Qui est Simone Rocha, la créatrice irlandaise au romantisme baroque?
Mode
La jeune Irlandaise SImone Rocha a imposé en quelques collections ses créations féminines, romantiques et contemporaines. Numéro a interviewé la créatrice au sujet de sa collection automne-hiver 2016-217.
Simone Rocha par Eoin Mcloughlin.
Fille de John Rocha, créateur de mode irlandais, la ravissante Simone Rocha est parvenue à se tailler un prénom en 2012, dès sa première collection présentée dans le calendrier officiel de la London Fashion Week, deux ans après son diplôme de Central Saint Martins. Les bases de son style, qui ne fera que gagner en force, sont alors déjà là : une énergie contemporaine presque masculine, articulée à un goût certain pour le romantisme féminin victorien, tout en dentelles, perles et voiles noirs. Pour l’automne-hiver 2016-2017, Simone Rocha présentait une collection particulièrement aboutie, en partie inspirée de son récent statut de jeune mère. L’occasion d’en savoir plus sur cette créatrice irlandaise avec laquelle il faudra compter.
Backstage du défilé Simone Rocha automne-hiver 2016-2017 par Jacob Lillis.
Numéro : Quelle a été votre première approche de la mode ?
Simone Rocha : J’ai grandi en partie dans le studio de mon père créateur de mode, au milieu des vêtements et des tissus, mon approche de la mode a donc été très organique. Je portais aussi fréquemment les vêtements de ma mère, par exemple ses tricots qui, sur une enfant de 10 ans, devenaient des robes.
Quels sont les créateurs qui ont influencé votre vision ?
Les créations de mon père John Rocha constituent mon héritage. Je suis aussi très inspirée par la créativité de Comme des Garçons et par la splendeur des maisons historiques comme Dior. Mon style naît du contraste de ces références.
Votre nationalité irlandaise impacte-t-elle également votre style ?
Certainement ! Le paysages irlandais influencent mon sens des textures et des textiles, ainsi que mon goût pour les histoires : j’aime que chacun de mes défilés évoque une époque et un lieu.
Backstage du défilé Simone Rocha automne-hiver 2016-2017 par Jacob Lillis.
Comment expliquez-vous le fait que votre vision ait été si clairement définie dès votre sortie de Central Saint Martins?
Mon goût vient de mon for intérieur, c’est une chose difficile à expliquer, mais il s’agit d’un type très précis de féminité contrebalancé par des éléments décalés ou boyish.
On décrit souvent vos collections comme “féminines” et “jolies”. Comment voyez-vous ces deux termes ?
Je veux que mes vêtements donnent le sentiment de porter quelque chose de remarquable. Je ne veux pas contraindre ou distordre la silhouette ni proposer quelque chose de laid. Je pense qu’une pièce très féminine peut tout à fait être intéressante et inspirante.
Votre défilé automne-hiver 2016 à la Lancaster House, à Londres, soulignait votre travail sur les textures et les broderies, votre réinterprétation de styles historiques. L’histoire du costume constitue-t-elle pour vous une inspiration importante?
Le travail des détails, des tissus, des broderies est crucial à mes yeux. Je tiens à ce qu’il soit novateur et valorise le travail de la main. Et j’aime le costume historique pour ses ornements raffinés, mais aussi parce que le vêtement signalait autrefois la position de chacun dans la société. À ce titre, les uniformes m’intéressent autant que les costumes royaux.
Défilé Simone Rocha automne-hiver 2016-2017.
Vous avez souvent décliné les perles dans vos collections : oversized, appliquées en all over, excentriques… Pourquoi affectionnez-vous ce détail ?
J’aime détourner leur classicisme, le fait qu’elles soient un symbole féminin presque cliché. Je les intègre naturellement dans la plupart de mes collections.
Dans votre défilé automne-hiver, les volumes historiques réinterprétés de façon pure et moderne contrastaient avec les cheveux exagérément décoiffés.
Les volumes purs font partie de mes codes, ils s’opposaient cette fois en effet aux coiffures qui exprimaient la réalité de la maternité : le manque de sommeil chronique qui fait qu’on ne maîtrise plus rien (rires).
Propos recueillis par Delphine Roche.