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Numéro
27

Qui est l'artiste Nina Jayasuriya, lauréate du prix Sisley 2024 ?

Art

Tremplin pour la jeune scène artistique française depuis cinq ans, le Prix Sisley révélait ce mardi 26 mars le nom de sa nouvelle lauréate : Nina Jayasuriya, peintre et sculptrice dont des œuvres sont actuellement exposées à la galerie Mennour.

  • Portrait de Nina Jayasuriya. © Tristan Chevillard.

  • Portrait de Nina Jayasuriya. © Aurélia Casse.

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Nina Jayasuriya, lauréate du Prix Sisley Beaux-Arts pour la Jeune Création 2024

 

Sur un canapé en cuir usé, de longs bâtons d'encens ont été plantés sur tous les coussins et les rebords, comme autant de pics empêchant de s'y asseoir. Contraint à seulement observer, le spectateur se croit alors face à un étrange autel sacré : des dessins hindouistes recouvrent la surface du sofa, représentant ici une vache sacrée, là une trimurti (déesse à quatre têtes couronnées assise sur un lotus), dans une composition qui rappelle les lignes dessinées par les bouchers sur le corps des porcs avant de les découper. Signée par la jeune artiste française Nina Jayasuriya, l'œuvre puise son inspiration dans ses propres origines srilankaises. Animal sacré dans la religion hindoue, la vache est représentée ici de façon ambivalente, à la fois objet d'admiration à travers les dessins qui la subliment, et objet de consommation par le cuir du canapé. De Paris (où elle est née) au Sri Lanka (où ses parents vivent), la plasticienne se réapproprie des éléments de notre quotidien, souvent des plus banals, pour en faire – selon ses mots – des “espaces-temples”, propices à la méditation et la contemplation. Ce mardi 26 mars, elle remportait le Prix Sisley Beaux-Arts pour la Jeune Création 2024, devenant ainsi la cinquième lauréate de ce programme lancé par l'entreprise de cosmétique française. Une consécration pour une jeune femme qui semble avoir le vent en poupe depuis quelques mois, présente dans plusieurs expositions collectives, entre le Magasin CNAC de Grenoble, le musée Delacroix et la galerie Mennour jusqu'au 30 mars prochain.

 

Touche-à-tout, l'artiste de 28 ans se frotte aussi bien à la peinture à l'huile qu'au tatouage et à la sculpture, des pratiques qu'elle a développées pendant ses cinq ans à l'école des Beaux-Arts de Paris, dont elle est sortie diplômée l'an passé avec les félicitations du jury. La céramique s'affirme pour l'instant comme son médium de prédilection : avec la terre, Nina Jayasuriya façonne de fragiles sandales et santiags qu'elle dispose sur le sol ainsi que des interrupteurs électriques ou de délicates cartes postales qu'elle accroche sur des coins de mur. Actuellement exposées au sein de l'exposition collective “Temps Z” de la galerie Mennour – aux côtés des projets des cinq autres artistes lauréats du programme Mennour Emergence –, ces œuvres discrètes et poétiques évoquent le tourisme de masse qui a transformé les côtes balnéaires srilankaises, où sa famille tient un hôtel depuis son enfance. De leurs titres aux airs de fragments de discussions anciennes – c’est relou y’a des feux d’artifices tous les soirs sur la plage les poissons ils en peuvent plus, ou bien eh cette année y’a plus la libellule dans le jardin – aux quelques portraits et logos que l'on peut distinguer sur leur surface, ces petits objets portent avec eux les souvenirs évanescents du pays de son enfance.

  • Nina Jayasuriya, "Les caresses qui piquent" (2023). © Aurélien Mole.

  • Nina Jayasuriya, "Sapattu" (2023) et "Sans titre (icône électrique)" (2023). © Tristan Chevillard.

  • Nina Jayasuriya, "Les trésors du futur, vastu" (2024). © the artist and Mennour, Paris Photo. Archives Mennour.

  • Nina Jayasuriya, "Les trésors du futur, vastu" (2024). © the artist and Mennour, Paris Photo. Archives Mennour.

  • Nina Jayasuriya, "[ayis krim]" (2024). © the artist and Mennour, Paris Photo. Archives Mennour.

  • Nina Jayasuriya, "[ayis krim]" (2024). © the artist and Mennour, Paris Photo. Archives Mennour.

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Le Prix Sisley Beaux-Arts pour la Jeune Création, un incubateur de talents à suivre de très près

 

Lancé en 2019 en partenariat avec les Beaux-arts de Paris, le Prix Sisley Beaux-Arts pour la Jeune Création met en lumière des talents émergents de la scène artistique française en les récompensant d'une bourse de 5000 euros et d'une exposition personnelle entre les murs du Trois Cinq Friedland à Paris, siège où se concentre le programme culturel de la marque de cosmétique. Au fil des cinq dernières années, les peintres Karolina Orzelek (2020), Ymane Chabi-Gara (2021) et Clédia Fourniau (2022) – toutes deux soutenues et exposées par Reiffers Art Initiatives, respectivement en 2022 et bientôt cette année – et Barbana Bojadzi (2023) ont pu bénéficier de cette récompense. Comme chaque année, le prix Sisley s'appuie pour son édition 2024 sur un jury prestigieux, du célèbre galeriste Emmanuel Perrotin à l'architecte Charles Zana, en passant par la chanteuse Imany, les artistes Abdelkader Benchamma et Dove Allouche, et bien sûr Christine d’Ornano, directrice générale de Sisley.

 

Le travail de Nina Jayasuriya est présenté dans l'exposition “Temps Z” aux côtés des cinq autres lauréats du programme Mennour Emergence, jusqu'au 30 mars 2024 à la galerie Mennour, Paris 6e.