine, lors du talk-show Dr Phill, programme exposant aux yeux du public les différentes maladies mentales. Face caméra, elle déclare que son partenaire dans Popeye (1980), Robin Williams, est encore en vie, et qu'il serait un métamorphe (un être ayant la capacité de modifier son apparence physique). L'émission a été par la suite très critiquée et a été perçue comme une manière de profiter de l’actrice. 44 ans après, lui offrir de nouveau un rôle de mère dans un film d’horreur est une façon de rendre hommage à son talent.

 
Aucune date de sortie n'a été annoncée pour le film “The Forest Hills” de Scott Goldberg.